William Ruto répond à Kinshasa : « au Kenya nous n’arrêtons pas une personne à cause d’une déclaration »

Au sujet de la naissance d’un mouvement politico-militaire d’obédience insurrectionnelle, « Alliance du Fleuve congo » lancé depuis la ville de Nairobi par l’ancien président de la CENI, Corneille Nangaa et le M23, le président du Kenyan William Ruto s’est confié ce dimanche 17 décembre à la presse de son pays.

Face aux journalistes, William Ruto a rejeté les accusations de Kinshasa l’impliquant dans cette affaire, en évoquant la liberté d’expression comme principe fondamental que respecte son pays pour toute personne qui émet son opinion sur le territoire kényan.

« Nous sommes un pays démocratique, ici chez nous , personne ne demande l’autorisation avant de s’exprimer », a-t-il argué.

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« Kinshasa voulait qu’on arrête les individus qui ont fait une déclaration sur la RDC. On leur a dit que nous sommes un pays démocratique. ici au Kenya nous n’arrêtons pas une personne à cause d’une déclaration. Ici nous arrêtons des criminels », a-t-il ajouté.

Ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) entre 2015 et 2021, Corneille Nangaa a lancé vendredi 16 décembre dernier à Nairobi, un mouvement politico-militaire, allié au M23.

En réaction, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya a regretté de voir que Nangaa « qui était censé être plus que tout le monde défenseur de la démocratie », puisse pour des « appétits personnels », penser que les enfants congolais doivent mourir pour assouvir ses appétits d’arrivée au pouvoir.

Un pas vers la rupture diplomatique ?

Vingt quatre heures après l’annonce de la création de ce mouvement insurrectionnel dénommé « Alliance du Fleuve Congo», les ambassadeurs de la RDC accrédités respectivement à Nairobi au Kenya (dans le cadre bilatéral ) et celui en Tanzanie (dans le cadre de la Communauté est-africaine, EAC) ont été rappelés samedi dernier à Kinshasa pour consultations.

D’après les analystes des relations internationales, cette décision diplomatique prise par la RDC, paraît une mesure de rétorsion face à un complot régional forgé par plus d’un de ses partenaires en l’occurrence le Kenya, pour finaliser le projet mythique de balkanisation de son territoire.

Et si Kinshasa charcutait les accords signés avec le Kenya pour son intégrité ?

La récente histoire de la RDC et Kenya renseigne que le pays de Lumumba s’est montrée ouverte pour en rapprochement avec ce pays de l’Est de l’Afrique en pactisant sur plusieurs points d’intérêt bilatéral.

En avril 2021, les gouvernements congolais et kényan ont signé des accords de coopération couvrant différents secteurs notamment l’économie, la sécurité, la défense et le transport maritime.

Au mois d’août de l’année en cours, le Kenya et la RDC ont signé, un accord de coopération militaire à Goma dans la province du Nord-Kivu. Le Kenya a été représentée par Aden Barre Duale, ministre de la Défense nationale alors que la RDC a été conduite par le Vice-premier ministre de la Défense nationale, Jean-Pierre Bemba.

Pour les deux pays, cet accord constituait un acte concret qui renforce la coopération bilatérale entre ces deux pays dans le domaine de la défense. Cette coopération militaire comprend, entre autres, la formation des FARDC par l’armée kényane. Les premières unités sont déjà en formation à Kisangani (Tshopo).

Bien que la naissance de ce groupe armé sur le sol kényan soit considéré comme un affront au peuple congolais et une violation de la Charte de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à laquelle les deux pays appartiennent, Nairobi sert de cadre de négociations entre Kinshasa et ses groupes armés dans le cadre du processus de paix amorcé depuis l’année dernière.

Samuel Nakweti

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