L’argent, le nerf de la guerre des 26 provinces de la RDC

Une liasse de dollars sur un marché de Kinshasa. JUNIOR KANNAH / AFP

Un géant aux pieds d’argile, voilà l’image que projette la République démocratique du Congo en Afrique et dans le monde, depuis son accession à la souveraineté internationale, le 30 juin 1960. Et, 60 ans plus tard, ses 26 provinces se bousculent autour des 606 millions USD inscrits dans le budget national pour la Caisse nationale de péréquation, parce qu’incapables de produire ensemble, chaque année, 26 milliards USD de recettes.

Des présidents des Assemblées provinciales et des gouverneurs de province se sont bousculés, il y a quelques jours, aux portillons du président du Sénat et du Premier ministre, pleurnichant, au nom de leurs collègues députés et ministres provinciaux provinciaux, de n’avoir pas reçu leurs émoluments depuis six mois.

CAISSE DE PÉRÉQUATION

Dans la foulée, ils ont déploré la non exécution de la loi portant Caisse nationale de péréquation. En effet, les 606 millions USD budgétisés par le gouvernement central sont destinés au financement des projets et programmes d’investissement public aux fins d’assurer la solidarité nationale et corriger le déséquilibre de développement entre les provinces et entre les entités territoriales décentralisées.

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« Votre Gouvernement se dit déterminé à la rendre effectivement opérationnelle. A cet effet, dans le cadre de l’exercice budgétaire 2020, une allocation de 1 022,6 milliards de CDF (606 millions USD) a été retenue. C’est l’une des voies sûres pour conjurer les inégalités entre les provinces », avait expliqué le Premier ministre à l’Assemblée nationale, en défendant son projet de budget 2020.

Pour le il avait souligné que, pour son gouvernement de coalition, « il s’agit là d’une détermination de mener à bon port le processus de la décentralisation qui poursuit son chemin ».  » Cela devra, dans la perspective, se traduire également par l’organisation prochaine des élections urbaines, municipales et locales afin de permettre à ces différentes entités décentralisées de se doter des animateurs élus. Pour ce, le projet 2020 prévoit 220 milliards de CDF (130,378 millions USD)« , avait-il précisé.

SEPT INNOVATIONS DANS LE BUDGET 2020

Le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba avait révélé que « la connectivité des provinces et la problématique des infrastructures font partie des préoccupations pour lesquelles le Gouvernement entend mener des actions précises en 2020« .

Ce sont : l’ouverture et la réhabilitation de 4 221 km de routes ; l’entretien de 18 889 km de routes; la construction de 1 095 mètres de ponts ; l’acquisition et la réhabilitation de bacs ; le revêtement, le bétonnage et la stabilisation de 1500 km de routes par le recours à des technologies innovantes ; l’ouverture et la réhabilitation de 765 km de routes provinciales en terre.

À cet effet, Il avait annoncé une dotation à chaque province d’une brigade autonome d’asphaltage et d’une brigade lourde avec des nouveaux matériels pour accroître le rendement mensuel de réhabilitation des routes, allant de 10 à 60 km. « La demande la plus pressante exprimée par notre peuple est celle relative à l’entretien et à la réhabilitation des routes de desserte agricole, afin de permettre non seulement la relance de l’agriculture, mais aussi l’amélioration du vécu quotidien de la majeure partie de notre peuple qui vit dans les milieux ruraux », avait-il rappelé.

L’Assemblée nationale avait recommandé au gouvernement de pérenniser le cantonnage manuel et de veiller à ce que le Fonds national d’entretien routier (FONER) verse les quotités dévolues aux provinces afin de leur permettre d’assurer ledit cantonnage sur les routes de desserte agricole.

MODICITÉ DES BUDGETS PROVINCIAUX

Au-delà des bonnes intentions et de pieuses ambitions exprimées par les uns les autres, l’implacable et la triste réalité sur le terrain est cette incapacité viscérale des gouvernants congolais de produire des recettes à la hauteur de leur pays, un géant en Afrique qu’ils ont réduit en « géant aux pieds d’argile », et leurs ressources naturelles.

En effet, l’analyse des budgets de quelques provinces, pourtant immensément nanties par la nature, donne la chair de poule. Le Tanganyika a élaboré, voté et promulgué un budget de 211 milliards FC, soit 125 millions USD.

Avec une superficie de 134.940 kilomètres carrés, cette province possède, parmi les minerais enfouis dans son sous-sol, le coltan, la cassitérite, l’or et l’émeraude.
Province agro-pastorale, le Tanganyika produit, notamment, le manioc et le maïs que son voisin, le Haut-Katanga, importe en abondance en Zambie. L’élevage de bovins y est également pratiqué

Le Nord-Kivu, avec un budget de 168 milliards FC (100 millions USD, environ), étonne aussi de par sa modicité des recettes. La raison généralement évoquée est le trafic illégal des minerais (coltan, cassitérite, or) à destination, principalement, du Rwanda devenu le premier exportateur africain du coltan !

Le Maniema, province minière et agricole, a un budget de 137,5 milliards FC.
Le budget de la ville-province Kinshasa est de 911 milliards FC, celui du Kasaï Central de 257,061 milliards FC (152 millions USD). Le Kasaï, connu mondialement pour son diamant, a un budget de 173 508 000 FC (102 063 529 USD) tandis que le minier Sud-Kivu base son développement sur un budget de 280 569 968 626,47 FC. Au regard de cet échantillon, on se rend à la douloureuse évidence que les gouvernants congolais n’ont aucune ambition pour la RDC.

Par NSUMBU Ange

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