L’école à l’heure de la Covid-19 : « La reprise des enseignements, c’est pour aujourd’hui », appelle Pascal Mpia Mena Zambili

Après avoir suivi avec une attention soutenue les réponses de Son Excellence Monsieur le ministre d’Etat, ministre de d’Enseignement primaire, secondaire et technique, aux questions des députés nationaux et sénateurs et, particulièrement, celles relatives à la reprise des cours et à l’efficacité de l’enseignement à distance, je me propose d’apporter ma contribution au secteur de l’Education nationale en vue de trouver la solution adéquate qui permette aux établissements, tant publics que privés agréés, de l’enseignement national de continuer à dispenser les cours conformément au programme scolaire et ainsi clôturer l’année scolaire 2019-2020 selon les normes requises.

Evoluant durant plusieurs années dans le secteur de l’enseignement en ligne, en qualité d’expert et consultant des enseignements en ligne au Texas Wesleyan Univesity, d’entrepreneur dans le domaine de la création des logiciels en matière d’éducation et de fondateur de l’ONG Classe en ligne, tout le monde gagne, nous avons développé, pour notre pays, depuis plus de trois ans, une plateforme éducationnelle, « eclasserdc.com », capable de permettre l’organisation des cours à distance en ligne dans les conditions se rapprochant le plus possible de l’enseignement en présentiel et conforme aux standards des apprentissages en ligne offerts dans les pays développés.

Fort de notre expertise dans ce domaine, nous pouvons affirmer, sans peur d’être contredit, que les élèves de la République démocratique du Congo, spécialement ceux des villes touchées par la Covid-19, peuvent reprendre maintenant les cours et terminer le programme scolaire sans pour autant qu’ils puissent se déplacer de leur lieu d’habitation et ce, en s’appuyant sur l’enseignement à distance, qui est l’une des options fondamentales de l’enseignement national, conformément à la Loi-cadre n°14/004 du 11 février 2014 de l’enseignement national.

En effet, face à la pandémie de la Covid-19, le système éducatif de la RDC a montré ses limites et se trouve dans l’incapacité d’assurer la continuité des apprentissages conformément au programme national, après trois mois de fermeture des établissements scolaires et universitaires, alors que sous d’autres cieux, les enseignements en ligne ont permis, mieux ont aidé certains pays à clôturer l’année scolaire ou académique. Ils pensent déjà à l’organisation de l’année scolaire prochaine, alors que la RDC continue à réfléchir, de manière impuissante, 3 mois après la fermeture des écoles, sur la manière de rouvrir les classes et ce, à contrecourant de la situation épidémiologique de la pandémie à Covid-19 qui renseigne l’accroissement des cas confirmés (7.122 cas) et l’expansion de la pandémie en provinces (14 provinces touchées), alors qu’à la fermeture des écoles et universités, les cas confirmés ne représentaient que moins de 300 cas avec une seule province touchée.

Il se dégage donc, deux grands défis à relever, celui de clôturer l’année scolaire 2019-2020 et celui de Planifier la rentrée scolaire ou académique 2020-2021 en tenant compte de l’expérience qui sera acquise lors de l’expérimentation de l’efficacité du système d’enseignement que nous proposons.

S’agissant de la clôture de l’année scolaire 2019-2020, elle ne doit intervenir qu’après 30 jours de classe restant pour totaliser les 180 jours de classe requis conformément à l’article 84 de la Loi-cadre de l’enseignement national précitée.

Pour y parvenir, nous proposons de recourir à l’enseignement à distance en ligne au moyen de l’application eclasserdc.com qui intègre les fonctionnalités permettant de se rapprocher le plus de l’enseignement en présentiel qui est le référentiel ou la norme en matière d’apprentissage en RDC.

