Kinshasa : quand les morgues et les cimetières se muent en de vrais centres de négoce

La ville de Kinshasa a ses us et coutumes qui constituent toute une culture propre à elle. Parmi les éléments de cette culture, il y a aussi la manière de faire le deuil, de rendre des derniers hommages à des personnes chères.

Depuis 2020, à la lumière des mesures restrictives contre la pandémie de COVID-19, les choses ont bien changé notamment les cérémonies funéraires.

En effet, depuis l’année sus évoquée, les dépouilles ne sont plus exposées la nuit comme avant. Elles sont illico acheminées au cimetière après quelques minutes de recueillement à la morgue. Ce qui fait des morgues des centres névralgiques de l’organisation des deuils à Kinshasa.

Publicité

Les morgues à Kin, les rendez-vous du donner et du recevoir

Nous sommes samedi 16 mars. Devant la morgue de l’hôpital militaire Tshatshi, récemment réhabilité, c’est un monde fou. Sous un arbre à l’abri du soleil ardent qui frappe la mégapole congolaise, des activités économiques s’y développent. Déjà, vu le nombre important de corps à sortir de froid, il faut s’asseoir. Un citoyen congolais s’est arrangé à disponibiliser plus de 60 chaises à louer pour 500 FC. Le calcul simple donne 30 000 FC, autant de fois que les familles et connaissances défileront.

A côté de cette activité, il y a le commerce de la boisson en plastique. Si dans la cité elle se négocie à 500 FC, à la morgue de l’hôpital Tshatshi le coût varie entre 800 et 1000 FC. Sans compter les vendeurs des papiers mouchoirs, les restaurants de fortune… Le tout dans une ambiance marquée par les rotations de proches des corps gardés qui étaient à 21 ce samedi, selon les services de l’hôpital. Le seul hic, la question de l’assainissement n’est pas totalement bien prise en charge.

Quand les cimetières se transforment en centres de négoce

La même ambiance commerciale est à constater devant les entrées des cimetières. Nous sommes au cimetière dénommé Nsele Bambous, dans la commune de la Nsele à Kinshasa. A l’entrée, les yeux sont rapidement frappés par tout un écosystème économique qu’il y a. Les produits locaux comme le vin de palme, les poissons fumés, les arachides, les feuilles de manioc sont vendus à la crié et en vogue. Il y a aussi des débits de boissons qui sont constatés, les lieux de repos pour ceux qui accompagnent les corps pendant qu’un groupe participe à l’inhumation.

A côté des moments douloureux qui marquent certains esprits aux moments des obsèques, il y a ceux qui en font la source de revenus et subviennent à leurs besoins, mais aussi à ceux de leurs dépendants.

F.Joseph

Recevez l'actualité directement dans votre email

En appuyant sur le bouton S'abonner, vous confirmez que vous avez lu et accepté notre Politique de confidentialité et notre Conditions d'utilisation
Publicité

En savoir plus sur Politico.cd

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading