RDC : à travers « Mama Africa », le centre culturel André Blouin et l’atelier Monzari célèbrent la créativité de 11 artistes autour de la femme

Le Centre Culturel Andrée Blouin en collaboration avec l’atelier Monzari a organisé avec succès sa première exposition d’art plastique du 30 mars au 6 avril dernier. Intitulée « Maman Afrika », cette exposition célébrait la femme africaine à l’occasion de la clôture du mois de mars qui lui est dédiée.

Du 31 mars au 6 avril, une dizaine d’artistes congolais ont présenté leurs œuvres ayant pour thème la femme africaine au centre culturel situé à Ngaliema. Les visiteurs ont pu découvrir une variété d’œuvres peintes, dessinées ou réalisées à base de matériaux de récupération, où chaque artiste exprimait à sa façon la place et le rôle de la femme dans la société.

Parmi les tableaux ayant marqué les esprits, celui de Christian Muzadi intitulé « Kama », représentant une figure féminine faite de bambous et raphias, en référence à l’Afrique comme berceau de l’humanité.

Publicité

« J’ai intitulé ce tableau KAMA en référence à l’ancien nom de l’Afrique, et aussi en tant que terme utilisé à Kinshasa pour désigner une femme. L’exposition met la femme au centre, et j’ai voulu présenter une œuvre qui, de manière subtile, replace la femme et l’Afrique au cœur de mon discours artistique. Ma démarche artistique se concentre principalement sur les questions d’identité, je parle essentiellement de tout ce qui concerne l’Afrique, la culture et les Africains », a-t-il expliqué.

Bokula Inkufo s’est aussi démarqué avec son imposante œuvre « Reine protectrice », confectionnée entièrement à partir de déchets plastiques recyclés. À travers son œuvre, cet artiste veut transmettre un message selon lequel, la femme est celle qui protège le monde, en commençant par l’enfant, dès sa conception jusqu’à l’âge adulte.

L’exposition a connu un engouement remarquable tout au long de la semaine, attirant un public diversifié. Les artistes ont exprimé leur satisfaction quant à la présence massive de Congolais, de personnes à la peau noire et de personnes blanches dans la salle. Cela montre un progrès significatif dans la reconnaissance de l’art congolais et démontre que le travail des artistes commence à être apprécié dans leur pays.

« Ce que je retiens de positif, c’est tout d’abord l’engouement constaté dès le premier jour de l’exposition. C’est nouveau pour moi, car souvent lors de tels événements, ce sont principalement des personnes de race blanche qui viennent. Mais cette fois-ci, c’était différent, nous avons vu le public congolais venir en masse. C’est une avancée pour nous et cela nous a touchés. Cela signifie que notre travail a évolué et qu’il est reconnu dans notre pays. Cette exposition nous permet également d’améliorer notre image grâce à l’accompagnement médiatique, et cela ajoute quelque chose à nos CV», s’est Christian Bokula Inkufo.

Audry Mputu, une des artistes participantes, a présenté une œuvre intitulée « Mwasi Nzenga » (femme qui brille en français). Elle met en avant le côté productif et constructif de la femme ainsi que sa capacité à résoudre des problèmes. L’artiste a utilisé la technique de l’acrylique sur toile pour créer son tableau, avec des briques agencées en arrière-plan pour représenter ce côté constructif. Les cheveux de la femme sont peints en jaune, symbolisant l’énergie qui la caractérise.

« J’ai présenté une œuvre intitulée « Mwasi Nzenga », ce qui signifie « femme qui brille » en français. À travers cette œuvre, je parle du côté productif et constructif de la femme, ainsi que des problèmes qu’elle parvient à résoudre. J’ai utilisé la technique de l’acrylique sur toile. En arrière-plan de l’œuvre, vous pouvez remarquer des briques agencées, ce qui représente ce côté constructif. Les cheveux de cette femme sont peints en jaune, symbolisant l’énergie qui la caractérise », souligne Audry Mputu

Au-delà de la célébration de la femme africaine, cette exposition a également permis de mettre en avant le talent des artistes plasticiens et de promouvoir l’art congolais dans son ensemble. Cet avis est partagé par Audry Mputu.

« Ce qui est important pour moi, c’est la visibilité. En tant qu’artiste, nous avons du mal à exposer nos œuvres dans des espaces culturels. Nous disposons de moins d’espaces, mais il y a beaucoup de talents qui en souffrent. D’ailleurs, il m’arrive de faire des expositions ambulantes avec mon collectif d’artistes, simplement pour attirer l’attention du public sur ce que nous faisons. Ici, nous avons une visibilité à long terme, nous nous retrouvons dans une vitrine qui nous permet d’exprimer nos talents et de vendre nos œuvres d’art. », confie cet artiste.

Mama Africa, une première exposition réussie pour le Centre Culturel Andrée Blouin

Une dizaine d’œuvres réalisées par des artistes plasticiens congolais, dont deux femmes, ont été présentées sur le thème de la femme. L’objectif était d’utiliser l’art comme moyen d’éducation et de sensibilisation sur des questions culturelles et sociétales.

D’après Richard Monsembola, alias Monzari, de l’atelier éponyme qui a collaboré à la sélection des œuvres, plus de 150 personnes se sont déplacées le premier jour pour découvrir les œuvres. Les organisateurs ont été satisfaits de cet engouement du public local pour l’art plastique.

« Nous aurons voulu avoir exclusivement d’artistes féminines, mais nous n’en avons eu que deux. Je suis un peu déçu à ce sujet. Mais je comprends que le secteur de l’art est très complexe et que ce n’est pas facile.Je suis très satisfait de la contribution de tous les artistes qui ont répondu présents, de la mobilisation de mes collaborateurs avec qui je travaille au Centre Culturel André Blouin, et de la manière dont le public a accueilli cet événement. Le premier jour, plus de 150 personnes se sont déplacées pour y assister. Je suis satisfait car le message est vraiment passé. » , a conclu Monzari

Jemima Kadima, secrétaire générale du centre culturel a souligné l’innovation que représentait pour la structure d’accueillir sa propre exposition après s’être contentée d’événements culturels comme des soirées par le passé. Elle y voit un signe prometteur pour le développement futur d’activités centrées sur les arts visuels.

« Ce que j’ai aimé pendant ces six jours d’exposition, c’était l’enthousiasme, car c’est la première fois que le centre organise sa propre exposition en collaboration avec l’atelier Monzari. Les années précédentes, Maman Afrika etait juste une soirée culturelle, mais cette fois-ci, nous avons décidé d’innover en ajoutant l’exposition. Cela démontre pour nous que nous sommes capables de bien faire et de pousser notre réflexion encore plus loin afin d’apporter du sang neuf », a déclaré la secrétaire générale du centre , Jemima Kadima.

Les artistes participants ont également vu dans cette exposition une belle opportunité de se faire connaître auprès du public congolais, qui peut parfois manquer de soutien envers la scène artistique nationale.

Forts de ce premier succès, les organisateurs envisagent de renouveler l’expérience d’une exposition annuelle pour promouvoir les arts plastiques congolais et ancrer cet événement dans l’agenda culturel de Kinshasa.

Ézéchiel T. MAMPUYA

Add a comment

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading