Yangambi n’est pas mort!

De ce récit, j’espère raconter comment, avec le citron le plus acide, le plus amer que la vie ait produit, des gens venus du monde entier, d’un courage des rois et d’une détermination des guerriers, tentent d’en faire une limonade. ça se passe à Yangambi, au cœur même du Congo.
Dendrometer data analysis with Chadrack Kafuti, Yangambi - DRC.rrPhoto by Axel Fassio/CIFORrr<a href="http://cifor.org" rel="nofollow">cifor.org</a>rr<a href="http://forestsnews.cifor.org" rel="nofollow">forestsnews.cifor.org</a>rrIf you use one of our photos, please credit it accordingly and let us know. You can reach us through our Flickr account or at: [email protected] and [email protected]

Le soleil  à Kisangani, ville martyre dans le nord-est de la République démocratique du Congo, est très capricieux. Il se querelle sans cesse ce mercredi 4 décembre avec une fine pluie qui ne veut visiblement pas lui laisser de place. Un mystère divin. Vers midi, un 4×4 flanqué d’un logo de l’Union Européenne longe le mur de la Bralima, – la brasserie du groupe Heineken – se dirigeant vers ce qui ressemble à un Beach. Sous les regards curieux des « boyomais [Habitants de Kisangani] », une « blanche » saute du siège avant, accompagné de pompeux Kinois, très remarquables par leurs airs dépaysés. J’en fait partie, avec trois autres journalistes. Face à la rivière Tshopo, d’une grossière beauté, nous passons pour des touristes, avec nos battons-selfies.  Au Beach Muchanga, l’équipe rejoint un certain « Patrick », capitaine du seul canot rapide de « luxe » dans les environs. Après quelques minutes d’embarquement, impatients face aux touristes kinois, le voilà en train de glisser sur la rivière Tshopo en direction de Yangambi.

« Il fait beau », fait remarquer un passager. « Nous sommes en retard », retorque le capitaine. D’autant plus que la navigation sur ces eaux exquises doit tenir compte d’une étrange réalité : le canot rapide, quand il passe en pleine vitesse, ensorcèle la rivière, créant des vagues, au risque d’emporter des pêcheurs, qui utilisent la légendaire pirogue à bois congolaise. Nous allions vite, puis nous nous arrêtions brusquement, avant d’aller à nouveau. Mais cette tactique changera bientôt. La belle Tshopo se jette, là devant, dans les bars du majestueux Fleuve Congo. Au confluent, « Patrick » met la gomme.

Quel fleuve !

Mais qui saura décrire ce que nous voyons ? Qui maîtrise assez bien la langue de Molière pour parler de cette frondaison paradisiaque, de ces villages exotiques, de leur maisons en terre cuite, tellement dépourvues de matériaux durables au point d’atteindre la beauté d’œuvre d’arts. Qui va décrire cette vue qui a surement inspiré le grand Botembe… Et ce fleuve ? Mais quel fleuve ! Qu’il faut laver les yeux ! Face à tant de beauté.  Quel Fleuve ! Fleuve essentiel ! Le voici, debout, entre deux âges, il épouse toujours cette terre ensemble avec la foudre. Son nom n’a pas vieilli, il l’a donné au pays. Aux riverains qui nous lorgnent, il est connu espiègle à la pêche. Debout sur son dos, ses allées de roseaux escortent notre canot. Dans le parc de ses eaux, une nation naquît… un mirage errant, nous flottons, nous voyageons. Coloré par l’aurore et le soir tour à tour, miroir aérien, il reflète au passage, les sourires changeants du jour. Le soleil le rencontre au bout de sa carrière. Couché sur l’horizon dont il enflamme le bord ; dans ses flancs transparents, le roi de la lumière lance en fuyant ses flèches d’or.  Mais quel fleuve ! Au beau milieu, quand ce moteur frappe les eaux qui lui résistent, les bulles jaunâtres et goules laissent derrière nous un spectacle aussi merveilleux que faisant passer ces eaux pour un tapis sur lequel l’apôtre Pierre a surement cru pouvoir flotter, tel le Christ…

Mais rien de beau ne dure vraiment. Patrick a peur de la pluie qui toise le soleil. Très vite, Yakusu nous tend son plus beau sourire. Aux côtés de son hôpital général laissé par les Belges. Seule l’architecture et les traces du temps témoignent de sa gloire passée. Sa paroisse catholique tient débout.  « La blanche » tente de me dire quelque chose, mais je n’entends rien. Les eaux et le moteur chantent à l’unisson. Je souris pour faire semblant, elle est tellement gentille, cette responsable en communication du projet FORETS « Formation, Recherche, Environnement dans la Tshopo.»

