Affaire Bukanga-Lonzo : « Je n’ai volé aucun dollar de ce projet » ( Matata Ponyo)

Acculé par la justice, l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo s’est exprimé pour la première fois depuis le deuxième arrêt rendu en date du 18 novembre 2022 par la Cour constitutionnelle qui s’est déclarée compétente de le poursuivre dans l’affaire de détournement de fonds publics destinés au projet du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo.

Dans son message de vœux, le président du parti politique LGD dénonce une « instrumentalisation manifeste de la justice et une dérape juridique » dans l’instruction du dossier Bukango-Lonzo.

« ‪Jamais une décision de justice n’a été aussi contestée dans notre pays comme le deuxième arrêt prononcé prononcé par la cour constitutionnelle le 18 novembre 2022 sur le dossier bukanga-lonzo. Un arrêt par lequel la Cour constitutionnelle se déclare compétente pour juger un ancien premier ministre alors qu’il y’a une année, elle s’était déclarée incompétente de le faire. Cette contradiction flagrante et inacceptable du point de vue du droit au niveau de la plus haute cour du pays, suscite une vague d’indignations, de contestations et de protestations à plusieurs niveaux. Les grands professeurs d’universités internationales, de Kinshasa et de Lubumbashi dont certains spécialistes en droit constitutionnel ont démontré ‪l’inconstitutionnalité et la nullité du deuxième arrêt ‬», a déclaré Matata Ponyo.

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‪Pour Matata Ponyo, la violation de la constitution et des lois du pays à travers l’instrumentalisation de la justice est devenue « insupportable et inacceptable ». ‬

Victime d’un acharnement politique pour avoir refusé d’adhérer à l’union sacrée

Candidat déclaré à la présidentielle de décembre 2023, Matata se dit victime de son refus d’adhérer à l’union sacrée de la nation, famille politique de l’actuel Président congolais.

‪« Je suis victime d’un acharnement politique depuis près deux ans pour avoir refusé d’adhérer à l’union sacrée et pour avoir déclaré ma candidature comme Président de la République aux élections de décembre 2023. Ne pas entrer dans l’union sacrée est-ce une infraction ? Se déclarer candidat Président, est-ce une infraction ? Selon certains faucons du pouvoir, c’est une infraction politique grave qui peut être assimilée à une infraction de détournement des fonds publics ‬», a pesté Matata Ponyo.

« ‪Il ne s’agit pas des vraies poursuites judiciaires. Parce que je n’ai volé aucun dollar investi dans le parc agro-industriel de Bukanga Lonzo‬ », a-t-il ajouté.

Je n’ai volé aucun dollar

L’Inspection Générale des Finances confirme que le Projet de Parc Agro-Industriel de Bukanga-Lonzo est un échec désastreux, qui a coûté à la République plus de 287 millions de dollars américains et que son instigateur, « Matata Ponyo est bien l’auteur intellectuel, matériel et principal de cet échec ainsi que des détournements qui ont eu lieu ».

En réponse à ces affirmations, l’ancien premier ministre sous la présidence Kabila ne reconnaît avoir pris aucun dollar de fonds investis dans ce projet par le trésor public.

‪« Le responsable de l’entreprise sud-africaine qui a reçu tout le fonds du trésor public sur ce projet tel que certifié par la banque centrale du Congo a été clair dans ses propos tenue à Kinshasa à la presse , je les cite : je n’ai jamais remis un seul dollar à monsieur Matata », paraphrase le sénateur Matata Ponyo.

« En principe je devrais plutôt recevoir des excuses de la part du pouvoir public en ce compris le pouvoir judiciaire qui sont convaincus que je n’ai pris aucun dollar de ce projet et ils disent à l’informel à qui veut les entendre », a-t-il martelé.

Dans son argumentaire, Mapon rappelle même avoir demandé à l’IGF d’enquêter sur toute sa gestion depuis le Bureau Central de Coordination (BCECO) en 2003 jusqu’à la primature en 2016. A l’en croire, à l’issue de plusieurs missions d’investigations « musclées et téléguidées », les inspecteurs des finances n’ont rien trouvé. ‪« Ils n’ont trouvé que les deux que les deux inventions politico-judiciaires de Bukanga Lonzo et de biens zaïrianisés », a taclé l’ancien premier ministre.

Voler et redistribuer pour ne jamais être arrêté par la justice

Dénonçant l’instrumentalisation à outrance de la justice, Augustin Matata Ponyo a déploré une justice à deux poids, deux mesures. Il a indiqué que des nombreux cas de détournements commis par les proches de l’actuel régime au pouvoir ne sont pas punis par la justice.

« ‪Pendant que les deux grandes institutions juridictionnelles du pays à savoir; la cour constitutionnelle et la cour de cassation sont instrumentalisées à outrance au su et au vu de la communauté nationale et internationale, alors que je n’ai volé aucun dollar américain du trésor public, des grands voleurs de fonds public se promènent en toute liberté dans le pays sans être inquiétés », a lancé Mapon.

« Des bandits financiers qui soient du régime politique passé ou du régime actuellement au pouvoir ont détourné pour certains plus d’un milliards de dollars américains et pour d’autres des dizaines et centaines de millions de dollars, la plus part d’entre eux n’ont même pas d’immunités parlementaires et se vantent d’être protégés par le pouvoir judiciaire et politique du pays comme pour dire, il faut voler et redistribuer pour ne jamais être arrêté »‬, a-t-il renchéri.

Matata Ponyo a profité de l’occasion pour demander au Président de la République, en sa qualité de magistrat suprême et garant de la justice équitable à tous les congolais, pour mettre fin à ce qu’il qualifie « d’injustice flagrante » dont il se dit victime.

La cour constitutionnelle sous la présidence de Dieudonné Kaluba s’était déclarée incompétente de juger le sénateur Matata Ponyo pour les faits commis pendant qu’il était premier ministre. Cependant, en novembre dernier, cette même cour s’est déclarée compétente estimant que l’ancien premier est justiciable devant elle.

Carmel NDEO

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