Jean-Claude Muyambo : « la femme et enfants de Kalev Mutond ont tenté de me corrompre »

Dans un entretien accordé à POLITICO.CD le lundi 5 juillet 2021, Jean-Claude Muyambo, ancien bâtonnier de Lubumbashi et l’un des principaux plaignants de l’ex superflic de l’agence nationale des renseignements (ANR), a avoué que « la femme de Kalev Mutond et ses enfants ont tenté de me corrompre à travers un grand politicien ». A en croire Maître Muyambo, le motif de cette tentative de corruption serait le retrait de sa plainte contre l’ancien patron de l’ANR sur qui pèse un avis de recherche lancé par la justice congolaise en mars 2021.

Ses révélations de Muyambo interviennent au moment où les avocats de Kalev Mutond ont, à leur tour, porté plainte contre tous les plaignants de leur client pour imputations dommageables, dénonciation calomnieuse et association des malfaiteurs par citation directe.

« Il [Kalev, ndlr] avait même envoyé un grand politicien pour me corrompre, pour me donner de l’argent. Je lui ai dit : avec tout le respect que je vous dois, il ne faut jamais m’en parler. Il m’a dit qu’on peut arranger et trouver une solution à l’amiable. Non. Je ne peux pas. C’était à Kinshasa. Il a contacté un politicien qui m’a appelé à plusieurs reprises et je ne répondais pas », confie Me Muyambo qui ajoute que « le vieux Kitenge Yesu était au courant. Je l’ai appelé directement et je lui ai dit ».

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L’ancien bâtonnier qui s’interroge sur pourquoi Kalev Mutond est toujours invisible, fait remarquer que « c’est la femme et les enfants » de l’ancien gestionnaire de l’ANR qui ont tenté de lui corrompre. Il signe et persiste qu’il ira jusqu’au bout dans ce dossier.

« Sa femme est allée voir un grand politicien. Ce n’est pas une question d’argent. Je n’en ai pas besoin. Pourquoi il ne sort pas de son trou ? Lui mérite la prison. Quand il dit que, il a agi comme haut fonctionnaire de l’ANR, cette agence ne demande pas qu’on capture les gens à minuit ou les torturer. Même Kabila, ce n’était pas sa méthode. J’ai eu à travailler avec Kabila. Nous allons en finir avec lui. Nous sommes au plan B, il y aura un C, un D et un E. On ne va pas le laisser », insiste-t-il.

Le camp Kalev aussi ne désarme pas. Dans un communiqué, le collectif d’avocats-conseils de l’ancien administrateur général de l’agence nationale des renseignements (ANR), informe l’opinion tant nationale qu’internationale que leur client a porté plainte d’abord au Tribunal de Paix de Kinshasa-Gombe, ensuite au Tribunal de Grande Instance de Kinshasa-Gombe pour permettre aux accusateurs de produire, dans un procès public, les preuves de leurs allégations.

Dans la foulée, les avocats de Kalev Mutond disent constater une sorte de rétropédalage, voire de fuite, dans le chef des plaignants dont, à en croire ce collectif d’avocats-conseils, certains ont passé le clair de leur temps, en janvier-février 2021, à ameuter l’opinion tant nationale qu’internationale avec des accusations qu’ils sont incapables de soutenir, aujourd’hui devant la justice.

Cependant, il rappelle que le 14 juin 2021, devant le tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe alors qu’ils avaient régulièrement été signifiés respectivement, le 24 avril 2021, à Kinshasa, pour le prévenu Jean-Claude Muyambo Kyassa et le 20 mai 2021, à Lubumbashi, pour les prévenus Cyrille Doee Mumpapa Langum et Joseph Mulumba Kapepula, aucun de ces accusateurs ne s’est personnellement présenté au Tribunal le 14 juin 2021 pour soutenir ses accusations.

En effet, il indique que le 23 juin 2021, devant le tribunal de Paix de Kinshasa-Gombe alors que la signification avait été régulièrement faite pour tous les sept prévenus, respectivement le 11 et 18 mars 2021, y compris par la voie du Journal Officiel, seuls deux prévenus, Jean-Claude Muyambo Kyassa et Christophe Ngoyi Mutamba ont comparu, en prenant soins, d’entrée de jeu, d’éviter d’aller directement à l’instruction au fond de la cause.

Concernant les absences, Jean-Claude Muyambo expliquait à POLITICO.CD avoir sollicité le transfèrement de ce dossier aux juridictions de Lubumbashi où il réside.

Toutes nos tentatives d’avoir les proches de Kalev Mutond n’ont pas encore abouti.

Fin de la clandestinité ?

En clandestinité depuis près de quatre mois, Kalev Mutond a renoué le contact avec ses proches via WhatsApp. Selon plusieurs sources, il affirme être toujours sur le continent africain sans donner les plus amples détails. Objet de plusieurs plaintes pour notamment atteintes aux droits humains, Kalev Mutond avait coupé contact même avec sa famille.

Déjà sous sanctions américaines depuis décembre 2016 et régulièrement visé par des organisations de défense des droits humains, Kalev Mutond est mis en cause pour « tortures physiques et morales, arrestations arbitraires, détention illégale, menaces de mort, et tentative d’assassinat » sur Jean-Claude Muyambo Kyassa, ancien bâtonnier de Lubumbashi arrêté en 2015 et grâcié début 2019, et Cyrille Doee Mumpapa, deux farouches opposants à Joseph Kabila depuis 2015.

Kalev Mutond, qui figure également sur la liste des personnalités congolaises ciblées par les sanctions européennes depuis 2017 pour avoir notamment « contribué – en les planifiant, dirigeant ou commettant – à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme », a été interdit en février 2020 de quitter le pays après une brève interpellation pour « détention illégale » d’un passeport diplomatique.

Stéphie MUKINZI

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