Deux mois avant, dans un tweet, j’ai interpellé le public sur l’abandon du centre de recherches de Yangambi. Mais c’en était pas le cas. L’Union Européenne y entreprend un ambitieux programme de restauration avec le CIFOR (Centre de recherche forestière internationale).  On me recommande aussitôt de m’y rendre moi-même. Mme Gonzalez, la blanche, est donc notre guide. Mais au lieu de nous envoyer une « dame de bureau », l’UE nous complote une sorte d’exploratrice, originaire du Mexique, mais qui nous fait alors douter de notre amour du Congo : quand elle se met à parler de ce pays auquel est elle finalement attachée, on ferait passer un test de paternité à Lumumba.  Ne sachant rien d’elle, nous l’avions alors surnommé «  El Chapo Guzman », ne viennent-ils pas tous les deux du même pays ?

Droit devant, c’est Yangambi

La porte d’entrée de Yangambi, Une usine de fabrication d’huile de palme, aujourd’hui abandonnée. Photo par Axel Fassio/CIFOR cifor.org forestsnews.cifor.org

Après une heure de perdition dans une nature envoûtante, nous sommes déjà à Yanonge, une localité embrochée au Fleuve Congo, dont elle tire profit en fournissant tant à la région, notamment les fameux « Makala [charbon]». Si notre arrêt n’est que de quelques minutes, cette localité fait néanmoins partie importante de notre périple qui durera quatre jours. Mais il n’est pas encore temps de parler de Yanonge. Patrick, ce jaloux de capitaine, mange l’eau et ses vagues. Tout à coup, loin devant, des géants bâtiments style colonial font surface. « Nous sommes arrivés », s’écrie « El Chapo », la blanche.  Yangambi est là, droit devant nous. Il ne reste plus qu’à accoster.

Il est 16 heures passées, une heure de plus qu’à Kinshasa. Le comité d’accueil est là. D’autres « blancs », et leurs 4×4. Ici, c’est un mélange d’émotions, entre amertumes et extase. L’air que l’on respire est divin. La vue y défie l’Eden. Mais juste à côté, le long de ce qui ressemble à un port, sans même débarquer du canot rapide, Yangambi tient à rappeler son chaos. Des bâtiments qui faisaient jadis sa gloire tiennent debout, mais dans un décor apocalyptique. « Il y a encore des machines dedans », nous explique un blanc que nous surnommerons « Rasta ».

Il faut une dizaine de Kilomètres pour quitter le port de Yangambi et rejoindre la mission catholique. La Paroisse Notre-Dame de l’Assomption surplombe la cité. Elle abrite également le seul hôtel 2 étoiles filantes du coin. On s’installe. La nuitée est payée à 30 USD, aux frais de l’EU. Les lieux sont très propres, même si l’eau ne coule, et que les toilettes sont à l’extérieur des chambres. Kinois s’assumant, des plaintes commencent alors à pleuvoir, nous sommes dès lors loin de la civilisation. Sauf moi bien sûr [lol], je prends les choses avec romantisme.  « El chapo » passera son temps à m’en dissuader.

Une cité des dieux

C’est ainsi que nous sommes arrivés à Yangambi, dans le Nord-Est de la RDC, au cœur du bassin du Congo. Pour ceux qui ont manqué les deux premières parties de notre dossier, sachez que cette station de recherche fut un centre florissant pour l’étude de l’agriculture et de l’exploitation forestière tropicale. De sa création dans les années 1930 à l’indépendance, l’institut imaginé par des colons belges accueillait plus de 700 scientifiques et techniciens qui travaillaient dans des installations de recherche de premier ordre, en disposant du plus important herbarium d’Afrique centrale, d’un xylarium et d’une bibliothèque très fournie. Il y avait également la conversion de vastes étendues forestières au profit de l’agriculture, les plantations d’hévéas, de palmiers à huile, de bananiers et de caféiers des alentours servaient pour l’amélioration des plantes et pour tester des innovations techniques.

Mais, comme un peu partout au Congo, des décennies d’instabilité politique et de conflit ont causé des dégâts, et en dépit des efforts faits par l’État congolais pour que le centre continue à fonctionner, il reste bien peu des années glorieuses de Yangambi. Par ailleurs, outre la station de recherche, une population tente également bien que mal de vivre dans ces ruines. Selon le CIFOR, la plupart des ménages dépendent de l’exploitation des ressources naturelles pour leur subsistance : exploitation forestière, chasse, pêche et agriculture itinérante sur brûlis. Tout ceci exerce une pression énorme sur la forêt environnante, dont une partie a été déclarée Réserve de biosphère en 1976.

En 2017, un projet financé avec les ressources du XIe Fonds européen de développement est venu à la rescousse de la cité et de ses habitants, mais également des communautés scientifiques tant du monde que de tout le pays sous plusieurs facettes. Près de trois ans après son lancement, le projet Formation, Recherche et Environnement dans la Tshopo (FORETS), coordonné par le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) et ses partenaires, a créé plus de 600 emplois directs, formé plus de 220 étudiants de troisième cycle, restauré près de 300 hectares de terres dégradées, et planté environ 300,000 arbres.

