RDC: opposé au retrait « précipité » de la Monusco, Mukwege plaide pour la suspension du plan de désengagement

Le Prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege a officiellement saisi le Conseil de sécurité pour désapprouver le plan de désengagement signé par la RDC et l’ONU pour un retrait progressif, ordonné de la Monusco.

Dans une lettre ouverte adressée aux pays membres de la communauté internationale et aux Nations Unies, publié mercredi 6 mars, le docteur Denis Mukwege exhorte le Conseil de sécurité à « reconfigurer » plutôt le mandat et de la présence de la Monusco pour réunir les conditions propices à un retrait responsable et durable.

D’après lui, la mission onusienne ne peut pas se retirer du sol congolais au regard de la situation sécuritaire dégradante qui prévaut actuellement en RDC, car selon lui, cette dernière tend à embraser toute la région de grands lacs.

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« Un retrait précipité de la présence des casques bleus et de la Brigade d’intervention de la Monusco dans un contexte de guerre d’agression et de sur militarisation de la région risque de laisser un vide sécuritaire extrêmement dangereux pour l’existence même de la RDC et désastreux pour la protection des civils et la stabilité, mettant sérieusement en péril l’héritage de 25 ans de présence du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies en RDC », a écrit le docteur Denis Mukwege aux États membres du Conseil de sécurité de l’ONU.

Pour Mukwege, la posture du Président Félix Tshisekedi à appeler dès 2022 au retrait « accéléré » de la Monusco et à un plan de désengagement complet à l’horizon 2024 reste « la frustration de la population face au manque d’efficacité de la Monusco dans la réalisation de son mandat de protection des civils, largement exacerbée par des discours populistes de politiciens en période pré-électorale, combinée à des campagnes de désinformation dirigées contre la communauté internationale par ceux qui ont intérêt à faire perdurer le chaos en RDC pour poursuivre le pillage de ses richesses minières stratégiques ».

Au regard de la situation sur le terrain, Denis Mukwege pense qu’il est encore temps pour le gouvernement congolais et l’ONU de suspendre et de revoir le plan conjoint de désengagement et son calendrier, et de maintenir une marge de flexibilité en fonction de l’évolution de la situation pour éviter un nouvel échec patent de la communauté internationale en matière de maintien de la paix et une nouvelle chronique d’une catastrophe annoncée au cœur de l’Afrique qui aggraverait encore davantage la menace sur la paix et la sécurité régionales et internationales.

Le mandat de la Monusco prend fin le 20 décembre 2024. Conformément au plan convenu entre la RDC et l’ONU, la première étape du désengagement de la Monusco a été entamée mercredi 28 février, avec la base de Kamanyola au Sud-Kivu.

Silas MUNGINDA

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