Roger Lumbala: le rebelle opportuniste

Arrêté à Paris fin décembre, l’ancien chef de guerre congolais Roger Lumbala a été placé en détention provisoire le 2 janvier à l’issue de sa garde à vue. Deux jours après, précisément le 4 janvier, le Parquet national antiterroriste ( PNAT) de Paris annonce l’attestation de Roger Lumbala. Dans un communiqué publié à ce sujet, cette instance judiciaire annonce avoir retenu deux charges contre l’homme politique congolais : complicité des crimes contre l’humanité et participation à un groupe formé en vue de la préparation de crimes contre l’humanité.

Chef rebelle d’antan

Les faits à charge de Roger Lumbala remontent à la 2ème guerre du Congo (1998-2003) et se sont déroulées entre 2001 et 2003 sous le costume du président du Rassemblement Congolais pour la Démocratie – National ( RCD-N), avec le soutien de l’Ouganda. Le RCD-N a sévi dans le district du Haut Uelé de l’époque, actuellement une des provinces de la République Démocratique du Congo (RDC), située dans le nord-est de ce pays. Ensemble avec le Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, Roger Lumbala et ses troupes ont mené une opération dénommée  » Effacer le tableau » contre un groupe ennemi : l’Armée du peuple congolais (APC). Les faits documentés dans un rapport onusien rapportent que le but de cette opération était d’aller de ville en ville. C’est plutôt le rapport Mapping qui vient clouer au pilori Roger Lumbala.  » Schéma de pillages, de meurtres et de viols comme tactique de guerre », révèle le rapport Mapping.

Homme politique

La fin des hostilités en 2003 se présente comme une opportunité pour les anciens chefs de guerre d’endosser carrément le costume d’homme politique. À l’issue de l’accord de Sun city (avec le schéma 1+4), Roger Lumbala est nommé ministre du Commerce extérieur. Une expérience qui n’aura pas duré longtemps. Roger Lumbala et cinq autres ministres sont démis de leurs fonctions pour corruption. Il se présente comme candidat à l’élection présidentielle de 2006. Au finish, il ne récolte que 0,45 pour cent des voix.

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Partenaire du M23

En septembre 2012, le ministre honoraire est interpellé à l’aéroport de Bujumbura, soupçonné de soutenir le M23, lui-même appuyé par le Rwanda. Curieusement, quelques semaines plus tard, Goma tombe entre les mains du M23. S’il rejette d’abord ces accusations, Roger Lumbala finit par l’accepter. Il se présente comme le partenaire du M23. Début 2013, il représente ce mouvement rebelle aux négociations avec les autorités congolaises à Kampala, en Ouganda.

Soutien au père et au fils

Roger Lumbala est à la quête d’un asile en France. Demande qui lui sera malheureusement refusée. Exclu de la loi d’amnistie de 2014, il rentre au pays à la faveur de la fin des poursuites engagées par l’État contre certaines personnalités. Roger Lumbala en fait partie. Réinstallé au pays, cet ancien chef de guerre accorde son soutien à Étienne Tshisekedi, figure de proue de l’opposition congolaise. À la mort du Sphinx de Limete, il soutient également son fils qui, par la suite, deviendra Président de la République. En août 2020, Roger Lumbala crée un parti, sans réelle structure.

JM Mawete

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