« Batela nzamba, lona nzete »

Le jeudi 5 décembre, le réveil était plein d’enthousiasme à Yangambi. C’est la journée nationale de l’arbre. Nous suivons un des programmes du projet. Des jeunes gens qui sortent de l’Université de Kisangani dans le domaine de forêts sont embauchés pour sensibiliser les enfants des habitants de Yangambi aux enjeux écologiques. A l’Ecole Primaire de Lusambila, une salle de classe est remplie. C’est la 4ème Primaire. Un rétroprojecteur se cogne au mur. Il lui transmet des images d’illustrations. Des enfants doivent répondre à deux questions. Elles tournent toutes autour de l’écologie, l’environnement et le réchauffement climatique.

« Je t’aime, Forêts, Cifor », doivent-ils chanter à l’unisson quand l’un des leurs camarades répond à une question du moniteur. Tout est expliqué en lingala, la langue à l’usage à Yangambi, aux côtés d’une fine partie de Swahili. Mais les élèves ne sont pas seuls à être attirés. Les fenêtres de la salle de classe sont inondées d’autres enfants et adultes curieux. Il faut dire qu’à Yangambi, la peau blanche jouit encore de l’émerveillement datant.  « Batela zamba, lona nzete [protégeons la forêt, cultivons l’arbre ». Vers midi, ils sont tous dehors, ces enfants insouciants, qui entourent leur camarade qui tient une petite plante entre ses mains. Il doit la planter, avec l’aide de leur Directeur, assez atypique. Durant trois jours, ces « vulgarisateurs » de CIFOR reviendront ici pour continuer leurs activités.

Quand il termine son discours éloquent, le Directeur révèle ses talents d’animateur. Il sort alors tous les élèves, les aligne en file indien et commence l’échauffement. Ils sont alignés de part et d’autre d’une tribune d’honneur. Sous cette tente qui fui le soleil en colère, se cachent les autorités de la cité et l’invité de marque, le Professeur Posho Ndola Boniface, Directeur du centre de Recherche de Institut de l’Environnement et Recherches Agricoles (INERA). Il est également notre principale attraction au cœur de cette visite. Mais il faut le laisser d’abord planter son arbre. Mais avant, il se met à enseigner l’écologie, expliquant aux élèves et à l’assistance tout le bien fondé d’une telle initiative.

Juste après, la haute classe de Yangambi s’invite : de l’administrateur du territoire en passant même par un étrange leader des jeunes qui n’en était pas du tout. Tous  soutiennent la journée « internationale » de l’arbre, même si elle n’est que nationale. Mais l’enthousiasme est là. Et certains d’entre-deux se sentent déjà prêts à reboiser toute la planète. Mission accomplie donc.  

« L’INERA n’est pas mort »

Le Professeur Posho a demandé à faire un break, avant de nous recevoir dans ses bureaux de l’INERA. En attendant, il faut manger. « Maman Angel », est la Cheffe du coin. Elle prépare pour la quasi-totalité du personnel du projet sur place, développant une firme commerciale. Elle aurait une marmite d’or. L’éternel doute kinois ne demande qu’à voir. Dans une maison pre-construite par l’UE, à la « Base vie », le quartier général du projet à Yangambi, nous sommes installés, prêt à en finir avec du FUFU local, des bananes plantins, viande boucanée et du Pondu [feuille de manioc]. Et la blanche, « El chapo », montre son autre visage. Elle siphonne assez tranquillement cette cuisine congolaise qu’elle apprécie, promettant même un jour de préparer le célèbre  «Ngayi-ngayi [oseille]». Le ventre rempli pouvait alors écouter. La petite pause nous reconstitue, nous voilà, aux environs de 15h, en route les bureaux du professeur Posho.

A 10 minutes de notre logement, un bâtiment géant nargue le fleuve Congo. Il lui donne le dos et ne le regarde que par ses vitres dont beaucoup sont absentes. Il s’y débat une nostalgie. Tel un vieil homme qui a tout vécu et fait face au temps, en attendant le crépuscule. C’est la bibliothèque centrale de l’INERA. Le Directeur n’est pas encore là. A l’entrée, c’est un choc. Les belges nous tirent les oreilles. Pour un édifice construit à 50 ans d’écart, l’immeuble intelligent de Kinshasa y prendrait bien des cours. Sur un mur à l’entrée, une carte de la cité, datant de l’époque coloniale. On y voit alors toute la décadence d’un pays. Tant, ici, le Roi Léopold III des Belges qui a imaginé ces lieux, avaient tout prévu. Ces vestiges du passé, tant en avance sur notre temps, interpelleraient les morts sur le gâchis dont les Congolais ont fait du Congo.  A deux mètres, une salle de lecture, le meuble est en bois, datant surement de l’époque coloniale. Mais la finition reste aussi juvénile…

Posho arrive, il nous traine dans ses bureaux. Non. D’abord dans un sort d’anti-chambre, une grande table ronde dans une salle où la lumière a du mal à se frayer un chemin. Sur un mur, une géante carte du Congo. De l’autre côté, des meubles que l’on trouverait dans n’importe quel bureau des années wolowolo [expression lingala voulant dire années inconnues, ndlr]. De là, le Directeur décide de nous emmener dans ses bureaux, où a lieu l’interview ; non sans un bref bavardage, où chacun se présente comme dans un club de rencontres, mais avec beaucoup d’amabilités.

