Le Prix de la Paix, le docteur Denis Mukwege déplore l’indifférence « choquante » de la communauté internationale face à l’agression de la RDC par le Rwanda en connivence avec les terroristes du M23 qui occupent la cité de Bunagana depuis plus de trois (3) mois. Le fondateur de Panzi Hospital intervenait dans une activité organisée par un mouvement citoyen à Charleroi en Belgique.
« Dans une indifférence choquante de la communauté internationale, Bunagana est occupé depuis plus de trois mois. On n’entend pas parler de cette agression. Alors que nous sommes constamment abreuvés par des informations concernant l’agression de la Russie en Ukraine, c’est à peine qu’on parle de l’agression du Congo par l’armée Rwandaise », regrette Denis Mukwege .
Mukwege fustige aussi le fait que les diverses tentatives de recherche des solutions politiques ont partagé le pouvoir par les belligérants. « C’est ainsi que la violence et la cruauté sont devenues des tremplins pour accéder au pouvoir, obtenir des promotions », a-t-il dénoncé.
En outre, a-t-il rappelé, le processus de brassage et mixage devenus des termes adoptés dans le langage des groupes rebelles ont contribué tout simplement à l’intégration des miliciens dans les forces de sécurité.
« Je dirais même l’intégration de la violence, l’intégration des viols dans l’armée plantant ainsi graines pour une prolongation de l’instabilité en infiltrant l’ennemi au sein des institutions qui sont censées nous protéger. Nous avions dénoncé avec force ce processus de mixage et brassage, aujourd’hui ce que le M23 continue de réclamer c’est être de nouveau mixé ou brasser dans l’armée congolaise », a-t-il dit.
C’est depuis plus de 3 mois que la cité frontalière de Bunagana et plusieurs entités de Rutshuru sont sous occupation du mouvement terroriste du M23 soutenu par Kigali selon les autorités congolaises.
Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres a affirmé que le M23 est aujourd’hui une armée moderne doté des équipements plus perfectionnés que ceux de la mission onusienne en RDC.
« Le M23 a été comme vous le savez la raison de ces dernières manifestations, le fait que les Nations unies ne sont pas capables de battre le M23. La vérité, c’est que le M23 aujourd’hui est une armée moderne, avec des équipements lourds qui sont plus perfectionnés que les équipements de la Monusco », a déclaré le SG de l’ONU dans une interview accordée à RFI.
Alors qu’un groupe d’experts de son organisation ont explicitement pointé du doigt le Rwanda dans un rapport rendu public, ce diplomate onusien interrogé sur la Source, l’approvisionnement du M23 a tergiversé en lâchant : « Ils viennent de quelque part » sans le moindre détail.
« Ils ne sont pas nés dans la forêt. Ils viennent de quelque part. Ce qu’il faut, à mon avis, et c’est l’essentiel, c’est de trouver une discussion sérieuse entre le Congo, le Rwanda et l’Ouganda pour qu’on puisse avoir une perspective conjointe pour éviter cette permanente situation qui nous fait toujours, quand on a un progrès, revenir en arrière. Il faut que ces pays se comprennent mutuellement et il faut que ces pays coopèrent effectivement pour la sécurité de l’est du Congo, et aussi pour les garanties de sécurité, il ne faut pas l’oublier, du Rwanda et de l’Ouganda », a-t-il soutenu.
Dans l’agora politique congolaise, ces propos qualifiés par plus d’un « d’irrespectueux et d’irresponsables » ont suscité des interrogations sur la présence de la mission de l’ONU sur le territoire congolais.