Kisangani: «Baisse des prix des produits pétroliers», l’arrêté ministériel banalisé

Depuis près d’une semaine, la ville de Kisangani, dans la province de la Tshopo, subit une flambée vertigineuse des prix des produits pétroliers à la pompe, malgré la « révision à la baisse des prix par un arrêté du ministère de l’économie nationale », daté du début mai 2020.

Des stations-services ont finalement fermé suite au manque d’approvisionnement des stocks de carburants. Cette situation subite affecte, notamment, le coût des transports urbains.

Depuis lors, une grogne s’installe dans le chef des opérateurs économiques et importateurs ainsi que chez les consommateurs.

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Une crise qui ne dit pas son nom

Mardi 09 juin 2020 à Kisangani, c’est toute la ville qui se réveille sous un rythme inhabituel. Sous des coups de klaxons, les conducteurs des motos veulent du carburant pour leurs activités quotidiennes.

De longues files de moto-taximen se forment ça et là dans la ville en train de pousser leurs engins. Ils passent d’une station d’essence à une autre à la recherche du carburant.

Un litre se négocie désormais entre 3000FC à 5000 FC. À la pompe, les revendeurs sont stricts et implémentent leur gré.

« Les stations n’ouvrent pas, nous dénonçons et voulons une situation délibérée » explique un motocycliste à POLITICO.CD

Sur le boulevard qui mène vers l’aéroport de Bangboka, dans la commune portant le même nom de Kisangani, le litre d’essence se négocie entre 3000 FC et 3500 FC.

Les étalages de vente des produits pétroliers, communément appelés Kadhafi, sont quasiment vides.

Les coûts des transports urbains galopent.

« Je viens de l’entendre. Les taximen ont annoncé qu’il n’y aura pas des courses de moins de 1000 FC”, précise un cadre de la société civile à la RFMTV, une télévision locale.

Les importateurs en difficulté face à un arrêté

Le gros qu’il faudra lire dans l’arrêté de la ministre de l’Économie nationale, publié mercredi 06 mai 2020 à travers les médias, rapporte une révision à la baisse des prix des produits pétroliers.

Cet arrêté consacre la baisse du prix de l’ordre de 245 FC dans la zone Ouest de la RDC, contre 310 à l’Est et 370 FC au Sud.

Les transporteurs poussent un ouf de soulagement. Pour une des rares fois, le prix du litre de carburant à la pompe va baisser d’un cran sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo.

C’est du moins ce qu’avait annoncé la ministre nationale de l’Economie, Acacia Bandubola Mbongo.

Dans la Tshopo, cette mesure soufre, depuis sa publication, d’une crise d’application. Il y a pénurie des carburants. Et du coup, tout monte à la pompe.

Cependant, plusieurs sources, se confiant à POLITICO.CD, soulignent que la multiplicité des taxes serait à la base de cette situation.

Pour Type Tambwe, président des importateurs des produits pétroliers de l’Est, ces opérateurs économiques sont en difficulté de ravitaillement comme d’habitude.
Il souligne que ces facteurs ne permettent pas aux opérateurs économiques et importateurs des produits pétroliers de desservir la ville de Kisangani en se conformant à l’arrêté du ministre de l’Economie nationale.

Il attribue, toutefois, la faute dite à une flambée des prix au niveau du Kenya.

“Nous tenons à informer l’opinion provinciale qu’il y a une flambée des prix au niveau du Kenya où nous nous approvisionnons. À l’époque, nous achetions un mètre cube à 250 dollars américains, mais aujourd’hui le mètre cube est passé à 400 dollars américains. Suite au mauvais état de la route, le transport est passé de 7 000 à 9 000 dollars américains par camion. »

Et de poursuivre:
« La rébellion de la CODECO constitue aussi un handicap. Nous devons attendre l’escorte militaire pour passer. Nous ne pouvons pas passer Mahagi pour Kisangani sans escorte militaire”

“Cette problématique des prix fixés par le ministère de l’Economie nationale à 1 400 FC le litre d’essence, qui ne reflète aucunement la réalité “, lâche Type Tambwe, après une audience avec le gouverneur de la Tshopo afin de lui faire part des lamentations des importateurs économiques.

Aux termes de l’arrêté du ministère de l’Économie nationale, le prix du litre d’essence est passé de 2.240 FC à 1.995 FC dans la zone Ouest de la RDC, soit une baisse de l’ordre de 245 FC.

Dans la zone Est du pays, le prix du litre d’essence est passé de 1810 FC à 1500 FC, soit une diminution de l’ordre de 310 FC.

La partie Sud de la RDC a bénéficié, quant à elle, d’une baisse de l’ordre de 370 FC, le prix du litre d’essence étant passé de 1760 FC à 1390 FC.

Serge SINDANI I POLITICO.CD

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