RDC: « Le plan de Makenga est de prendre Goma pour forcer Kinshasa à accepter les demandes du M23 »

Les récentes attaques du M23/ARC découleraient notamment de l’absence de progrès dans la mise en œuvre des déclarations de Nairobi signées le 12 décembre 2013. Des négociations confidentielles entre le Gouvernement de la RDC et une délégation du M23, qui avaient débuté en septembre 2020 et s’étaient poursuivies pendant 14 mois, seraient au point mort, rapporte le Groupe d’experts sur la République Démocratique du Congo dans une lettre adressée au Président du Conseil de sécurité de l’ONU.

Dans le rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo parvenu ce mercredi 22 juin à POLITICO.CD, six combattants du M23/ARC qui ont été capturés ont relevé que le plan de Sultani Makenga, chef militaire du M23, était d’attaquer et d’occuper les villes de Bunangana, Rutshuru et Rumangabo, de couper la route stratégique Goma-Rutshuru, puis prendre Goma afin de forcer le Gouvernement congolais à accepter les demandes du M23/ARC en matière d’amnistie, de restitution d’avoirs, de retour en RDC, d’intégration aux FARDC et d’attribution de postes politiques.

« Le porte-parole et des cadres politiques du M23/ARC ont d’abord nié l’implication du mouvement dans les attaques de novembre et de décembre 2021, soulignant que le M23/ARC avait poursuivi un dialogue constructif avec le Président Tshisekedi depuis 2020. Toutefois, leur discours a radicalement changé en mars 2022, lorsqu’ils ont accusé à plusieurs reprises les FARDC d’attaquer leurs positions sur les monts Mikeno, Karisimbi, Visoke et Sabinyo, et le Gouvernement de refuser intentionnellement toute solution pacifique et de faire le choix de la guerre», indique le Rapport final du Groupe d’experts sur la RDC.

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De ce fait, souligne le même rapport , le M23/ARC s’est alors réservé le droit de se défendre et a annoncé qu’il poursuivrait la lutte pour apporter un changement qui ait du sens dans le pays. À la mi-avril 2022, il avait annoncé deux cessez-le-feu unilatéraux, qui sont néanmoins restés sans effet.

« Les dynamiques régionales, déjà tendues, notamment en raison de l’opération conjointe Shuja des FARDC-UPDF du projet de rénovation des infrastructures routières entrepris par la République démocratique du Congo et l’Ouganda, et de la déclaration faite par le Président rwandais Kagame en février 2022 ont été exacerbées par la résurgence du M23/ARC», renseigne-t-il.

Selon le Groupe d’experts de l’ONU, en janvier et mars 2022, les autorités de la RDC ont affirmé que le M23/ARC opérait avec le soutien des forces spéciales de la RDF.

En outre, le 28 mars 2022, le porte-parole du gouverneur militaire du Nord-Kivu a déclaré publiquement que, dans la nuit du 27 au 28 février, le M23, soutenu par la RDF, avait fait des incursions et attaqué des positions des FARDC à Tshanzu et à Runyoni. Cette affirmation a été catégoriquement réfutée tant par le Gouvernement rwandais que par le porte-parole du M23/ARC.

« Le porte-parole du gouverneur mentionne la capture de deux soldats présumés de la RDF pour soutenir ses propos. Cependant, les deux soldats en question avaient été arrêtés bien avant la déclaration du porte-parole du gouverneur. L’un avait été capturé en janvier 2022 par le groupe armé Collectif des mouvements pour le changement (CMC), tandis que l’autre avait été arrêté par les FARDC, également en janvier 2022. Tous deux avaient été interrogés par le Groupe d’experts en février 2022. À la suite d’une mission de vérification réalisée en décembre 2021, le Mécanisme conjoint de vérification élargi a précisé qu’il n’était toujours pas possible de savoir si la résurgence du mouvement était le résultat d’un quelconque soutien étranger», note le groupe dans son rapport.

Christian Okende

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