Agression dans l’Est: Dénis Mukwege appelle au retrait de la RDC de l’EAC et au départ de sa Force régionale du sol congolais

Dans sa réflexion à l’occasion des dix ans de la signature de l’accord-cadre d’Addis-Abeba sur la paix, la sécurité et la coopération en République démocratique du Congo ainsi que dans la région, le Docteur Dénis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, a appelé au retrait de la RDC de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et au départ de sa Force régionale du territoire congolais.

Tout en appelant à une médiation sous l’égide d’un Président africain neutre, originaire d’un pays non limitrophe, pour initier une nouvelle dynamique vers une solution politique, Dénis Mukwege a dans sa réflexion affirmé que face à « l’échec des processus de négociations » en cours et à l’impasse politique, il est nécessaire de préconiser le retrait de Kinshasa de l’EAC.

En outre, le Prix Nobel de la Paix 2018 a recommandé au régime de Kigali à entamer un dialogue inter-rwandais avec les FDLR, dans le but de trouver une solution pérenne à ce groupe armé « né des cendres du génocide au Rwanda ».

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« Cette milice a occasionné depuis plus de 25 ans un lourd lot de souffrances à l’Est du Congo et continue d’être utilisé comme prétexte par le régime de Kigali pour intervenir militairement à l’Est du Congo alors que, suite à diverses opérations conjointes entre les forces congolaises et rwandaises visant à les neutraliser, les éléments résiduels des FDLR ne constitue plus une menace sérieuse pour la sécurité du Rwanda comme par le passé », a-t-il déclaré.

Appel à une mobilisation politique internationale

Suite à la situation préoccupante dans l’Est de la RDC, Dénis Mukwege a épinglé la nécessité d’une mobilisation politique internationale, mais également l’adoption de sanctions et d’une politique de conditionnalité de l’aide.

« C’est dans ce contexte que nous saluons les communiqués des Etats-Unis d’Amérique, de la Belgique, de la France, de l’Allemagne, de l’Espagne ou encore de l’UE qui, rappelant l’importance de l’intégrité et de la souveraineté de la RDC, ont condamné les crimes commis par le M23 et ont demandé la cessation du soutien du Rwanda pour contribuer à une résolution de la crise au Nord Kivu », a-t-il affirmé.

Le récipiendaire du Prix Sakharov 2014 a dans la même lancée salué la prise de position récente du Conseil de paix et de sécurité à l’occasion de la 36e Assemblée ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine et son « appel pertinent à revitaliser d’urgence l’Accord-Cadre avec la mobilisation des institutions co-garantes ».

Dans le même registre, il a dit prendre acte de la « stratégie renouvelée de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs : soutenir la transformation des causes profondes de l’instabilité en perspectives communes », adoptée par le Conseil européen le 20 février dernier, qui rappelle l’importance stratégique de la région et son potentiel rôle moteur pour l’ensemble du continent africain.

« Cette nouvelle stratégie place l’emphase sur la recherche de la paix durable, le respect de la souveraineté et de l’intégrité des États et sur l’importance de transformer le trafic des ressources naturelles en vecteur pour un commerce responsable et un développement durable. Nous appelons l’UE à nommer un Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs pour maximiser les potentialités de ce nouvel engagement stratégique européen dans la région », a-t-il renchéri.

Suivant la même logique, Dénis Mukwege a appelé les Etats-Unis, l’Union européenne, la France, le Royaume-Uni et d’autres partenaires à adopter des sanctions politiques et économiques, et à suspender leur assistance militaire au Rwanda tant qu’il soutiendra le M23 et agressera la RDC.

« C’est le seul langage qui entrainera des effets concrets et mettra fin à l’ingérence rwandaise à l’Est du Congo », a-t-il expliqué.

La Banque mondiale, la Banque africaine de développement et d’autres partenaires multilatéraux ou bilatéraux ont également été appelés dans cette réflexion à être guidés par une politique de conditionnalités pour que l’assistance internationale soit dorénavant liée au respect strict des engagements pris au titre de l’Accord-Cadre et au respect des droits humains.

Monge Junior Diama

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