RDC : Félix Tshisekedi accuse le Rwanda d’entretenir l’insécurité dans l’Est pour alimenter son économie

Au cours d’une conférence de presse conjointe animée jeudi 6 juillet à Kinshasa avec son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, le président de la RDC, Félix Tshisekedi a de nouveau dénoncé le soutien du Rwanda aux terroristes du M23, auteurs des crimes dans plusieurs villages dans la province du Nord-Kivu.

Alors qu’il répondait à une question pendante sur le refus de Kinshasa de discuter avec Kigali, Félix Tshisekedi a précisé que le Rwanda n’a jamais reconnu son implication dans l’instabilité de l’Est, car son économie en dépend.

« Le Rwanda n’a jamais reconnu ou si vous voulez, le Rwanda a toujours menti sur la vérité de ce qui est son agression contre la RDC. Il a toujours présenté le problème comme étant interne au Congo et les supplétifs du M23 comme étant des congolais qui sont révoltés à cause de ce qui arrive à leur communauté, mais tout le monde sait aujourd’hui que c’est un mensonge. Le Rwanda est le seul encore à nier cela et à continuer de dire qu’il n‘agresse pas la RDC malgré toutes les preuves et les documents qui attestent le contraire », a énoncé le Chef de l’Etat congolais.

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Pas de négociations avec les « pantins » du M23

Interrogé sur d’éventuelles négociations directes avec le M23, Félix Tshisekedi est resté catégorique. Il a révélé que la stratégie du Rwanda consiste à pousser la RDC à négocier avec un groupe du M23 alors qu’ils vont créer une dissidence en réserve pour poursuivre avec une guerre de prédation vitale pour son économie.

« Dans une telle situation, il est difficile de discuter avec le Rwanda puisqu’il renie son vrai rôle et qui plus est, veut nous ridiculiser en nous envoyant un groupuscule d’individus qui ne sont que de faire-valoir pour discuter avec gouvernement comme le nôtre, légitime et reconnu internationalement. Il nous envoie les supplétifs cherchant à ce que nous allions dans des discussions avec eux pour retomber dans le travers du passé. C’est-à-dire après les discussions, il va y avoir une scission dans ce groupe là, un groupe va venir en RDC essayer d’entrer dans les institutions principalement l’armée et l’autre groupe va faire dissidence pour rester en réserve et se préparer pour d’autres agressions parce que la réalité est que le Rwanda vit des agressions à répétition de la RDC. Cette instabilité entretenue en RDC profite énormément et économiquement au Rwanda. Voilà pourquoi le Rwanda ne voudra jamais discuter, voilà pourquoi la RDC refuse de discuter avec ces pantins qu’on nous présente comme des gens qui revendiquent quelque chose [le M23] », a rétorqué Félix Tshisekedi.

Malgré les dénégations rwandaises, les experts de l’ONU continuent de présenter des preuves du soutien actif de Kigali au mouvement armé du M23 dans l’est de la RDC.

Le 19 juin, le groupe d’experts de l’ONU sur la RDC a présenté au Conseil de sécurité son rapport final après une année d’enquête. Dans la continuité des précédents rapports, et notamment le rapport intermédiaire de décembre, les experts onusiens affirment avoir collecté des éléments supplémentaires sur cette implication de l’armée rwandaise dans la province congolaise du Nord-Kivu.

Ils ont affirmé que les forces rwandaises ont renforcé les rangs du M23 à plusieurs reprises pour contrôler des points stratégiques. Ainsi, par les événements cités, dans les localités de Kishishe et Bambu, dans le territoire du Rutshuru, leur présence est constatée avant et après la prise de ces zones par le M23.

En outre, le groupe d’experts a cité plusieurs officiers supérieurs rwandais impliqués dans l’organisation de ces opérations sur le sol congolais. Opérations qui seraient baptisées « North Kivu Operations », conçues et coordonnées par le général James Kabarebe, ancien chef d’état-major de l’armée congolaise actuel conseiller défense et sécurité du président Paul Kagame.

Rapports « incomplets » selon Kigali

Sans surprise, Kigali continue de nier son implication dans l’exhumation du M23 et remet en cause les rapports des experts de l’ONU.

A l’occasion des célébrations du 29ème anniversaire de la libération du Rwanda, le président Paul Kagame a, dans une interview à la Télévision nationale rwandaise, estimé que les rapports du Groupe d’experts des Nations unies sur la RDC sont « incomplets », car ils n’abordent pas le vif du problème.

« Ces rapports existent depuis près de 30 ans. Ce ne sont que des rapports qui ne font que se suivre. Et quand on a vécu dans cette région et qu’on sait ce qui s’est passé et ce qui se passe, parfois on se demande quelle est la vraie motivation de ces rapports. Est-ce vraiment destiné à résoudre les problèmes, présentent-ils des faits de la situation pour aider les gens à faire ce qu’il faut pour résoudre les problèmes et passer à autre chose ou visent-ils simplement à assainir l’implication de nombreux auteurs et à vraiment garder le statu quo pour qu’en fin de compte il n’y ait que de l’argent qui coule autour de cette situation et que les gens ainsi que les pays qui vivent de cette situation continuent à l’utiliser pour gérer d’autres pays et garder la région et l’Afrique là où elle devrait rester. Continuer à nous gérer même sans paix?. Vous constaterez que ces rapports sont toujours incomplets car ils n’abordent même pas la compréhension de ces problèmes pour après fournir des possibles solutions à ces problèmes », a-t-il expliqué.

Pour lui, ces rapports abordent seulement certains aspects du problème qui sont mis en évidence.

« On dit toujours M23, M23 comme si c’était devenu un enjeu international. On pourrait même penser que le M23 affecte l’Europe, l’Amérique, l’Afrique. Mais ils sont silencieux, ou même chuchotent quand ils parlent des FDLR ou de plus de 120 groupes armés présents dans l’est du Congo. Ils ne mettent en évidence que le M23 et ADF, et parfois même essaient de créer une équivalence en disant que le M23 et ADF sont pareils », a ironiquement lancé Paul Kagame.

Carmel NDEO

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