Posho a avalé toute la botanique dans son ventre. Il a également la forêt tropicale comme seconde langue. Mais bien plus, ce professeur est surtout épris d’un amour profond pour ces lieux qu’ils expliquent. « L’INERA n’est pas mort », dément-il, avant s’expliquer que le pays, la RDC, n’a pas « tiré profit » des réalisations de cet institut.

En sortant de ce bâtiment, comme en sortant d’une séance d’exorcisme où chacun retrouvait ses esprits, on maudissait alors ceux qui ont dirigé ce pays depuis l’indépendance, y compris ceux qui ne parlent guère de ce centre qui continuent pourtant d’exister. 

Tout à coup, le soleil a sommeil. Ici, les distances sont très longues. Et rares sont des passants. En rentrant, un petit marché tente de rivaliser avec le boucan de Kinshasa. C’est comme ça que les « Yangambiens » font leur ambiance. Ici, la bière n’est pas reine. On parle alors de « MEGA [allusion faite aux megabytes, données mobiles», de l’alcool frelaté ou même de très basse qualité importé depuis Kisangani. Ils « rechargent », tels des téléphones, pour « naviguer », s’envoler, oublier une vie où l’avenir reste tant imprévisible que sombre comme les profondeurs de ce fleuve Congo qui les délimitent de la civilisation, telle une prison à ciel ouvert.

Yangambi est bâtit sur des terres du Centre de recherche. Ici, nul ne peut acheter un terrain. Des espaces furent certes réservés, dès le commencement, aux autochtones, mais seulement pour l’agriculture. Il n’y a donc ni maison privée, ni banque, ni bureaux privés à Yangambi. L’INERA est le seul employeur. Ceux qui rêvent d’autres choses que cultiver les champs pour produire du bois énergie, en s’attaquant parfois à une forêt protégée, sont donc condamnés à l’exile. Mais il n’y a que très rarement de bateaux. Certains prennent alors des pirogues motorisées, mettant cap vers Kisangani. Les plus inventifs se laissent emporter par le fleuve qui pourrait les cracher partout à travers sa route vers Kinshasa.

Quant à nous, après le repas du soir avec El Chapo, nous regagnons notre hôtel aux étoiles filantes. Le soir, les prêtres allument leur générateur, le temps de charger nos batteries. Yangambi n’a ni eaux potables, ni électricité. Quand le générateur est coupé à 23h, morphée reste seul éveillé sur la colline, nous emportant dans un sommeil. Dehors, la nature seule est en festivale. Aucune radio, ni prédication n’ose provoquer de pollution sonore…

Moi. En vrai, je suis plus beau…

Au cœur de la forêt

Le vendredi 6 décembre, c’est la journée où il faut palper le vrai. Yangambi est d’abord une réserve forestière. Pour mieux comprendre la réalité, El Chapo fait appelle à Brice Djiofack, un camerounais qui n’a su résister à la beauté des Forêts Congolaises. Il embarque, avec lui, deux autres locaux, fins connaisseurs de cette forêt.  La jungle n’a pas d’amis. Pour l’affronter, il faut s’équiper. El chapo nous avait fait un mail insistant sur les chassures qu’il faut mettre, des « bottes ». Mais en bons kinois, nul n’a pensé aux chaussettes. Monsieur François vient nous prendre le matin. Un chauffeur aussi charmant qu’intéressant. En route, on croise un jeune homme qui nous lance « bomèngo obè bino moko eh [le bonheur à vous seuls] ». Interpellant. Mais la forêt nous attend.

Loin d’être une épreuve, nous y voyons surtout une aventure. Mais la réalité nous rattrape. François nous balance à peine à l’entrée. Brice prend le devant, en file indien, El Chapo devant moi, nous suivons. Même si la meute Kinoise agace. Elle est lente, elle traîne, s’arrête tout le temps pour filmer ce qui n’était prévu. Mais il faut la comprendre. Si Tarzan nous a montré la forêt, la réalité est éblouissante : elle est d’une belle laideur. Et les conditions sont bonnes, même s’il a plu dans la nuit. La boue nous accompagne.

Après 15 minutes de marche, nous sommes devant l’arbre de l’authenticité de la Réserve de Yangambi. Deux Rois de belges sont arrivés ici avec leurs invités spéciaux. Brice tente de nous expliquer. Très sérieux scientifique, il évite surtout de se tromper. Mais il est très utile, avec sa corpulence de Randy Orton. La pause dure 5 minutes ; nous reprenons la marche vers un énorme puis au beau milieu de la jungle. Mais détrompez-vous. El Chapo n’y fabrique pas de la Coca.

