Manifestations Anti-Monusco : « Les déclarations maladroites de certains porte-paroles de l’ONU ont ravivé le feu » (Patrick Muyaya)

Au cours d’une interview accordée à la radio onusienne, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya est largement revenu sur les tensions observées depuis le début de cette semaine au Nord-Kivu suite aux différentes manifestations à l’appel de la société civile contre la MONUSCO. Il a condamné fermement les actes de violences contre les installations de la mission onusienne en RDC.

Patrick Muyaya note cependant que, ces manifestations successives sont notamment l’expression de la colère de la population face à l’incapacité de la MONUSCO d’accomplir l’une de ses missions, celle de protéger les civils. Il considère qu’il est de droit pour les congolais de s’exprimer alors que la situation sécuritaire demeure délétère en dépit de la présence de cette mission onusienne. Aussi, explique-t-il, les propos maladroits de certains porte-paroles de l’ONU ont envenimé la situation.

« Je ne pense pas qu’on puisse parler d’acharnement. Ce n’est pas un acharnement parce que la mission est en RDC depuis une vingtaine d’années et malheureusement au-delà des progrès qui ont été accomplis, la situation a dératé et il y’a eu récemment des déclarations des différents porte-paroles de Nations-Unies que nous avons considéré comme maladroites qui ont ravivé le feu », a lancé Patrick Muyaya.

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« Vous savez lorsque la situation sécuritaire se dégrade, il est de droit pour les congolais de regarder aussi du côté de la Monusco parce que c’est dans son mandat d’assurer la protection des civils et donc, de ce fait on peut comprendre qu’il y est des expressions de colère, on peut comprendre qu’il y est une volonté de voir que la Monusco agisse un peu plus expressément aux côtés des Forces Armées de la RDC, mais on ne peut comprendre que cela se traduise par des actes de violences contre la Monusco. Ça c’est intolérable », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du gouvernement rappelle que la MONUSCO est attendue notamment pour régler les problèmes sécuritaires.

« Nous sommes entrain de subir une agression rwandaise et pour une bonne partie de l’opinion, la MONUSCO devrait être en mesure de le dire ouvertement et elle ne l’a pas dit. La recrudescence de l’insécurité ces derniers jours justifie un sentiment de colère, c’est un sentiment normal. Mais delà, les gens ont le droit, nous sommes en République Démocratique du Congo autant ils critiquent le gouvernement, de critiquer la Monusco s’ils estiment que la Monusco n’agit pas efficacement. Il y’a maintenant une différence à faire entre ceux qui donnent leurs opinions pour critiquer la Monusco et ceux qui s’appellent derrière une manifestation voulue pacifique à détruire. Et donc que la nuance puisse bien être faite », a-t-il explicité.

Toutefois, il estime qu’on peut critiquer la Monusco mais on ne peut pas s’attaquer à ses installations car, « le gouvernement ne permettra pas les actes de violences contre un partenaire avec lequel, d’autres chantiers qui évoluent bien ».

« Ce n’est pas par la violence que nous allons faire entendre notre voix. Nous voulons lancer un appel au calme à toute la population pour éviter des actes de violence qui risquent de compliquer une situation qui l’est déjà assez. Nous devons, ensemble avec la MONUSCO, continuer les efforts pour rétablir la paix dans les parties qui en ont le plus besoin en RDC dans le cadre de l’accord qui nous lie», rappelle Patrick Muyaya.

Dans cette optique, Il a fait remarquer que le processus du retrait de la MONUSCO a déjà été engagé. En attendant son aboutissement, le gouvernement respectera chacun de ses engagements contenus dans l’accord qui le lie notamment en matière de sécurité de son personnel et de ses installations.

« Nous ne pouvons pas nous expliquer qu’une manifestation voulue pacifique puisse déboucher à des actes de violence sur des installations de la MONUSO. Nous condamnons sévèrement et demandons que les auteurs puissent répondre de leurs actes. Le gouvernement tient au respect de ses engagements qui nous lient dans l’accord de siège avec les Nations unies. Nous travaillons déjà sur le processus de retrait », a-t-il renchéri.

Le bilan provisoire de ces manifestations fait état de cinq (5) morts et une cinquantaine de blessés. Ce bilan pourrait être revu à la hausse avec la manifestation de ce mardi à Butembo.

Carmel NDEO

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