Congo Hold-up : Une dĂ©nonciation pĂ©nale dĂ©posĂ©e en Suisse pour des « transactions douteuses » impliquant le clan Kabila et la banque UBS 

Se basant sur les rĂ©vĂ©lations des enquĂŞtes de « Congo Hold-up » rĂ©alisĂ©es par le consortium rĂ©unissant 19 mĂ©dias internationaux et 5 ONGs, Public Eye, la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et l’association UNIS ont dĂ©posĂ© une dĂ©nonciation pĂ©nale auprès du Ministère public de la ConfĂ©dĂ©ration, en suisse.

Dans un communiqué conjoint parvenu à POLITICO.CD ce vendredi 08 juillet, ces ONGs estiment que l’enquête dénommée « Congo Hold-up » a révélé fin 2021, la possible implication d’UBS dans le blanchiment de fonds publics congolais qui auraient été détournés par le clan de Joseph Kabila.

« En 2012 et 2013, l’un de ses proches, l’homme d’affaires belge Philippe de Moerloose, avait reçu 19 millions de dollars d’origine douteuse sur ses comptes à Zurich et Genève ouverts auprès de la plus grande banque de Suisse », soutient ce communiqué.

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La mĂŞme source ajoute qu’en novembre 2021, Congo Hold-Up rĂ©vĂ©lait les mĂ©canismes ayant permis au clan de Joseph Kabila, de siphonner au moins 138 millions de dollars des caisses de l’État entre 2013 et 2018, soit l’équivalent de 250 000 ans de salaire moyen en RDC

Pour ces organisations, ceux-ci montraient comment la filiale congolaise de la BGFIBank, contrĂ´lĂ©e par les Kabila, avait permis toutes les turpitudes financières : opĂ©rations acrobatiques, transactions antidatĂ©es, prĂŞts accordĂ©s par la Banque centrale du Congo et jamais remboursĂ©s, blanchiment d’argent.
 
« Congo Hold-up Â» Ă©pinglait aussi le laisser-faire de banques internationales, dont plusieurs Ă©tablissements en Suisse. La dĂ©nonciation pĂ©nale transmise au Ministère public de la ConfĂ©dĂ©ration (MPC) par Public Eye, PPLAAF et UNIS mouvement blanc (RĂ©seau Panafricain de Lutte contre la Corruption) porte sur les agissements de Philippe de Moerloose, un homme d’affaires belge proche de Joseph Kabila, et de la banque UBS Ă  Genève et Zurich, oĂą il a reçu des fonds de provenance douteuse. Elle documente de possibles actes de blanchiment d’argent (article 305bis) et un possible dĂ©faut de vigilance en matière d’opĂ©rations financières (article 305ter et 102 du code pĂ©nal suisse) au sein de la grande banque suisse pour empĂŞcher le blanchiment de fonds », rappellent ces organisations qui prĂ©cisent que « des infractions dont le dĂ©lai de prescription peut s’étendre jusqu’à quinze ans lorsqu’il s’agit de blanchiment aggravĂ© ».
 
Deux épisodes sont détaillés. En septembre 2012, Congo Hold-Up révélait que Philippe de Moerloose a reçu 7 millions de dollars sur son compte UBS à Zurich ouvert au nom d’une société offshore. « Ces millions provenaient d’une société agricole contrôlée par le clan Kabila, au motif d’achat de tracteurs et autre matériel. Le consortium a retracé le cheminement tortueux de ces fonds dont l’origine s’apparente au versement de pots-de-vin de la part d’entreprises chinoises aux dirigeants congolais dans le cadre d’un contrat minier ».

La même source renseignait qu’en 2013, « le Belge a par ailleurs touché 12 millions de dollars à UBS Genève pour la vente d’un immeuble à Kinshasa, acquis par une société écran de la famille Kabila avec. L’argent provenait d’un mécanisme de prêts non-réglementaire auprès de la Banque centrale du Congo, ce qui pourrait constituer un détournement de fonds publics ».
 
Dans cette perspective, Public Eye et ses partenaires ont demandé au Ministère public de la Confédération d’ouvrir au plus vite une enquête pénale sur les faits exposés dans la dénonciation.

Les rĂ©vĂ©lations de « Congo Hold-up Â» ont dĂ©jĂ  abouti Ă  des procĂ©dures judiciaires dans d’autres pays. DĂ©but juin, en France, le parquet national financier (PNF) a ouvert une enquĂŞte prĂ©liminaire pour des faits prĂ©sumĂ©s de « blanchiment aggravĂ© de dĂ©tournement de fonds publics Â», Ă  la suite d’une plainte dĂ©posĂ©e par les associations Unis, Transparency International et Sherpa. Le 14 juin, la justice belge a perquisitionnĂ© le domicile de Philippe de Moerloose dans le cadre d’une enquĂŞte dirigĂ©e contre lui pour des soupçons de « corruption d’agents publics Ă©trangers Â».

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