Lubumbashi, fief rebelle et indomptable de Kabila

Originaire de l’ex-Katanga, Joseph Kabila peine pourtant à dompter cette capitale cuprifère largement acquise à la cause de l’opposition, et qui a encore répondu présente à l’appelle du Rassemblement ce lundi 10 avril.

Contrairement à Kinshasa la capitale où l’opposition promettait de « prendre le Palais de la nation », les manifestations à l’intérieure du pays ont semblé plus intenses, comme ici à Lubumbashi, capitale du Haut-Katanga, pourtant fief du président Kabila.

Alors que les protestations touchaient jusque-là que les communes du sud de la ville , c’est le quartier Golf, banlieue chic même, qui était au centre de l’interminable bras entre Joseph Kabila et son opposition, devenant l’épicentre des mouvements de protestations lancés par des partisans de Gabriel Kyungu, dont plusieurs ont fini par se faire arrêter par la Police congolaise.

« Tuba Uwe », le célèbre cri des supporters du Tout-puissant Mazembe a accompagné une foule de centaines de jeunes gens qui voulaient visiblement en finir avec les éléments des forces de l’ordre, qu’ils accusent être des militaires de la Garde Présidentielle « déguisés en policiers ».  Avec des effigies de leur leader, feu Étienne Tshisekedi, ces militants qui se disent tantôt de l’Unafec (Union nationale des fédéralistes du Congo, parti de l’opposant Gabriel Kyungu), tantôt simplement du Rassemblement, ont tenu pendant plus d’une heure et n’ont pu être dispersés que grâce à la présence de dizaines d’éléments de l’armée qui ont procédé, d’après des témoins, à plusieurs arrestations.

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« Jusque là la situation est très calme. Sauf deux petits groupes qui se réclament l’un de l’UDPS et l’autre de l’UNAFEC, qui ont tenté de troubler l’ordre public au quartier Golf. Aussitôt, ils ont été disperssés par la Police et une dizaine de personnes arrêtées« , reconnaît tout de même le Colonel Mwanamputu, Porte-parole de la Police Nationale Congolaise (PNC).

Si l’armée fait surface ici, c’est évidemment parce que cette ville est si volatile vis-à-vis du Pouvoir congolais.  En décembre dernier, alors que Kinshasa a eu une journée pour taire ses envies de voir Kabila quitté ses fonctions, à la fin de son mandat; Lubumbashi, deuxième ville du pays et poumon économique, a laissé place à un début d’insurrection dans les zones défavorisées, notamment les communes du sud. Aux huit morts et 47 blessés selon les autorités, l’opposition parlera de plus de 50 tués. Des postes de police et des maisons communales du grand marché ont été pillés ou incendiés.

Comme le signale le journal Le Monde, dans un article publié en décembre dernier, la ville a depuis fait l’objet de toute l’attention des services de sécurité. Les leaders de l’opposition, dont Gabriel Kyungu, charismatique chef historique de la mouvance indépendantiste katangaise, ont fait l’objet d’attaques. Des militants de l’opposition et des activistes de la société civile ont été traqués, emprisonnés pour certains.

En mars, une pénurie du maïs, principale denrée alimentaire, a créé une vive polémique entre le Pouvoir et l’opposant Moïse Kautmbi, qui se proposait de faire un don. Cette escalade a conduit à la convocation dans la capitale du gouverneur Jean-claude kazembe par le président Kabila, qui l’aurait menacé de limogeage.

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