Tshopo : des taxes « illégales » sur la route nationale nº4 au centre d’une vive colère à Kisangani

Les activités commerciales tournent à froid, depuis trois jours, dans la ville de Kisangani, en province de la Tshopo (Nord-est de la RDC). Les opérateurs économiques en colère redénoncent l’instauration des taxes « illégales » sur le long de la route nationale nº4, toujours non réhabilitée.

La taxe conventionnelle des voitures transportant des marchandises (TCVTM) et la taxation sur le pont bascule, implanté au PK13 (Axe Kisangani-Bunia) sont au centre de leurs indignations. Ces opérateurs économiques et transporteurs exploitants la RN4, réunis au sein d’une association des commerçants du Congo (ACC), ont, mercredi 25 Novembre 2020, décidé de fermer leurs magasins et boutiques au centre-ville de Kisangani.

« Nous avons discuté au tour de l’état actuel de la route nationale nº4 qui est en voie de disparition vu son état de délabrement très avancé et aussi sur la taxation sur le pont bascule qui n’est pas une taxe, mais aucune suite favorable.» s’alarme Fataki Saidi président de l’ACC qui se dit très préoccupé.

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« Nous sommes fatigués, on peut pas évoluer dans ce sens. Nous allons reprendre les activités jusqu’à ce qu’il y ait un gain de cause » lance-t-il, en reprenant certaines préoccupations non exhaustives qui ne favorisent pas le climat des affaires dans la province de la Tshopo.

Silence coupable du gouvernement

Depuis plusieurs mois, la FENAPEC a multiplié des contacts avec le gouvernement provincial et autres autorités compétentes afin d’une mise en commun des propositions concrètes sur l’état actuel de la RN4. Ces derniers ne font toujours pas jaillir la lumière.

Jeudi 24 septembre dernier, plusieurs défis liés à la route nationale Nº 4 ont été en discussion, notamment sur la perception des différentes taxes instaurées par les autorités provinciales, le pont-bascule, la réhabilitation de cet espace d’intérêt national, le péage route, etc.

Mis au parfum des nombreuses préoccupations des transporteurs, membres de la FENAPEC, Jean-Jacques Kalome, alors ex-DG de la régie financière de la Tshopo, a dit les soumettre aux autorités compétentes de la province.

Il sera remplacé à ce poste, quelques jours, sur fond des fortes tractations après une interpellation musclée à l’assemblée provinciale.
Jean-Jacques Kalome devrait répondre sur plusieurs questions liées aux recettes publiques de la province, qui, selon nombreux observateurs, saignaient déjà. Tout comme la crise politique qui bat encore de l’aile entre deux grandes institutions provinciales, cette situation n’a jusque-là connu aucune issue.

Cette nouvelle crise économique qui prend d’autres formes, serait flanquée par dessus bord dans le chef de l’exécutif provincial. Des sources exclusives soulignent à POLITICO.CD que les commerçants, en quête des solutions adaptées, n’auraient pas encore été reçus par le gouverneur Walle Lufungula qui les appelle tacitement à la reprise des activités.

Pour l’homme fort et président de la FEC, il y a des évidences constatées sur le silence des autorités nationales compétentes face à cette route d’intérêt national qui se voit dans le firmament.

Dans une brève interview, Raymond MOKENI parle des conséquences graves qu’entrainent cette situation.

« En effet, comme vous le savez, la route Ituri est très très abîmée dans le sens de la province de la Tshopo, ce qui renchérit énormément les prix des marchandises. » déclare-t-il.

 » En plus que la route est très mauvaise, on a fait utiliser les taxes sur le pont bascule, donc quand tu as terminé à circuler sur une mauvaise route du côté de Kisangani, quelques parts vous devez monter dans la bascule et payer. Dire que, dans les habitudes anciennes, on ne facture la bascule que sur une route macadamisée… » ajoute le patriarche de la Tshopo.

Scandale des finances à l’Office des routes

L’Office des routes est pendant ce temps au cœur d’un scandale financier, dénoncé par plusieurs membres de la société civile.
Au moins 1.400.000 dollars seraient détournés, pourtant destinés à la rénovation de la route nationale nº4, axe Kisangani-Avakubi, long contenant des gros bourbiers qui entravent le déplacement de plus de milles véhicules en partance de Kisangani.

« Les commerçants s’indignent de la non réhabilitation de cette route par l’Office des routes alors que le FONER affirme avoir versé 1.400.000$ pour l’entretien de la RN4. Ils sont en difficulté de faire parvenir les marchandises à Kisangani. Cela a occasionné la hausse de prix des produits de première nécessité. Comme une mesure de haricot qui coûtait 600fc à Kisangani se vend aujourd’hui à 2700fc » explique un acteur de la société civile sous anonymat.

Ce cris d’alarme se fait corroborer par plusieurs autres, voire du côté de l’Ituri, province contiguë de la Tshopo, rattachées grâce à la RN4. Dans un groupe watssapp dénommé « la voix de l’élite/Tshopo », un message du gouverneur Jean Bamanisa, posté au petit soir du vendredi 27 novembre, paraît comme une foudre.

« Que le FONER et l’OR cessent de détourner les fonds dédiés aux travaux de la route RN4 et de laisser ces charges aux gouvernement provinciaux ! » écrit le gouverneur de l’Ituri, lui, qui le dénonce depuis un long temps sur son Twitter.

Tous nos efforts pour joindre le DG de l’Office des routes restent encore vains. Le DG Mutima Herman serait accusé d’un probable détournement d’environs 1.400.000 dollars. Aucune information judiciaire n’est aussi pas introduite. Cependant, les cartes des coulisses et le jeu de prudence se jonglent entre autorités.

La RN4 qui serait oubliée par Kinshasa se voit dans une disparition totale, malgré les maigres efforts entretenus par les deux provinces touchées. Cependant, des études « de faisabilité technique et financière » sont attendues sur cette route pour une présupposée asphalte, d’après un protocole d’accord signé le 04 novembre dernier par le ministre national des ITPR Willy Ngoopos et une firme Chinoise CCCC (CHINE COMMUNICATIONS CONSTRUCTION COMPANY).

Ainsi face aux calvaires enregistrés sur cette route nationale, et vu la « violation de la constitution de la République à son article 203 alinéa 21 spécialement en matière d’entretien routier en ce qui concerne les routes d’intérêt national », les opérateurs économiques et transporteurs demandent au gouvernement provincial :

  • de procéder à la suspension des activités du pont bascule installé sur la RN4 au PK13
  • de procéder à la suspension de paillage de la TCVTM
  • d’associer les opérateurs économiques au contrôle et suivi de la réhabilitation de la RN4
  • de donner des explications claires sur les 1.400.000 dollars déboursés par le FONER.

Ces revendications sont sinequanone à la reprise des activités commerciales au marché central de Kisangani. Ce samedi 28 novembre 2020, les commerçants ont annoncé une énième réunion d’harmonisation des vues afin de passer à une vitesse supérieure, notamment des actions de grande envergure afin de décrier ce tableau sombre incrusté sur la route nationale nº4.

Serge SINDANI / POLITICO.CD

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