Agression dans l’Est : Tshisekedi a-t-il réellement besoin du soutien de l’Union africaine ?

« Un jour, tout cela s’arrêtera d’une manière ou d’une autre ». Voilà des mots laconiques qui clarifient les intentions du Président de la République Félix Tshisekedi sur l’agression rwandaise que subit la République démocratique du Congo (RDC) dans son flanc oriental, à travers son supplétif du M23.

Au point où il en est, le Président Félix Tshisekedi nécessite tout soutien qui va dans le sens de déguerpir les terroristes de son territoire, lui qui vient de briguer un second mandat largement remporté, et si, qui plus est, tient-il à ce que sa politique de « de moindre escarmouche » mise en exergue lors de sa campagne électorale, reste d’actualité.

Visiblement, il veut à tout prix mettre un terme à la crise de longue haleine qui a plongé les provinces orientales de son pays dans une situation humanitaire et sécuritaire désastreuse. C’est la raison de son double vol de Lomé (Togo) à Nouakchott (Mauritanie) – effectué au début de cette semaine. Jeudi 28 mars à Nouakchott, la capitale mauritanienne, le Chef de l’État congolais s’est entretenu en tête-à-tête avec son homologue mauritanien, le Président Mohamed Cheikh Ghazouani, Président en exercice de l’Union africaine.

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Cet entretien d’une heure a été suivi d’une séance de travail élargie à leurs délégations respectives. Au menu de leurs échanges, la situation dans l’est de la RDC. Selon RFI, Kinshasa insiste sur l’urgence d’une participation plus active de l’organisation panafricaine, comme s’était engagée, le Président Mohammed Ghazouani, il y a plus d’un mois à Addis-Abeba.

Kinshasa pousse pour que les promesses de soutien à la force de la SADC déployées dans la partie Est du pays soient rapidement mises en œuvre.

En guise de réponse à ces réclamations, le Chef de l’État mauritanien a promis son « soutien diplomatique constant aux processus de paix de Luanda et de Nairobi pour restaurer la paix et la sécurité dans cette zone du deuxième plus grand territoire du continent africain ». Mais Kinshasa devrait réellement compter sur ce soutien surtout face à la détérioration de la situation ? – On parle de plus de plus de 300 000 de déplacés internes depuis le début de cette année dont la plupart de ces populations vivent dans les camps de fortune, exposées aux maladies, sans compter la famine.

Des processus de paix sabotés par le M23

Ces processus de paix, en soi, semblent convaincants mais parvenir à leurs applications, c’est vraiment chercher une aiguille dans une botte de foin. L’accord de Luanda, signé le 23 novembre 2022, fait état de plusieurs points dont la cessation des hostilités ainsi que le retrait de M23 des territoires qu’ils occupent dans le Nord-Kivu. Rien qu’au lendemain de l’annonce de ces accords, l’espoir était loin de l’issue rapide au conflit. Sans vergogne, les terroristes ont rejeté chacune des décisions sorties de cette médiation angolaise.

Il y a nombre de solutions pour finir avec l’agression rwandaise dans l’est, mais celle d’exiger des insurgés le respect des accords de Nairobi et de Luanda ne peut en être une, d’autant plus que ces derniers continuent jusqu’à présent de faire preuve d’un rejet manifeste face aux injonctions de ces accords, en occupant des pans du sol nord-kivutien et en perpétrant de nombreuses exactions.

Tenir à la politique de « moindre escarmouche »

Les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Union européenne et le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies ont fait pression en enjoignant à ces terroristes le respect de mêmes accords, mais cela n’empêche guère ces derniers d’exercer leur activisme. Alors, pourquoi diable écouteraient-ils l’Union africaine ? Qu’est-ce qui leur ferait changer d’avis maintenant et surtout si tient l’hypothèse selon laquelle la communauté internationale entretient cette guerre ?

Si c’est ce que le Président Félix espère obtenir de l’Union africaine, son périple à Nouakchott n’en a pas valu la peine. Car tout nous montre que rien, jusque-là, de ce qui est diplomatique comme solution n’a pu contenir les M23 et leurs alliés rwandais, encore moins l’idée de leur enjoindre le respect des accords qu’ils ne veulent manifestement pas respecter. Il devrait tenir à sa politique de « moindre escarmouche ». Oui, il en a le droit.

Odon Bakumba

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