Ici, sera érigé la toute première « Tour de flux » dans une forêt congolaise. En effet, autour de ce grand projet FORETS du CIFOR et de l’Union Européenne, s’articulent plusieurs autres initiatives tels de satellites autour des planètes. Ici, en pleine réserve de Yangambi, un programme dit «Yangambi Pôle Scientifique (YPS), vise à promouvoir la gestion participative de la Réserve de biosphère au bénéfice des populations riveraines et de la communauté scientifique nationale et internationale. « Son objective est de révéler le potentiel de Yangambi pour devenir un pôle scientifique de référence en matière de données de stockage de carbone, favorisant et développant la recherche en matière de biodiversité et de changement climatique tout en garantissant la création des moyens de subsistance et la préservation des ressources naturelles », explique Brice.  

El Chapo à gauche de l’écran.

Ainsi, l’Université de Gand (Belgique), prévoit l’installation d’une tour de flux de covariance des turbulences. Atteignant une hauteur au-dessus du couvert forestier, cette structure fournira des données continues et précises sur les échanges de gaz à effet de serre (CO2, N2O, CH4 et H2O) entre l’atmosphère et la forêt. « Elle tour sera la première de ce type dans le bassin du Congo, et comblera donc un énorme déficit de données », ajute Brice qui se tient debout à côté d’un trou béant. Les travaux avancent bien, observe-t-on, alors que la tour est attendue pour mars 2020. « Les données produites, qui seront ouvertes et gratuites pour la communauté scientifique, seront utilisées pour mieux comprendre le rôle que les forêts jouent dans la séquestration du carbone et l’atténuation du changement climatique, ainsi que pour suivre l’impact du processus REDD+ dans les pays du bassin du Congo », poursuit notre guide Camerounais.

Vue aérienne du lieu où sera construite la Tour à flux à Yangambi.
Photo par Axel Fassio/CIFORrrcifor.orgrrforestsnews.cifor.org

Cette initiative, coordonné par le CIFOR, l’Université de Gand et l’École Régionale Postuniversitaire d’Aménagement et de Gestion intégrés des Forêts et Territoires tropicaux (ERAIFT), est financée par la Belgique à travers une coopération déléguée à l’Union européenne. Elle incarne donc la possibilité de voir d’autres partenaires s’appuyer de l’initiative FORETS, pour améliorer la situation de Yangambi.

El Chapo a une endurance d’Alexandre Le Grand quand il tente d’escalader les Hindou Kouch. J’étais le seul à maintenir le rythme derrière eux. Mes bottes tailladaient néanmoins mes pieds. Je soigne encore aujourd’hui des petites plaies. Nous quittons le site de la tour, en direction opposée. Nous étions dans la partie « non aménagée » de la forêt, donc naturelle. Mais en face, ce n’était pas le cas.  Brice nous amène voir une merveille.  Le temps de regagner le véhicule qui nous attendait à une trentaine de minutes de marche, nous roulons alors vers l’autre côté. J’en profite pour mettre mes boutes à 140 USD achetées la veille de mon départ chez Decathlon à Kinshasa. Là, je suis invincible. Avec mon sac à dos que j’abandonne finalement dans le 4×4, j’en tire des leçons.

En parlant de « merveille ». Il y a une soixantaine d’années, lorsque ce Centre de Yangambi était à son apogée, des chercheurs belges ont entrepris de sauver l’Afrormosia, arbre favori des designers du milieu du XXème siècle, l’essence « Pericopsis elata » est appréciée pour sa couleur, ses propriétés résistantes et sa capacité à résister aux termites et aux intempéries. Mais cet arbre, qui peut atteindre jusqu’à 50-60 mètres de haut dans certaines forêts d’Afrique centrale et de l’ouest, a laissé les forestiers perplexes pendant des décennies à cause de son incapacité apparente de régénérer naturellement de manière efficace sous la canopée forestière. Aujourd’hui, il est en voie de disparition, classé comme espèce en danger et fortement règlementée dans le commerce international, le rendant alors précieux.

Cependant, il y a une soixantaine d’années, quand le Centre de Yangambi était encore le Jérusalem des chercheurs en Forête tropicales, des études poussées ont été menées pour trouver un moyen de pouvoir aider cette espèce à se régénérer. Dans l’espace « aménagé » de la réserve de Yangambi, Brice nous explique que ces recherches qui se sont certes arrêtées, ont néanmoins produit des résultats époustouflants.  « Dans la plupart de ces populations, la régénération naturelle de cette essence demeure difficile. Ici à Yangambi, nous avons trouvé des poches de régénération naturelle résultant des travaux d’aménagement effectués par les chercheurs belges il y a plus de 60 ans. Le mystère est que les approches sylvicoles appliquées à l’époque par ces chercheurs ne sont pas détaillées, et nous essayons de les décrire au mieux, » explique Brice.

Il tient alors une ancienne carte retrouvée dans la bibliothèque du Centre de Yangambi. Ici, c’est tout un trésor qui détient le secret pour résoudre le mystère de la sauvegarde de l’Afrormosia. Mais le temps est passé par là. Les chercheurs belges n’étant plus de ce monde, leur documentation est introuvable. En combinant la technologie de l’information géographique moderne avec ce type des cartes historiques délicates découvertes dans la bibliothèque, Brice cherche à percer le mystère, afin de décrire des approches sylvicoles adaptées à Afrormosia, conduisant à l’amélioration des connaissances scientifiques sur les techniques de régénération naturelle de cette espèce.

