RDC : Un député élu de l’Ituri mobilise pour la levée de l’état de siège « qui n’a donné des résultats escomptés »

Le député national, Emmanuel Apuobo Leku, élu de la circonscription de Mambasa dans la province de l’Ituri a, dans une interview accordée à POLITICO.CD, épinglé la problématique des conflits armés dans ce coin de la République, causant plusieurs morts et personnes déplacées.

Selon lui, le conflit dans l’actuelle province de l’Ituri est progressif et change du jour au lendemain ; cette réalité s’explique par le fait que les causes du conflit entre 2003 et 2005 – période suivie d’une pacification de l’Ituri sous la guerre de l’ADF – ne sont plus les mêmes depuis 2017, changeant au passage complètement les donnes.

« Ce ne sont plus les mêmes donnes, hier, c’était la terre, pour qui on se battait mais la terre n’est plus vraiment la cause aujourd’hui. Est-ce qu’il y a aujourd’hui la guerre inter-éthique ou seulement la haine qui veut prendre le dessus ? Moi je trouve qu’il y a une haine qui est née à ce jour, parmi les gens qui seraient instrumentalisés », s’est-il expliqué.

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Au vu de la réalité sur terrain, Emmanuel Apuobo Leku a affirmé que « ce n’est pas une guerre en soi » qu’il peut qualifier tout de suite d’inter-éthinique, mais pour lui, cela reste une guerre hors tribale qui va déjà au delà des tribus en prenant une connotation socio-économique.

« Les rebelles qui naissent d’où ils trouvent les armes ? D’où ils tirent les armes ? Est-ce qu’on peut se dire la vérité ? On peut aller au dialogue mais est-ce que les armes seront remises ? Non, quand on avait appris l’état de siège tous ces miliciens avaient commencé à cacher les armes si je me souviens bien tous les sachets étaient achetés pour cacher les armes dedans parce qu’on disait l’état de siège en tout cas là, ça va être trop dur on doit déposer mais après deux semaines ou un mois ils ont trouvé que rien n’était de grave, ils ont coopéré et puis les choses sont devenus à la normale », a-t-il déclaré.

A cet effet, l’élu de la circonscription de Mambasa a exprimé son inquiétude quant à une absence des actions concrètes initiées par les autorités ituriennes, plus particulièrement de la part de l’actuel gouverneur militaire de l’Ituri, le Lieutenant-général Johnny Luboya Nkashama, commandant de la première zone de défense des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

« Si je me souviens de sa phrase [Ndlr. Johnny Luboya Nkashama] dès son atterrissage à l’aéroport en arrivant en Ituri, pour la sécurité, je serai sans état d’âme. C’est ça ses propos que j’avais retenu de l’atterrissage de vol mais aujourd’hui là, le langage a changé. Une année après on ne voit pas concrètement si réellement nous avons une armée qui s’assume, parce qu’en réalité au delà des efforts des militaires qui sont sur le front et qui meurent pour qui j’ai beaucoup de respects, ils ne sont pas tellement pris en charge », s’est-il indigné.

« Je suis pour la levée de l’état de siège »

Poursuivant ses propos, le député national, Emmanuel Apuobo Leku, a exprimé son souhait de voir l’état de siège instauré dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, depuis mai 2021 par les autorités de la République démocratique du Congo, être levé car il n’a pas produit des résultats escomptés.

« Je suis pour la levée de l’état de siège, je suis pour qu’on enlève la mesure et qu’on laisse l’armée faire son travail comme par le passé là où, ils peuvent faire des opérations librement sans se mêler dans l’administration parce qu’en soi l’état de siège n’a pas donné un résultat escompté. Le nombre de morts qu’on compte après et l’avant l’état de siège, c’est vraiment un écart énorme qu’on ne saura supporter. C’est tellement horrible à écouter », a-t-il affirmé pour étayer ses propos.

Des doutes quant au dialogue entre les groupes armés actifs en Ituri

Sans passer par quatre chemins, Emmanuel Apuobo Leku a clairement signifié que la démarche d’un dialogue au niveau interne serait « salutaire » seulement si la mission accordée au gouverneur militaire de l’Ituri – initiateur du dialogue entre groupes armés – au départ pour qu’il arrive à la tête de cette province était accomplie.

La réalité à l’heure actuelle, est que tout le monde demeure vigilant, ils vont au dialogue, ils signent des accords mais chacun a ses armes chez lui et si par un simple fait d’ailleurs, les choses ne tiennent pas là bas, ils vont retourner à la guerre, a confié l’élu de la circonscription de Mambasa.

« Nous souhaitons que ça puisse réussir car c’est notre souhait que l’Ituri retrouve la paix mais la mission du gouverneur n’était pas ça je l’ai dit tout haut ça pouvait venir après avoir exécuté sa mission qui était celle de rétablir l’autorité de l’état en Ituri et de gré et de force […] c’est alors que on devait négocier mais à l’heure actuelle, ils ont déjà signé des accords c’est bien voyons où ils vont aboutir mais pour moi si seulement si les armes ne sont pas encore remises, j’ai des doutes », a-t-il conclu.

Pour rappel, c’est depuis le vendredi 26 mai dernier, que le dialogue entre les groupes armés actifs en Ituri a débuté à Aru-centre, à 260 kilomètres au nord de Bunia toujours en l’Ituri. Ces assises initiées par le gouvernement provincial miliaire, ont pour objectif principal de régler les différends qui opposent les groupes armés et assurer le respect des accords qu’ils ont signé pour la cessation définitive des hostilités en Ituri.

Parmi les groupes armés représentés à ce dialogue, y figurent, la Coopérative pour le développement du Congo (CODECO), Zaïre/Mapi, la Force patriotique et intégrationniste du Congo (FPIC), le Front de résistance patriotique de l’Ituri, (FRPI).

La finalité de cette démarche est d’obtenir l’engagement de leurs leaders en faveur de la paix, la sécurité et la cohésion sociale. Mais aussi la reprise des activités économiques dans certains milieux insécurisés, le retour des déplacés, la libre circulation des personnes et de leurs biens et la préparation des groupes armés à intégrer le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS), a-t-on appris des sources de la radio onusienne.

Olito MUKINZI

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