En effet, notre plateforme éducationnelle est conçue pour garder dans la mesure du possible l’ambiance des interactions humaines que seul l’enseignement en présentiel présente en ce qu’elle permet de créer une classe virtuelle où :
• les élèves ont la possibilité d’étudier dans la classe virtuelle avec leurs professeurs et d’interagir avec leurs condisciples en temps réel ;
• les élèves lisent à souhait les cours postés en ligne et peuvent recourir, à tout moment, aux explications enregistrées par les professeurs ;
• les professeurs peuvent poster leurs cours et enregistrer les explications ;
• les professeurs et les élèves peuvent discuter instantanément sur un forum ;
• les professeurs ont la possibilité de prélever la présence des élèves et d’évaluer leur participation au cours à partir des rapports de leurs activités en classe ;
• Les professeurs ne perdront plus du temps à écrire au tableau et utiliseront le temps gagné pour les explications.

Etant donné que le temps et les restrictions de mouvement en provinces dues à la pandémie ne nous permettront pas d’expérimenter notre application sur toute l’étendue du territoire, nous proposons de commencer l’enseignement à distance en ligne dans 3 villes pilotes, à savoir Kinshasa, Lubumbashi et Matadi.

A cet effet, nous nous proposons d’installer, gratuitement, l’Internet dans toutes les écoles pilotes qui seront retenues dans les provinces éducationnelles qui se rapportent aux trois villes pilotes retenues en vue de permettre aux professeurs de poster les cours et les explications ainsi que de dispenser ces cours sans entraves.

Pour ce qui est de la planification de la rentrée scolaire ou académique 2020-2021, elle pourra intervenir normalement au mois de septembre 2020, en combinant l’enseignement en présentiel et l’enseignement à distance, après expérimentation de ce dernier mode.

Comment penser rouvrir les établissements d’enseignement, surtout dans les villes touchées avec un système de transport défaillant, des salles de classes surpeuplées, une desserte en eau potable très faible … ?

Dans les villes non touchées, les cours reprendront normalement, alors que dans les zones touchées il sera question d’organiser la rentrée scolaire en tenant compte des contextes de chaque milieu.

Milieu urbain touché

Le plus grand problème des milieux urbains est le transport en commun qui n’est pas bien organisé et le surpeuplement des salles de classes. Ils ont cependant l’avantage d’avoir un réseau de communication fiable, ce qui favorise l’enseignement à distance en ligne.

Au vu des réalités ci-dessus décrites, nous proposons pour ce cas spécifique, un type d’enseignement hybride qui va combiner à la fois l’enseignement en présentiel et l’enseignement à distance en ligne. Les principes de ce type d’enseignement est :

• de diviser les classes en deux ou en trois de façon à n’avoir que des équipes de 20 élèves par classe et de faire respecter la distanciation physique ;
• d’organiser les enseignements en présentiel deux fois par semaine pour les explications, les révisions et les évaluations (examens et interrogations), ce qui permettra de n’avoir pas un nombre important d’élèves en circulation ;
• de dispenser les enseignements à distance en ligne quatre jours par semaines. Les élèves seront en possession des cours en soft et des explications des professeurs et pourront échanger instantanément pendant les heures de cours dans le forum ou encore tchatché.

Milieu rural touché

En milieu rural, le problème de transport ne se pose pas tellement en ce qui concerne le secteur éducatif. En effet, la majorité des élèves font le pied pour atteindre leurs établissements scolaires.

Cependant, il se pose la question de la desserte en électricité et en réseau de télécommunications ainsi que les moyens d’acquisition des outils d’apprentissage par les parents d’élèves qui sont majoritairement des personnes à faible revenu.

Il sera question ici, en plus de s’assurer de l’existence du réseau de télécommunications, de doter les écoles et les élèves des tablettes rechargeables par panneau solaire et intégrant déjà l’application eclasserdc.com.

Il est d’une évidence indubitable que les interventions et les outils utilisés par le ministère de l’EPST pour la prise en charge pédagogique des élèves en période de la pandémie de Covid-19 se sont révélés tous inefficaces, étant donné que 3 mois après leur mise en œuvre, toutes les écoles et universités de la RDC n’ont toujours pas pu clôturer le programme d’enseignement national et que la seule solution à envisager demeure la réouverture des classes et auditoires malgré l’accroissement exponentiel de la propagation de la pandémie.

