RDC: des élections sans Bemba et Katumbi, espère le Pouvoir!

Après les Interdictions de manifester et emprisonnements des opposants, Kinshasa tente aujourd’hui d’écarter les principaux candidats de l’opposition à la prochaine Présidentielle au risque de lui ôter toute crédibilité.

« Le processus électoral est irréversible, le cap est mis vers les élections », répétait encore le président Joseph Kabila le 19 juillet dernier devant la nation, dans un discours choc devant les deux chambres du parlement réunies en Congrès. Ce processus, dont le Président se flattait, est alors dépeint et brossé comme une initiative démocratique, libre et transparente : chaque congolais, tous les Congolais devraient alors être libres de choisir leurs dirigeants, ou même de briguer un mandat public soumis au vote souverain.

Deux semaines à peine après cette sortie, le monde entier observe une réalité qui oppose le Chef de l’Etat congolais. Ses mots, doux et engagés, n’ont d’opposition que les actes de son régime, de ses policiers et de tout un Etat qui se constitue finalement en repart solide contre la démocratisation de cette République en souffrance.

Mercredi, le 1er août, l’opposant Jean-Pierre Bemba expérimente en premier cette bonne foi de mauvaises pratiques qui durent depuis 17 ans. Depuis l’aéroport, il est alors mis en aquarium géant, encadré car des policiers en situation de guerre, jusqu’à être, au final, privé du droit élémentaire de résider dans un domicile qui lui revient pourtant de droit. Si Bemba reste calme, espérant ainsi arracher quelque chose de Kabila, lui qui a déjà osé la manière forte en 2006, il doit cependant faire face à une exclusion.

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Katumbi et Bemba bientôt écartés

En effet, pendant que le jour suivant, Jean-Pierre arborait son consume de sortie pour aller déposer son dossier de candidat Président à la CENI, du côté de Kabila, la partition était déjà mise en place pour préluder le sort qui est réservé à l’ancien vice-président : il ne sera jamais candidat, puisque, semble-t-il, il a été condamné pour subordination de témoins à la CPI.

Pendant ce temps, l’autre opposant, Moïse Katumbi, pourtant convoqué à Kinshasa depuis juin 2017, est étrangement bloqué à la frontière de Kasumbalesa, au sud-est du pays, à la frontière avec la Zambie. L’ancien gouverneur du Katanga, un des favoris de la prochaine Présidentielle, a pourtant tout tenté pour obtenir ses autorités de retour au pays.

En effet, en juin 2017, le PGR, un des hommes chargé de marquer l’opposant congolais à la culotte, annonce que ce dernier « n’a plus le droit de rester à l’étranger ». En d’autres termes, Moïse Katumbi est convoqué à Kinshasa pour comparaitre dans l’un des nombreux procès initiés à son encontre. Quelques jours après,  le ministre congolais de la justice affirmait à son tour que Moïse Katumbi était libre de regagner le pays. « Nous avons reçu une note sur son cas du Comité des droits de l’homme de l’ONU, avec des mesures provisoires. Monsieur Katumbi n’a pas un problème avec le Président, ni avec le gouvernement. Il peut rentrer au Congo quand il veut« , a dit Alexis Thambwe.

Quant à ses dossiers en justice, l’opposant congolais ne fait non plus objet d’aucune condamnation. La Cour suprême de justice s’est déclarée non saisie concernant l’ancien gouverneur du Katanga Moïse Katumbi et l’un des accusés Darryl Lewis, dans l’affaire dite des mercenaires américains. La prochaine audience est fixée au 10 octobre prochain. Dans l’autre affaire de bien immobilier, la condamnation de 38 mois de prison ferme fait également objet d’un appel qui suspend l’application de la peine.

Mais voilà, comme Bemba, Katumbi ne devrait, selon le pouvoir congolais, pas être candidat. Depuis hier,  l’autorisation de survol et d’atterrissage à Lubumbashi lui a été refusée. Pour aller plus loin, Lambert Mende, porte-parole tranchant de Kinshasa enfonce : « Katumbi sera arrêté s’il arrivait même via vol commercial ». Le plus créatif sans doute, le Maire de Lubumbashi, Robert Lubaba, va jusqu’à proclamer que l’opposant ne peut pas regagner la ville cuprifère « parce qu’il a un dossier judiciaire en cours ».

Face à cette situation, le processus électoral en République dépeint déjà d’un décor qui risque d’aboutir une crise plus profonde que celle qui déchire le pays depuis plusieurs années.

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