Agression dans l’Est : « Kagame a mis en place un régime de terreur, un État voyou, qui vit des richesses du sang du peuple congolais » (Christophe Mboso)

L’Assemblée nationale a ouvert mercredi 15 mars, sa première Session ordinaire de l’an 2023 dans un contexte particulier marqué par l’agression du pays par le Rwanda à travers son supplétif, le mouvement terroriste du M23.

Dès l’entame de son discours d’ouverture, le président de la Chambre basse du Parlement, Christophe Mboso a affirmé qu’il est notoirement établi que la RDC est victime d’une agression de la part de l’armée rwandaise (RDF), larvée en groupe terroriste connu sous le label de M23. Il a déploré les massacres, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité perpétrés et en cours de commission depuis plus de vingt ans par le Rwanda, tout en mobilisant des arguments fallacieux des années 1994.

« Les offensives de cette coalition RDF/M23 ont fait de nombreuses victimes civiles et entraîné un déplacement massif de la population civile, forcée à fuir les violences et autres atrocités. Cette coalition RDF/M23 est à l’origine des tueries collectives et ce, dans l’impunité totale, en violation du droit international, sous le silence coupable de nombreux acteurs tant nationaux qu’internationaux et avec la complicité active de certains de nos compatriotes », a déclaré Christophe Mboso.

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Le speaker de l’assemblée nationale a soutenu que grâce à cette manipulation et à une propagande rétrograde, le Rwanda s’est attiré la commisération internationale, réussissant ainsi à camoufler sa responsabilité dans la tragédie qu’il entretient en RDC pour exploiter illégalement ses richesses et les exposer sur les marchés internationaux.

Dans la même logique, Mboso a dénoncé la complicité et la duplicité de la communauté internationale face à l’attitude rwandaise qui, selon lui, frise le mépris total de toutes les valeurs fondamentales humaines du temps moderne telles que prônées par la Charte des Nations Unies et d’instruments juridiques internationaux pertinents.

« Oui, le Rwanda tue au Congo et monsieur Kagame défie toute la communauté internationale en dépit des condamnations verbales des Etats Unis d’Amérique, de la Belgique, de la France, de l’Italie, de l’Allemagne, de l’Espagne et de bien d’autres partenaires de notre pays. Il est aujourd’hui évident que monsieur Kagame a mis en place un régime de terreur, un État voyou, qui vit des richesses du sang du peuple congolais, se faisant même classer, sans honte ni vergogne, parmi les producteurs du meilleur coltan du monde, alors qu’il n’y a pas ce type de minerais sur son territoire », a-t-il pesté.

Les forces de l’EAC ont un mandat offensif

En ce qui concerne les forces de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, Christophe Mboso a noté dans son allocution qu’il s’observe de manière ostentatoire qu’elles tardent à exercer le mandat offensif en appui aux FARDC, mandat pour lequel elles ont été déployées sur terrain.

« Elles offrent désormais à notre peuple l’image des troupes en villégiature sur le théâtre des opérations militaires, au lieu de s’engager à faire la guerre », a-t-il argué avant d’ajouter que « leur présence sur le territoire congolais risque de devenir inutilement onéreuse, et son impact devra faire l’objet d’une évaluation froide afin que des conséquences en soient tirées et des mesures correctives idoines qui s’imposent soient prises ».

Pas de dialogue avant le retrait effectif du M23

Dans son speech, Christophe Mboso Nkodia a indiqué qu’en ce qui concerne le dialogue préconisé, tout en réaffirmant son ferme attachement au dialogue en tant que fondement des rapports dans toute société humaine, la RDC n’entend s’engager dans un processus de ce genre que si l’agresseur occupant rwandais retire ses troupes et ses exécutants du M23 de son territoire.

Pour la Représentation nationale, a dit Christophe Mboso, « procéder autrement serait légitimer l’agression et l’occupation, les massacres, les tueries, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité ainsi que toutes les autres indicibles souffrances infligées au peuple ».

« C’est à ce titre que le Plan de paix issu des processus de Luanda et des négociations de Nairobi, auxquels la RDC demeure fortement attachée, auront tout leur sens », a-t-il martelé tout en précisant à cette même occasion que « l’attachement de la RDC aux vertus du dialogue ne constitue ni un signe de faiblesse, ni un acte de lâcheté, mais plutôt une attitude responsable justifiée par le souci d’éviter l’embrasement de toute la région d’Afrique centrale ».

Toutefois, le chef de la Chambre de représentants est d’avis que la RDC doit, en tout état de cause, s’assumer pour assurer la défense de sa souveraineté et l’intégrité de son territoire, de sa terre, de ses ressources et de son peuple face aux velléités expansionnistes et rétrogrades de son voisin, le Rwanda.

Identification des réfugiés congolais pour éviter l’infiltration des institutions

Pour ce qui est de la question du retour des réfugiés congolais conformément à la recommandation de l’un des sommets des Chefs d’Etat de l’EAC, Mboso a fait savoir que l’Assemblée nationale prendra dans les prochains jours une recommandation pour définir les principes devant sous-tendre cette opération.

Néanmoins, l’assemblée nationale a, d’ores et déjà invité le gouvernement à procéder à une identification préalable privilégiant, parmi les éléments pertinents, le village d’origine et la généalogie des concernés, avec l’appui des chefs coutumiers. Cette manière de procéder, renseigne Mboso, viserait à limiter « les conséquences du dévoiement d’une telle opération par l’agresseur occupant, notamment à travers une déportation voilée des populations rwandaises vers la RDC, dans le but d’infiltrer ses institutions, comme par le passé ».

Avant de clore son intervention sur la situation sécuritaire, le président de la Représentation nationale a réitéré la confiance et la foi des députés nationaux dans processus de Luanda, conduit par le médiateur désigné de l’Union africaine, le Président de l’Angola Joao Lourenço, ainsi qu’à l’endroit du processus de Nairobi porté par le Président honoraire du Kenya, Uhuru Kenyatta, pour le compte de l’EAC.

Il a insisté sur le fait que la situation en République Démocratique du Congo met à rude épreuve la viabilité des mécanismes continentaux de règlement de différends.

« Elle constitue une véritable opportunité pour l’Union africaine de démontrer à la face du monde son efficacité, et tout échec révèlerait l’incapacité pour le Continent à se prendre en charge et apporter des solutions efficaces aux différents conflits entre ses membres, en dépit des réformes institutionnelles réalisée », a-t-il conclu.

Carmel NDEO

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