Accord UE-Rwanda : le cardinal Ambongo dénonce la complicité de la communauté internationale dans la crise en RDC

Le récent protocole d’accord signé entre l’Union européenne et le Rwanda, relatif à la chaîne de valeurs sur les minerais stratégiques, continue de faire couler beaucoup d’encres et de salives en République démocratique du Congo. Après le gouvernement national, cette fois-ci c’est l’Église catholique congolaise qui s’est ouvertement attaquée à ce partenariat.

Épinglant « le silence complice et coupable » de la communauté internationale face aux massacres des populations dans l’Est du pays, l’Archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, a dans son message à l’occasion de la messe pour la paix en RDC, jugé « inconcevable » la signature d’un tel accord dans un contexte comme celui-ci.

« Comment comprendre qu’au même moment où elle [ndlr la communauté internationale] dénonce finalement l’implication directe du Rwanda et son armée en soutien au groupe armé M23, l’Union européenne signe un accord de coopération minière durable avec le Rwanda sur des ressources pillées en RD Congo ? », s’est interrogé le prélat congolais.

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Bien que selon l’Union européenne, le protocole d’accord qu’elle a signé avec Kigali le 19 février dernier, devrait entre autres, favoriser et renforcer la diligence, la traçabilité, la collaboration dans la lutte contre le trafic illicite des minerais ; cette entente n’est vu de bon œil du côté congolais car le Rwanda est reconnu officiellement comme étant l’instigateur de l’agression dans l’Est de la RDC.

Depuis lors, les réactions appelant l’instance européenne à faire du rétropédalage – en annulant cet accord – fusent de partout. Parmi les sorties médiatiques les plus marquantes on note celle de Denis Mukwege, lauréat du Prix Nobel de la Paix 2018, qui a expliqué qu’en signant ce protocole, l’exécutif européen atteint non seulement « le paroxysme du cynisme en matière de géostratégie », mais s’illustre à nouveau dans une politique de double standard qui mine « la crédibilité des institutions internationales ».

La même position a été réitérée par le député européen du Parti Travail Belgique (PTB), Marc Botenga, qui a révélé que l’Union européenne veut profiter de la guerre en cours en RDC pour « spolier les Congolais de leurs richesses naturelles ».

En conférence de presse en début de semaine dernière, le Chef de l’État congolais, Félix-Antoine Tshisekedi, rassurait que Kinshasa usera de toutes les voies diplomatiques et ira même en justice pour faire annuler cet accord car selon lui, « c’est comme si l’Union européenne faisait la guerre par procuration à la RDC ».

Ainsi, il a expliqué que les Congolais doivent se montrer dissuasifs vis-à-vis des agresseurs et le travail commencé, est de faire passer le message : « venez négocier avec le propriétaire de la richesse, laissez le receleur ».

Monge Junior Diama

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