Trêve de discours Brice, il parle beaucoup, emporté par la passion qui traverse ses yeux telle une nymphe qui voit son Prince charmant pour la première fois. Nous voilà en route pour constater nous-mêmes les travaux historiques des chercheurs belges. En marchant, durant une vingtaine de minutes, Brice nous dit que nous sommes arrivés. Ici, le projet FORETS suit scrupuleusement l’évolution de ces arbres que l’œil novice trouve normaux. Mais c’est des Afrormosia « jeunes » et vieux de 60 ans qui cohabitent. Brice explique que cette situation est unique au monde dans un milieu « naturel ». Les recherches des belges ont semble-il donné des fruits. Car, ces jeunes arbres réussissent à se s’auto-régénérer.

La recherche autour des Afrormosia est l’une des priorités du projet FORETS. A notre arrivée à Kisangani quelques jours avant de mettre cap vers Yangambi, nous avions été visités des « dispositifs expérimentaux » dans une concession à 8KM de l’aéroport de la ville. Là-bas, le projet tente de percer le mystère des Afrormosia en les plantant dans un milieu beaucoup plus artificiel, spécialement aménagé. Le projet étant tenu en partenariat avec l’Université de Kisangani, des jeunes chercheurs issus à peine de l’Université sont alors incorporés, où ils apprennent dans la vraie réalité. Nous y reviendrons. Bruce vient de terminer sa tournée.

L’herbier du Congo

Axel Fassio/CIFOR cifor.org forestsnews.cifor.org

Il était 14h passées lorsque Brice et El Chapo, la Blanche, nous extirpent de la forêt. Papa François nous attendait. Mais nos corps kinois, habitués au moindre effort, étaient sur le point de lâcher. Un divorce irrémédiable entre la volonté de continuer et la force d’y arriver. Il était alors clair que nous en avion eu pour notre compte. Mais il fallait terminer la journée de l’autre côté opposé de la cité, où, une fois de plus projet FORETS opère des miracles. Pause s’il vous plait. Nous rentrons à la « Base vie » pour notre séance de « Fufu », avant de reprendre.

16 heures passées. Tlaloc a toujours un regard sur la cité où il fait précipiter des fines pluies. Mais Apollon lui tient tête. De cet affrontement, un climat d’amoureux nous accompagne sur les routes très accidentées de Yangambi. La fameuse Toyota « Don du Koweit » que conduit Papa François n’a peur de cabosses, mais nous met tête à l’envers tout au long de notre parcours. Heureusement, ça ne dure pas. Nous sommes à la Pépinière d’Isalowe. Ici, le projet FORETS y prépare des Acacia, qui seront bientôt plantés pas des habitants.  Nous y reviendrons plus tard.  La pépinière n’étant que la porte d’entrée vers d’autres merveilles de Yangambi.

Un peu plus loin, un grand panneau prétentieux annonce les couleurs. « Laboratoire de biologie du bois », flanqué de plusieurs logos dont ceux de l’UE, de CIFOR et du drapeau de la RDC. Si chacun de ces organismes tentent d’en revendiquer quelque chose, c’est parce que cet endroit est une pure merveille. Toujours dans le cadre du projet FORETS, des bailleurs internationaux ont simplement mis en place, ici, en plein cœur de Yangambi, le plus grand laboratoire de biologie de bois de l’Afrique subsaharienne. Brice en est fier comme un petit garçon. Il nous fait la visite.

A l’intérieur, un jeune-homme qui prend scrupuleusement soin de ses cheveux nous fait la démonstration. C’est un cas. « Ce laboratoire, nous expliquera-t-il, a changé sa vie. » De l’autre côté, Donatien Nsekena, un des spécialistes du laboratoire. Avec prétention, il explique qu’il a été sérieusement formé à Madagascar à l’utilisation de ce labo ultra-moderne, dans le cadre du projet FORETS. Il ne fallait qu’une petite question pour qu’il se lance dans une diarrhée verbale autour de la biologie du bois dont il est non seulement passionné, mais en maîtrise tout un rayon.

Game over pour Brice. Il s’arrête ici. Sa bienveillante compagnie doit laisser place à celle d’un autre. En face du laboratoire, se trouve un bâtiment qui date des années 1930, à la fondation même ces lieux. Il est le symbole même de la gloire de ce centre de recherche. Nous sommes à l’Herbarium National du Congo. Calmez-vous, on vous explique. Quand il eut sa vision pour la recherche des forêts  tropicale, tel Jean qui apprend l’arrive du Christ, outre le grand centre de recherche, les Roi des belges Léopold III en a profité pour créer l’un des plus grands herbiers au monde à l’époque, abritant la plus grande collection de plantes séchées d’Afrique centrale. En fait, 15% de ses 150 000 spécimens sont si rares qu’ils ne peuvent être trouvés qu’ici.

