Conflit intercommunautaire à Kisangani : MSF apporte un soutien médico-humanitaire à près de 5000 ménages

4.858 ménages ayant fui le conflit intercommunautaire de Lubunga à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo ont bénéficié d’une assistance sanitaire de l’ONG internationale Médecins Sans Frontières (MSF). C’est ce qu’indique un communiqué de presse de l’organisation parvenu à POLITICO.CD.

Un conflit foncier oppose, depuis février 2023, les communautés Lengola aux Mbole dans la commune urbano-rurale de Lubunga, à Kisangani. Selon les autorités provinciales de la Tshopo contactées par MSF, ce conflit a déjà fait plus de 500 morts et 700 cases incendiées à ce jour.

Des milliers de personnes déplacées continuent à faire face aux intempéries, à la faim et aux mauvaises conditions d’hygiène qui les exposent à diverses maladies. Médecins Sans Frontières a lancé une intervention pour répondre à leurs besoins vitaux.

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Des morts et des dégâts matériels

Après environ deux mois d’accalmie, les hostilités ont repris début janvier ; des cases incendiées, 5 autres personnes tuées, 3 blessés graves pris en charge par MSF dont une fillette de 6 ans amputée de ses deux membres supérieurs.

« J’étais encore au lit quand des hommes armés ont sauvagement pénétré dans ma maison », témoigne Mireille, une quinquagénaire admise à l’hôpital générale de référence de Makiso à Kisangani, qui ajoute : « Je me suis agenouillée et leur ai suppliés de m’épargner. Ils n’ont rien voulu entendre et m’ont violemment frappée avant de m’amputer d’un bras ».

Cette dernière s’est déplacée depuis octobre 2023 suite au conflit intercommunautaire survenu dans la commune de Lubunga, dans la province de la Tshopo. Tout comme elle, Jeannot est interné dans le service de chirurgie de l’hôpital de Makiso où il suit son traitement.

« J’ai reçu sept coups de flèches dans le dos. Je les arrachais l’une après l’autre et je les ai jetées par terre. Ils m’ont ensuite frappée à la tête avec une machette avant de me traîner dans la brousse où ils m’ont impitoyablement torturée et abandonnée pour mort », raconte Jeannot en sanglotant le drame qu’il a vécu.

L’intervention de MSF

Des sources onusiennes estiment à 4.858 ménages, le nombre de déplacés internes à Kisangani à la suite de ce conflit intercommunautaire. Dépourvus de tout, leurs conditions de vie demeurent difficiles.

« J’ai brusquement quitté ma maison, à pied, avec ma femme et mes huit enfants. Tous nos biens sont restés ; les hostilités nous ont surpris pendant la nuit ; nous sommes dépourvus de tout. Nous dormons mal, je manque de moyens pour répondre aux besoins les plus élémentaires de ma famille », se plaint Papy, déplacé du village Obio depuis septembre 2023.

Face à la détérioration de la situation, MSF a répondu en intervenant d’urgence depuis décembre 2023, dans le secteur médico-humanitaire. Ses équipes assistent les populations déplacées et autochtones à travers des soins de santé de base au centre de santé SNCC et le traitement de blessés graves à l’hôpital général de référence de Makiso à Kisangani.

« A ce jour, 575 patients ont bénéficié des soins de santé de base offerts par MSF. 25 cas graves ont été référés à l’hôpital général de Lubunga et 58 enfants souffrant de malnutrition ont été soignés », explique Dr Gervais Mbogne, coordonnateur médical adjoint au sein de l’équipe de réponse aux urgences de MSF à Kisangani.

L’ONG internationale a également distribué des abris et matériels d’hygiène à 500 ménages sur les sites Sainte Marthe et Lukusa et a doté ces sites de quatre latrines pour améliorer les conditions d’hygiène. En plus de l’engagement de quelques acteurs, d’importants écarts en termes de réponse aux besoins en eau, nourriture, abris et soins de santé subsistent, notamment sur les mêmes sites.

Odon Bakumba

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