RDC : « Le régime Kabila tombé ! Vive la continuité du système de prédation » (TRIBUNE)


A l’époque médiévale en France lorsqu’un roi mourrait le deuil du roi était suivi de la joie de couronnement de son successeur ; d’où le vieux proverbe : « Le roi est mort, vive le roi ».
En 2018, la RDC a connu l’avènement de Felix TSHISEKEDI TSHILOMBO comme nouveau Chef de l’Etat succédant ainsi à Joseph KABILA KABANGE, ce dernier ayant passé
plus de 18 ans à la tête du pays.
Avec l’alternance pacifique au sommet de l’Etat, survenue en décembre 2018, le nouveau Chef de l’Etat, ancien opposant, inspirant un vent nouveau de changement de gouvernance
dans toutes ses dimensions (politique, économique et sociale), le peuple Congolais espérait voir les prémices d’un Etat de droit et la déclinaison concrète des attributs de la démocratie.
Les publications régulières des ordonnances présidentielles nommant à diverses fonctions au sein des institutions des mandataires publics attestent-t-elles réellement d’un changement de gouvernance. On peut s’en douter car le système reste caractérisé par la continuité et la
persistance des pratiques de prédation dans le chef des dirigeants.
Comme cas d’illustration, on peut signaler l’affaire opposant le Professeur Grégoire BAKANDEJA wa MPUNGU à la Banque Centrale du Congo au sujet du paiement de ses
indemnités et autres droits résultant de l’exercice de la fonction de Président du Conseil d’Administration de la Banque Centrale du Congo de 1999 à 2002.
En effet, Monsieur Grégoire BAKANDEJA WA MPUNGU est un homme d’Etat et universitaire congolais. Docteur d’Etat en Droit, il est avocat et désormais Professeur émérite
à l’Université de Kinshasa. Il enseigne, entre autres, le droit des affaires et le droit du commerce international dans plusieurs grandes universités européennes et africaines,
notamment, Panthéon Sorbonne Paris I, Jean Monnet, Cocody, Marien Ngouabi.
Outre ses fonctions à la Banque Centrale du Congo, le Professeur Bakandeja a été, Ministre de l’économie, du commerce et de d’industrie, Député national et Président de la Commission économique et financière de la chambre basse et aussi Arbitre près la Cour Internationale
d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale.
Cette sommité, dirige encore, et a encadré plusieurs thèses soutenues par de nombreux dirigeants actuels de la RDC.
Puisque le livre de Marc 6:4 annonce : « Mais Jésus leur dit :Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie, parmi ses parents, et dans sa maison.. », aujourd’hui en RDC ces
enseignements du Messi confirment-ils que le professeur Bakandeja est réellement un « Prophète » ?
Il est important de rappeler que l’exercice du mandat du Professeur est allé au-delà du régime du Président Laurent Désiré KABILA.
Après le décès de ce dernier par assassinat en 2001, il s’en était suivi, après l’accession de Joseph KABILA au pouvoir, la mise en place, à l’issue de la guerre civile des institutions de
transitions avec les trois belligérants qui ont, après le dialogue, décidé de codiriger le pays.
Pour faire droit à sa demande, sûr de ses connaissances et enseignements, mais surtout patriote, l’homme des lois n’avait pas cessé de tenter de trouver un compromis avec
l’institution monétaire, il avait engagé un Avocat et Professeur belge qui a signé un protocole d’accord avec un ancien Gouverneur de la BCC. Ce dernier a reconnu la créance et a sollicité un échéancier pour apurer ladite créance, compte tenu de la situation économique du pays.
Sans hésiter le Professeur BAKANDEJA, outrepassant les recommandations de ses conseils, accéda à cette proposition vipérine.
Par la suite, la demande de paiement du Professeur a formellement été engagée en 2004 impliquant également les membres de son cabinet. Le vice-président en charge de l’économie et des finances de la République Monsieur Jean-Pierre Bemba était le premier à accéder à
cette demande en instruisant la Banque Centrale du Congo à payer les droits revendiqués pour apporter la solution au différend.
Il s’avère que des cinq membres composant ledit Cabinet et tous figurant sur la même décision, un est entré dans ses droits sans encombres et les quatre autres plus le professeur
jusqu’à ce jour réclament leurs droits.
Par la suite, c’est le Président Joseph Kabila qui réagira par le biais de son directeur de Cabinet, en la personne de monsieur Néhémie Mwilanya, en instruisant également la BCC de payer au professeur Bakandeja ses droits. Cet ordre était resté sans réponse jusqu’à la fin de ses fonctions de Chef d’Etat.
En août 2020, c’est au tour du Président en exercice, Félix Antoine TSHISEKEDI de réagir favorablement pour mettre fin à cette injustice en instruisant, à son tour, le Premier Ministre de prendre les dispositions nécessaires quant à ce.
Par une correspondance du 02 novembre 2020, l’ancien premier ministre Sylvestre Ilunga Ilukamba a demandé au Gouverneur de la BCC de remettre le professeur dans ses droits dans le cas où ceux-ci seraient fondés et de lui en faire part dans le cas contraire.
Force est de constater que les hommes changent mais le système demeure car comme à son habitude la toute puissante banque est restée muette, sans répondre aux instructions de la hiérarchie et encore moins de se préoccuper du sort de ses anciens collaborateurs.
C’est face à ces refus de payer que le Professeur BAKANDEJA et les membres de son Cabinet décidèrent de saisir le TGI de la Gombe qui rendra plus tard un jugement en leur
faveur en condamnant la Banque Centrale du Congo à payer les sommes qui leur sont dues.
Alors que cette décision était devenue définitive et irrévocable sur base d’un certificat de non￾appel, la Banque Centrale du Congo réussit à faire rouvrir les débats sur appel, ce que le Professeur BAKANDEJA et consorts avaient été contraints d’accepter.

Pire, malgré l’appel interjeté au-delà du délai légal, la déportation d’un magistrat, la mise en état de l’affaire et la fixation de l’affaire pour une audience publique le mercredi 07 septembre 2022, les avocats de la BCC, à court d’arguments ou par incompétence ne se sont présentés à
cette audience ainsi a cour d’appel ayant constaté cette carence a pris l’affaire en délibéré pour un prononcé d’un arrêt par défaut le 17 octobre.
Partant, le Professeur émérite s’interroge, qu’est-ce qui bloquerait l’exécution de cette réclamation ? Qui pousse les gouverneurs, plus de trois se sont succédés et tous refusent
malgré les preuves, décisions judicaires et injonctions de la hiérarchie politique, à s’exécuter malgré les loyaux services rendus à cette institution monétaire ?
Ainsi prévient-il : « que cette affaire n’épouse pas de connotations tribale, ethnique ou politique car il existe toujours un moyen de rentrer dans ses droits à l’ère de la
mondialisation…. ».
RDC au lieu de clamer « Le roi est mort, vive le roi », crie « Le régime est tombé ! vive le
système…. ».

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