Journée de la femme en RDC: les filles de la rue dans les oubliettes

Le 08 mars de chaque année, le monde célèbre la journée internationale de la femme. Une célébration qui se veut un encouragement aux efforts que fournit l’être féminin, appelé à s’émanciper. Mais c’est aussi une sorte de reconnaissance et un stimulus pour inviter cet être naturellement confrontée à une discrimination dans certaines régions de la planète terre, à se prendre en charge.

Le Congo-Kinshasa n’est pas en reste. Dans la capitale et en provinces, le 08 mars est célébré timidement dans certaines écoles, un petit défilé couronne la suite des activités, du reste pas suffisantes. A Kinshasa, une marche, mieux un défilé sobre est organisé chaque année. Les femmes de différentes entreprises et de quelques Ministères se retrouvent pour donner sens à leur journée.

En scrutant le contenu des activités et les messages distillés, les observateurs se rendent bien compte qu’il ne s’agit pas de l’essentiel. Marcher oui, défiler c’est bien, mais la journée finit, le mois de mars s’en va sans que les jeunes filles aient retenu quelque chose de consistant, un changement structurel ou mental. Même pas comportemental. La journée passe chaque année, le mois de mars également, mais la jeune fille qui ne fréquente pas l’école, cette mineure qui se prostitue en plein coeur de la capitale Kinshasa au bord de grandes artères, reste la même. Elle demeure la même acoquinée à son métier qui l’expose, qui la tue à petit feu.

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Elle poursuit son rythme de vie, son train-train de vie habituelle. Pourtant, au niveau de moult Organismes, Entreprises, Ministère du genre, femme et enfant, des montants sont débloqués pour immortaliser leur journée. Les grandes dames se retrouvent entre elles endimanchées. Elles festoient, elles chantent et dansent au rythme de Zaïko et Fally. Elles sirotent et s’enivrent. Il s’agit là des rendez-vous des gens utiles, se disent-elles d’un air négligé.

Défilé sexuel

Le même jour dans la soirée, ce sont des futures femmes qui draguent tout passant, éventuel client. Mineures, adultes, elles sont presque nues, le long de l’avenue Kabambare dans la commune de Kinshasa, au quartier Bon Marché à Barumbu. Elles sont sur Huilerie, sur Kalembelembe à Lingwala. Très nombreuses dans les communes de Kimbanseke, Masina, Ngaba, Makala, etc. Elles font défiler les hommes, les changent à tour de rôle.

Personne ne leur parle de la journée de la femme. Nul ne va vers elles pour les exhorter à plus de responsabilité. Durant ce mois dédié à la femme, la Ministre du genre, femme et enfant ne pense à ces jeunes filles qui font fonctionner leur sexe afin d’avoir la chikwange. Elles sont pareilles aux oliviers sauvages, esclaves du pêché et condamnés à mort.

Ces jeunes filles, femmes de demain, ont pris le risque de se prostituer pour multiples raisons. Mais elles le font pour avoir le pain quotidien. La plupart n’en mesurent pas les conséquences. Personne ne leur parle des effets pervers.

Il aurait été salutaire, que le jour de la femme, le mois lui dédié, que les femmes dirigeantes et Responsables des Organisations et autres structures transforment ce mois en campagne de sensibilisation de jeunes filles qui vivent aux marchés, dans les rues et qui se prostituent à ciel ouvert. L’Etat ferait oeuvre utile de les formater et de les conscientiser, car elles représentent un éventuel danger. Les plus mineures devraient être récupérées et admises dans des centres de formation professionnelle pour qu’elles deviennent utiles à la société. Le pays aura gagné en investissant des moyens dans ce domaine, que de dépenser pour des défilés sans un message persuasif. Et même si message il y avait, il n’est pas suivi par ces filles qui se livrent à coeur-joie à la prostitution, qui sacrifient leur avenir sans le savoir. Le monde devait s’atteler à endiguer ce phénomène aux cours des célébrations des journées et mois de la femme.

Édouard Bajika

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