Le recours à un type d’enseignement qui, à défaut, d’être meilleur que l’enseignement traditionnel ou en présentiel, ou qui se rapproche plus ou moins de celui-ci doit être absolument envisagé. Cependant, il doit être alterné dans un premier temps avec le système traditionnel ou l’enseignement dit en présentiel.

Ce système hybride, combinant l’enseignement en présentiel et l’enseignement à distance en ligne devrait permettre :
• de respecter de la distanciation physique par la dispense des cours en présentiel, deux fois par semaine, à une équipe d’au plus 20 élèves, obtenue du fait de la division des classes ;
• d’améliorer la qualité des apprentissages par les faits de la répétition, à tout moment, du cours et des explications enregistrées par les professeurs, des interactions à temps réel dans le forum entre les professeurs et les élèves ;
• de diminuer le risque de contamination dans le transport par la baisse de la fréquence des élèves qui se rendent à l’école ;
• d’évaluer l’activité de l’élève pendant le cours en termes de présence et d’intervention.

Cette approche a l’avantage, non seulement, d’offrir la possibilité à tout le monde de participer activement et d’intervenir dans la salle virtuelle comme si c’était en présentiel, mais aussi et surtout de donner la possibilité d’enseigner les cours conformément au programme scolaire et, par ricochet, permettre de clôturer l’année scolaire sans forcément déplacer les élèves.

L’application eclasserdc.com a été conçue pour répondre à la mise en œuvre de l’enseignement à distance en ligne tel qu’expliqué dans les paragraphes précédents.

C’est pourquoi le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique a, en date du 19 mai 2018, autorisé à notre entreprise, suivant l’arrêté ministériel N°MINEPSP/CABMIN/1551/2018, d’exercer sur l’ensemble du territoire national les activités en relation avec l’EPST pour contribuer à la formation des élites pour un développement harmonieux et durable et que la Coordination des écoles conventionnées catholiques de Kinshasa s’est procuré notre application qui permet aux 520 écoles sous sa supervision de dispenser les cours pour terminer le programme scolaire à bon escient.

A titre illustratif, les lycées Mpiko, kabambare, Boyokani et le Collège Saint Joseph (Elikia) ont fini l’année scolaire en utilisant l’application eclasserdc.com.

Conçu par des Congolais en tenant compte des réalités du système éducatif congolais, pour sécuriser les élèves congolais contre les méfaits de la Covid-19, eclasserdc.com est une solution qui tient en compte des paramètres qui lui permette, à ce jour, d’être la solution idoine susceptible de permettre la continuité sécurisée des apprentissages en période exceptionnelle où les cours ne peuvent être dispensés en présentiel.

Ceci constitue une ébauche d’une réflexion générale sur l’enseignement d’aujourd’hui et de demain. Et cette ébauche a commencé par un plaidoyer de l’utilisation d’une application de nouvelles technologies de l’information pour assurer les apprentissages à distance. Autant l’apprentissage qui se déroulait au pied d’un maître, puis a été formalisée par la réunion des jeunes autour d’un sage qui transmettait son savoir jusqu’à l’apparition de l’école publique qui es bien différente de tout ce qui existait avant. L’accent n’étant plus mis sur le maître, mais bien sur un contenu normatif des cours. C’était une révolution. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle révolution.

Toutes les administrations qui avaient refusé l’informatisation sont restées des administrations dépassées, d’un autre âge. Des administrations d’un autre siècle. Nous devons avoir le courage de passer dans un enseignement de type nouveau dont le présentiel sera réduit à une dimension bien moindre. Heureux ceux qui acceptent le changement et l’anticipe au lieu de le subir.

La véritable question à répondre ne sera plus pourquoi l’enseignement en ligne ? Mais plutôt comment peut se dérouler l’enseignement en ligne chez nous (en milieu urbain, en milieu rural, chez les nantis ou chez les moins nantis).

Par cette réflexion, nous voulons juste démontrer aux décideurs de l’enseignement de notre pays que le monde a changé et est en perpétuelle mutation, par conséquent, nous devons réexaminer notre système éducatif pour faire face aux défis avenirs.

Nous sommes disposés pour en parler.

Pascal Mpia Mena Zambili
Directeur Général de eclasserdc.com

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