La MONUSCO et le BCNUDH appellent tous les acteurs congolais à œuvrer contre les messages d’incitation à la haine

La MONUSCO et le BCNUDH ont, dans un communiqué de presse de ce lundi 1er mars 2021, fait une rétrospective sur ce qu’ils qualifient de « regain de discours et messages incitatifs à la haine en RDC », tout en appelant à des mesures idoines.

« La République Démocratique du Congo a connu, depuis les élections de 2018, un regain de discours et messages incitatifs à la haine qui est préoccupant. Autant dans les provinces non affectées par les conflits armés que dans les zones où les groupes armés sont actifs, les messages et discours de haine ont été à l’origine d’actes de violence qui ont causé des morts, des pillages, des atteintes à l’intégrité physique y compris des violences sexuelles et des déplacements de populations, des actes qui peuvent être constitutifs de crimes internationaux, selon un rapport publié par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) », note le communiqué.

Par ailleurs, ce rapport a affirmé qu’entre les mois de mai et décembre 2020, le BCNUDH a reçu des allégations sur 30 cas probables de discours et messages incitatifs à la haine, parmi lesquels 16 ont été identifiés comme des cas avérés d’incitation à la haine selon le seuil requis par le Plan d’action de Rabat du Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur l’interdiction de tout appel à la haine nationale, raciale ou religieuse qui constitue, dit-il, une incitation à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence.

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« Prenant la forme d’attaques à caractère tribaliste, sexiste et misogyne, ces messages proviennent principalement de responsables et militants de partis politiques, mais également d’acteurs de la société civile et de membres de la diaspora congolaise. Ils ont été diffusés dans le cadre d’activités politiques ou partisanes et de conflits armés, lors de réunions privées ou publiques et lors d’interviews dans la presse traditionnelle, et largement échangés et discutés sur les réseaux sociaux et applications de messagerie mobile. Ils ont pris pour cible des personnes et des groupes en vertu de leur sexe, leur appartenance ethnique ou sociale, notamment dans le cadre de la contestation de la citoyenneté congolaise de certains groupes ethniques. Le contexte de compétition politique, l’accès à la terre et les conflits armés ont alimenté de manière significative la
diffusion des discours haineux », renseigne la MONUSCO et le BCNUDH.

À ce propos, Abdoul Aziz Thioye, Directeur du BCNUDH et Représentant de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme en République Démocratique du Congo, a indiqué que « les discours incitatifs à la haine sont non seulement une infraction à la législation nationale mais sont aussi contraires aux droits de l’homme et constituent une menace réelle à la cohésion nationale, à une paix et une sécurité durables et à la protection des civils dans le pays ».

La MONUSCO et le BCNUDH précisent que le rapport exige une implication accrue des acteurs politiques, leaders communautaires, acteurs de la société civile et autorités nationales pour les prévenir et y mettre fin, et formule des recommandations à leur endroit. Tout particulièrement, ce rapport appelle entre autres à veiller au respect des dispositions normatives sur les discours et messages incitatifs à la haine tout en garantissant le droit à un procès équitable et le droit à la liberté d’expression, à poursuivre les efforts de lutte contre l’impunité pour des violations et atteintes aux droits de l’homme, ainsi qu’à renforcer le cadre légal et les organes et institutions visant à assurer l’égalité et la non-discrimination.

En dépit de ce rapport, la MONUSCO et le BCNUDH notent tout de même certains efforts fournis dans l’ensemble par les autorités congolaises dans la dénonciation de ces procédés relatifs aux discours et messages incitatifs à la haine.

Hervé Pedro

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