Que se passe-t-il avec Jean Kimbembe Mazunga ?

L’arrestation de Kimbembe Mazunga, annoncée par la voie des réseaux sociaux, a surpris plus d’un en RDC, alors que le concerné s’était rendu librement, et sans être accompagné d’un avocat, à une invitation qui lui aurait été adressée via « le coup de fil d’un ancien directeur de la SCTP ex Onatra (désigné comme point de contact apparemment) », à se présenter à 17h00 au parquet de Matete.

Selon les dernières informations, M. Mazunga aurait été mis aux arrêts pour le remboursement d’un prêt accordé à la Scpt, ex-Onatra qu’il dirigeait ; prêt accordé par une société dénommée Kwanza Capital, il y a quatre ans. Une source judiciaire rapporte que l’argent du remboursement du prêt qu’il aurait signé par un chèque ne serait jamais arrivé à destination. Toutefois, des informations viennent contredire la version de l’accusation.

En effet, au tout début de cette affaire, d’abord un homme. Jean Kimbembe Mazunga, né à Kinshasa le 11 décembre 1956. Ingénieur civil mécanicien, diplômé de la faculté polytechnique de l’université de Kinshasa, brillant cadre de direction à l’Office des routes, il va grimper les échelons pour être nommé Conseiller principal du président Joseph Kabila, chargé des Infrastructures ; avant d’être nommé ministre des Travaux publics, Aménagement du territoire, Urbanisme et Habitat dans l’un des Gouvernements de transition, de 2002 à 2003. Kimbembe sera par la suite Gouverneur de la ville province de Kinshasa du 15 novembre 2005 au 15 octobre 2006. Le 26 mars 2015, le chef de l’état le nomme directeur général de la Société Congolaise de transports et ports.

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A la tête de cette mastodonte nationale aux difficultés légendaires, Jean Kimbembe avait, selon des témoignages recueillis auprès des cadres de l’ONATRA, réussi à faire «revivre cette entreprise, près de 9 mois d’arriérés de salaire épongés pour l’ensemble des unités de Kinshasa et de l’intérieur du pays, au premier mois et demi de sa présence à la tête de la SCTP ex Onatra. » « A la première semaine de sa prise de fonction, il a vidé, par 23 camions, les ordures contenues dans ce bâtiment de référence et historique imposant qu’est le siège de la SCTP sur le boulevard du 30 juin », témoigne un cadre la société devenue aujourd’hui SCTP.

« Les ascenseurs réparés, et mis à disposition de tous sans discrimination renseigne », un article paru dans Africanews de 2016 ; des bureaux réaménagés, les heures supplémentaires payés, et des primes au cheminot qui revenait… Et pour cause, le train Kinshasa-Matadi qui s’était arrêté avait repris du service à la surprise générale, chaque week-end. « En 27 jours, des vieilles carcasses d’épaves de voitures de train avaient pu revêtir leur plus belle robe par une rénovation époustouflante, qui nous a-t-on appris se faisait 24/24 pour un résultat qui avait redonné la foi en cette entreprise, prouvant que tout était encore possible », expliquent nos confères dans cet article. De son côté, le Port de Matadi recommençait à tourner à plein régime, jusqu’à ce que baisse le niveau des importations. De ce bilan présenté élogieux, s’ajoutent les commentaires de ses proches, qui affirment « connaître la distance avec l’argent depuis ses fonctions comme Ministre des ITPR, Gouverneur de la Ville, et Conseiller Principal à la Présidence de la République, et qui n’a jamais été associé à quelconque scandale, serait-il coupable ou victime d’un règlement de comptes ? », interroge-t-on.

Toutefois, durant son mandat, Kimbembe va devoir faire face à des demandes de décaissements de fonds émanant du Premier Ministre de l’époque, Augustin Matata Ponyo. D’abord 10 000 000 $ des revenus de la RLT comme participation à la création de Congo Airways ; ensuite près de 9 000 000 $ pour des nouveaux wagons et voitures. Plusieurs autres projets couteux seront « ordonnés » à l’initiative de la Primature, asphyxiant un peu plus l’Ex-ONATRA, malgré le désaccord affiché par le DG Kimbembe. C’est donc dans ces conditions que notre affaire débute. Face à une trésorerie amputée, le Directeur général fait appel à la banque BGFI, ensuite la RAWBANK et une institution financière appelée KWANZA CAPITAL. Cette dernière aurait fait plusieurs prêts à la SCTP sous Kimbembe. « Tous ont été remboursées », affirment nos sources.

Cependant, selon le magistrat instructeur du dossier ayant conduit à l’emprisonnement de M. Mazunga, rapportent des sources judiciaires, l’argent du prêt émanant de la firme, dissoute depuis, d’un montant avoisinant les millions de dollars, n’aurait pas été touché par Kwanza Capital. Les informations recueillies attestent cependant que :

1- La SCTP a bel et bien contracté un prêt auprès de KWANZA CAPITAL en bonne et due forme, avec l’accord du Conseil d’administration.

2- Les conditions du prêt ont été validées par la SCTP, qui avait bel et reçu l’argent.

3- Au moment de rembourser, des difficultés surviennent, plusieurs mois passent, et la société négocie un délai supplémentaire.

4- Au moment de rembourser, KWANZA CAPITAL a émis une procuration pour que la SCTP puisse payer ces dernières échéances auprès d’une personne choisie par Kwanza Capital. Le Département financier de la SCTP a validé le document de procuration et a soumis à la signature du DG Kimbembe les chèques pour paiement. Le Directeur Financier a apposé en premier sa signature à gauche d’un document consulté par POLITICO.CD, comme il est de coutume après les vérifications, et ensuite le DG, par conformité, a signé à droite.

5- La personne désignée sur la procuration, a bel et bien touché l’argent pour le compte de KWANZA CAPITAL

C’est donc au cinquième point que l’accusation de Kimbembe se trouve. L’ancien DG est accusé de n’avoir pas fait parvenir cet argent à Kwanza Capital, et qu’il se serait arrangé avec la personne désignée sur la procuration pour détourner le paiement. Selon nos informations, la personne désignée sur la procuration a nié devant les magistrats avoir touché l’argent. Toutefois, alors que la personne supposée affirme n’avoir pas touché l’argent, il sied de signaler que ces événements se passent il y a 4 ans. Durant tout ce temps, et jusqu’à ce jour, KWANZA CAPITAL ne s’est jamais plainte de n’avoir pas reçu de paiement. Selon des informations des proches des avocats de Kimbembe, KWANZA CAPITAL confirme même avoir reçu cet argent. Par ailleurs, selon des documents joints à cette affaire par la partie de Kibembe, la personne désignée par la procuration a bel et bien touché l’argent à la banque.

En outre, selon nos informations, la dame qui se retrouvait sur la procuration de Kwanza Capital, avait déjà été licenciée d’une société de communication à Kinshasa pour « vol important d’argent et mensonges éhontés à répétition ». Une plainte a même été déposée à son encontre au Tribunal de Grande Instance de Gombe. « Il y avait des preuves accablantes dont elle avait réussi à s’échapper à cause des supplications diverses (familiales, amicales et politiques ) auprès de son ancien patron », explique une source judiciaire.

Il est important que le bon droit puisse être dit et que justice soit faite pour réellement un état de droit.

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