Mais le temps, l’autre nom de Dieu, est passé par là. Avec tout son lot de fléaux que le Congo a connu. Les efforts l’INERA et des autorités congolaises n’ont pas suffi à maintenir le centre en activité, l’endroit se meurt alors à petit feu jusqu’en 2017. L’INERA et le Jardin botanique Meise (Belgique), profitant de l’arrivée du projet FORETS, volent au secours de l’herbier congolais, améliorant son infrastructure et son personnel, tout en facilitant la recherche sur le site.

L’herbier était tellement à l’agonie que des rénovations ont été entreprises pour un nouveau toit, des fenêtres,  des portes et un réservoir d’eau – son personnel sera bientôt formé aux techniques de conservation modernes et aux nouvelles technologies. Car si tout a été préservé, malgré la longue hécatombe du temps, ici, beaucoup n’ont pas connu l’ère internet. Zuckberg passerait pour un charcutier. « Une collection de 15 milles espèces de feuilles dans l’herbarium, c’est bien plus qu’un scandale géologique », s’est émerveillait Bart Ouvry, Ambassadeur de l’Union Européenne en RDC, à l’inauguration des lieux en 2018, à l’issue des travaux,

 « Nous sommes les gardiens du passé, du président et du futur du Congo », affirme prétentieusement        Elasi Ramazani, le Directeur de l’herbarium, qui vous fait une visite guidée. Depuis l’inauguration, les travaux de digitalisation sont toujours en cours. Des jeunes gens, surtout des femmes, s’attèlent à la tâche, un peu trop synchronisés pour nos caméras. Mais Ramazani qui ne doit surement avoir de vie en dehors cet endroit, y va à fond. Lui, quand il parle, on y ressort un emberlificoteur assidu ; expliquant que malgré les rénovations, cet endroit précieux a encore besoin d’aide et des interventions, surtout celle de l’Etat congolais.

Nous tendions vers 17 heures à notre retour à la « base vie » pour le repas du soir. Le pèlerinage en forêt, mais également ce tour à l’herbier nous avait tellement émerveillé que toute la conversation du soir tournait autour. Et El Chapo prouvait alors que l’on aurait pu la surnommer « Kimpa Nvita ». Tant, dans ses yeux, quand elle parlait du Congo et de ses forêts, seule sa diction rappelait encore ses origines mexicaines. D’ailleurs, dans ce passage, loin du Congo moderne, nous croiseront souvent des gens d’autres cieux témoigner tant d’amour pour cette contrée que tout nationalisme arriverait à un point de ridicule profond…

Dernier round avant le départ

Au 7 décembre, la journée commence par une tournée dans le cœur de Yangambi. C’était le premier contact officiel avec des habitants de la cité.  Toutes les terres de la cité appartiennent à l’Etat. Les habitants y vivent, avec l’impossible d’en acquérir. Mais les initiateurs ont anticipé le problème. A la création de la réserve, des espaces ont été spécifiquement réservés aux populations pour exploitations. Elles y produisaient ainsi des denrées qu’elles consommaient ou exportaient, créant et maintenant une certaine économique locale. Mais avec les temps, ces terres-là sont entrées en jachères. De plus en plus d’habitants migraient alors vers les aires protégés de Yangambi, exerçant une pression de plus en plus grandissante sur la réserve.

En 2017, le CIFOR et l’UE se lancent d’une une initiative ambitieuse visant à remédier à la problématique. Car en effet, ce grand projet a comme objectifs spécifiques outre la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité et des services écosystémiques, le développement économique local dans la région. Ainsi, Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) travaille avec le Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC) et l’entreprise Resources and Synergies Development (R&SD) autour d’une vaste campagne pour créer des plantations d’arbres. Mais la plupart des arbres plantés sont des acacias (Acacia auriculiformis), espèce à croissance rapide, réputée notamment pour la restauration de la fertilité des sols.  

Elle est également utilisée comme bois de combustion (énergie). Cet arbre peut aussi servir à construire des barrières de protection autour des villages et des champs (cela grâce aux épines pointues qui se trouvent sur les branches de l’Acacia. « Ces plantations produiront de la biomasse pour fournir de l’électricité aux communautés avoisinantes, créer de nouvelles opportunités économiques et offrir des emplois pour la population locale », explique Martin Van Hulle qui coordonne le projet de plantations pour R&SD.

Pour le CIFOR, c’est une initiative « gagnant-gagnant » pour la population et l’environnement. « Nous soutenons l’économie locale en utilisant des terres dégradées pour répondre à la demande en énergie et soulager la pression exercée sur les forêts primaires», explique Collins Fai, facilitateur du terrain du projet FORETS. 

