Bukanga Lonzo : près de 5 millions USD pour une route jamais gravillonnée

Dans la série exclusive de POLITICO.CD autour de l’affaire Bukanga Lonzo, une nouvelle révélation vient de s’ajouter. Elle émane du rapport d’audit du très sérieux cabinet international Ernest & Young. Selon ce rapport, le gouvernement a payé près de 5 millions USD pour l’amélioration de la route d’accès au site de BUKANGA LONZO, mais qui n’a jamais été livrée.

« Nos travaux ont permis de relever que le Gouvernement a effectué des paiements en faveur de DESTICLOX pour l’amélioration de la route d’accès au site de BUKANGA LONZO », affirme ce rapport publié en 2015.

Les deux paiements, repris en annexe du rapport, se détaillent de la manière suivante :

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Le 15 août 2014 : paiement de USD 993.600 pour gravillonner 14,4 Kms (coût unitaire de USD 69.000 le Km) depuis la route nationale jusqu’au site de BUKANGA LONZO.

Le 23 septembre 2014: paiement de USD 3.798.000 pour l’amélioration de la voie d’accès de la route principale jusqu’au site C de BUKANGA LONZO, soit 42 Kms (notre estimation du coût unitaire est de USD 90.429 le Km).

« Notre analyse de ces paiements a permis de relever les observations suivantes : La route d’accès au parc de BUKANGA LONZO n’est pas gravillonnée. Cette route est en terre », dévoile ce rapport.  

Par ailleurs, l’auditeur remarque d’autres anomalies: « Le coût unitaire de la deuxième facture est très élevé comparé à celui de la première facture. Aucun contrat n’a été signé pour l’exécution de ces travaux. En raison de l’importance du montant, nous pensons que le Gouvernement aurait dû demander la signature du contrat avant l’exécution ; Aucune évidence de contrôle technique des travaux sur la route par les experts de l’Office des routes ou de l’Office des Voiries et Drainage », explique-t-il dans ce document consulté par POLITICO.CD.

Contacté par l’auditeur, AFRICOM, la société sud-africaine en charge du projet, s’est expliquée notamment sur le fait que la valeur facturée au km est élevée sur la seconde facture. «Elévation et topographie. Erosion. Végétation et les arbres. Maintenance continue de la route en raison de son inaccessibilité chaque fois après la pluie. Proximité des matériels requis pour la route », justifie-t-elle.

La société n’explique cependant la raison pour laquelle cette route n’est pas gravillonnée. Un autre rapport vient confirmer les faits. Publié en 2020 par l’Inspection générale des Finances (IGF), ce document consulté par POLITICO.CD en exclusivité précise que « DESTICLOX Pty LTD est une société écran de AFRICOM, qui a reçu des paiements de 10.237.316.789,36 CDF soit, 11.069.300,09 USD, dont 510.883,84 USD au titre de frais de gestion du Parc.”

« L’équipe de contrôle se demande à quel titre et qualité car le contrat de gestion était signé entre l’Etat congolais et Africom. Il a par ailleurs bénéficié de 4.570.885.995 CDF, soit USD 4.941.600 pour gravillonné la route depuis la nationale jusqu’au site de Bukanga Lonzo, alors que la route est toujours en terre/sable jusqu’à ce jour« , ajoute ce document.

AFRICOM est la société sud-africaine qui a été désignée, selon le rapport de l’IGF, par l’ancien premier ministre Augustin Matata, comme à la fois prestataire et gestionnaire du projet de Bukanga Lonzo, en partenariat avec l’Etat congolais. Selon le rapport du cabinet d’audit Ernst et Young, cette désignation de la société sud-africaine se serait faite en violations des procédures légales en la matière.

Plus de détails à lire dans notre prochain acte de la série:

Le rôle trouble d’Africom, société sud-africaine au cœur du fiasco de Bukanga Lonzo.

Pour comprendre l’affaire, lisez: Bukanga Lonzo, fiasco, enquêtes et polémiques

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