De la récolte des graines à la mise en terre et à l’entretien des arbres, ces plantations ont besoin d’une main-d’œuvre à tous les niveaux. « Nous avons embauché des gardes de sécurité, des journaliers, des chauffeurs, des techniciens locaux et bien d’autres personnes », note M. Fai M.  Tenez, les habitants sont payés pour planter des arbres sur des « parcelles » qui leur sont confiées par l’INERA. A maturité, ils seront utilisés notamment comme bois énergie, pour la fabrication du charbon, l’une des matières premières exportées largement par cette région. A terme, les Acacia pourront alors restaurer les terres que les populations pourront alors utiliser pour l’agriculture.  « Nous avons commencé en récoltant des graines, puis en faisant pousser les arbres en pépinière en 2017. La première transplantation a eu lieu en 2018 », explique de son côté Martin Van Hulle, qui note que près de 300.000 arbres ont déjà été plantés. « Nous avons déjà formé des ouvriers locaux et développé un système qui fonctionne, et nous sommes prêts à passer à l’échelle supérieure. »

Mais autour de ce programme assez astucieux, le CIFOR vise également l’électrification de Yangambi. Car outre l’eau potable qui n’y est pas. La cité est dans le noir. Mais le projet FORETS voit grand. Une centrale bio est prévue dans l’avenir pour électrifier la cité. La biomasse produite par les différentes plantations pourront alors y être recyclées.  Avec Martin, nous passerons la journée à palper les Acacia. Rien de spectaculaire quand on n’a pas une vue d’ensemble. Mais le fond, surtout la passion transmise par cette communauté aussi fougueuse qu’insouciante force le respect. Jamais, au Congo, des gens n’ont été tant sûrs de leur fait. C’est donc ainsi, ici, à Yangambi, que monde tente de prendre le citron le plus acide, le plus amer que la vie ait produit, pour en faire une limonade.  

Au quartier Lusambila, jadis conçu pour des travailleurs du centre de Recherche, nous allons à la rencontre des ceux qui ont participé au projet. Un jeune homme en a même profité pour devenir entrepreneur. De sa paie de la culture des Acacia, il s’est acheté une machine à moudre. Un peu plus loin, une dame témoigne du changement. Un autre homme parle de l’avenir.

Angèle est une des bénéficiaires du programme de reboisement.

Il serait imprudent de romantiser ce que vivent les gens de cette cité, ni la vie des travailleurs du CIFOR. Brice, nous explique-t-il, a eu à manger, chaque jour pendant un mois, une Chikwangue et une boite de sardine, alors qu’il devait suivre les travaux dans la forêt. D’autres ont connu pire. L’ensemble de l’eau potable est un véritable fléeau. Les distances sont immenses et les routes sont mauvaises. Il faudra y ajouter également les difficultés socio-politiques que peuvent rencontrer tant les initiateurs du projet, que les autochtones. A Yangambi, l’Etat congolais est le même : absent ou laborieux. Mais dans les yeux de chaque acteur qui intervient ici, et surtout dans ceux des populations locales, ont y sent surtout une résilience à défier les montagnes : ils se mettre debout sous un lit ! De cette détermination à réussir, à sortir Yangambi de son agonie, naît un admirable espoir qui pourrait transformer l’eau en vin. Durant notre passage, nous y avons croisé tout, le passé, le chaos, la désolation, mais beaucoup plus, la route vers le futur. Un futur qui lie le destin de Yangambi à celui du reste du monde. Un destin qui lie l’avenir des forêts à celui du Congo même.

Vous lirez notre départ au 8 décembre dans le dernier épisode à venir.

Litsani Choukran.

4 comments
  1. Très bien écrit, vous décrivez ce que vous avez vu avec tant de talent, ça se voit que vous avez  » kiffé « , nous avons un pays magnifique, je ne connaissais pas cette endroit mais grâce à vous j’ai eu l’impression d’y être. La forêt est une grande richesse, préservons là, car elle est l’âme de ce pays comme le fleuve est son sang. Hâte de lire la suite. Merci pour ce voyage partagé.

  2. Je regrette de ne pas faire parti d’une telle expédition, la forêt que vous explorez, était notre cours de jeu, et on s’y fendait sans les bottes 👢 que vous devez avoir impérativement, on y allait les pieds nu et ensuite on devait s’extraire les épines qui avaient perforé les plantes de ces pieds d’enfants innocents. Tu m’enlève les miens, je t’en levés les tiens, ainsi de suite. On faisait parti du décors de cette forêt enfants de médecins qu’on était, accompagné d’enfant d’ouvriers, maîtres des lieux…. J’ai tant d’histoire à raconter de cette citée paradisiaque, que je ne saurai pour l’instant, j’espère vous rencontrer un jours pour vous faire part de mon expérience qui est enfoui dans ma mémoire. Et que je je ne rate pas une ocassion quand elle se présente de la dévaler. J’en ai des larmes aux yeux, j’espère vous rencontrer et surtout revoir ce parc de mon enfance .

  3. Mon père était médecin directeur du grand hôpital de l’ INERA se situant derierre le centre de recherche à la cité likango non loin de la paroisse catholique. On habitait la deuxième villa après ce bel hôpital, qui je le pense était la plus grande de toute la cité de yangambi, si bien que papa l’avait surnommée, m’ont galiema… C’était les dernier instant de l’apogée de cette cité, et je l’ai vécu. Il y avait encore de l’électricité, l’eau potable on devait la chercher à la source. Je crois que je n’ai pas encore oublier le chemin qui y mène… Holala !

Comments are closed.

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading