CENI: la religion énerve

La religion tousse. La Présidence de la République bouge. Les états-majors politiques s’agitent. La société civile accroit la pression. Au cœur du débat, la brûlante question du prochain cycle électoral. « 2023 c’est déjà demain », rappelle l’église catholique, à travers la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), début mars 2021. A la Présidence de la République, un communiqué émanant de la direction de la communication qualifie le message des évêques de provocation et d’immixtion dans des affaires ne relevant pas de leur compétence. Dans les heures qui suivent, c’est le Porte-parole du Président de la République qui tente de rassurer qu’il n’y a dans l’esprit du Chef de l’État aucune intention de franchir la limite des échéances constitutionnelles. Mais l’étincelle jetée par l’église a déjà frôlé la brousse. Il s’en suit une forte agitation au sein des états-majors politiques congolais.

L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti au pouvoir, est accusé de chercher à glisser. Entendez par là, rester au pouvoir au-delà du délai constitutionnel. Dans l’une de ses sorties médiatiques, Augustin Kabuya, Secrétaire Général du parti présidentiel, évoque le recensement général de la population comme préalable pour avoir de bonnes élections en RDC. À l’entendre, son parti n’a pas peur des élections. Il dit vouloir des élections, certes, mais de « bonnes élections », c’est-à-dire après le recensement. Loin d’apaiser, cette prise de position de Kabuya fait monter la tension.

Ferdinand Kambere, opposant et Secrétaire Permanent adjoint du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) de Joseph Kabila, sent la moutarde lui monter au nez: «Ne suivez pas les chanteurs de djalelo qui parlent du glissement au lieu de la réalisation des projets qu’ils ont en faveur de la population. Déjà à deux ans, vous commencez à dire au peuple que vous n’avez su rien faire pour lui, il faut vous donner encore du temps. À mi-mandat, vous priez qu’il y ait des raisons pour ne pas organiser les élections. Ils font des incantations dans tous les sens. Le peuple ne suivra pas ça. On n’ensorcelle pas tout un peuple. On satisfait à ses besoins», déclare-il. Visiblement, le conflit est là.

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Un acteur est obligé d’intervenir. L’Office National de l’Identification de la Population (ONIP). « Pour l’ONIP, au plus tard le 31 décembre 2022, le fichier général de la population (FGP) sera constitué, disponible et utilisable par tous les services intéressés, et ils sont nombreux, notamment la CENI, (…) Ce projet, qui coûte près de 350 millions USD, sera financé soit par l’État congolais par le Budget National, soit à travers un Partenariat Public Privé, sous la supervision du Gouvernement». C’est en ces termes que Richard Ilunga, Directeur Général de l’ONIP s’exprimait au micro de nos confrères de Top Congo Fm. A l’entendre, il y a possibilité de ne pas tomber dans le fameux glissement dénoncé.

La vitesse supérieure

Imperturbables, les confessions religieuses avancent dans leur démarche. Le samedi 20 mars dernier, réunies, elles ont eu un entretien avec le Président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso au sujet de l’organisation des prochaines élections. Au sortir de la rencontre, elles lancent l’appel à candidature pour la présidence du bureau de la Commission Électorale Nationale Indépendante, en remplacement de celui dirigé par Corneille Naanga. Ce lundi 22 mars, Maître Sylvain Lumu Mbaya dépose son dossier de candidature pour le compte de la communauté islamique en RDC. Sans surprise, la démarche énerve.

Jonas Tshiombela, Coordonnateur de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) décrie cette procédure. « Encore les églises ! Au lieu d’attendre la nouvelle loi réformée portant organisation et fonctionnement de la CENI, elles préfèrent désigner leur délégué sur base d’une ancienne loi décriée par elles-mêmes. Triste, que ça vienne d’elles », a-t-il regretté. Et il n’est pas le seul à réagir de la sorte.

La coalition Lamuka déclare la guerre aux confessions religieuses. Pour cette plateforme de l’opposition, la désignation des membres de la CENI avant la réforme de la centrale électorale n’est nulle autre qu’une démarche « cavalière » qu’elle ne compte pas cautionner. Dans un communiqué de ce lundi 22 mars, elle se dit prête à mettre tous les moyens en œuvre pour s’opposer au statu quo que les confessions religieuses veulent, selon elle, imposer au peuple congolais.

Revenons du côté de la société civile. Le mouvement Engagement Citoyen pour le Changement (ECCHA) est dans tous ses états. Ses mots sont crus et durs. « Il sied de souligner que depuis 2006, les processus électoraux ont été médiocres en dépit de l’implication des confessions religieuses. Ces élections, notamment de 2006, 2011 et 2018 avaient fait l’objet des présumés fautes de gestion, de corruption, des irrégularités, des tricheries avérées, des contestations, des violences et violations graves des Droits de l’Homme », a souligné l’organisation ce lundi 22 mars. Pour elle, les confessions religieuses ont plutôt démontré leur incapacité et sont à la base de la cacophonie actuelle ainsi que de la précipitation dans la désignation des membres de la CENI, pour éviter les réformes tant souhaitées. En effet, ECCHA estime plutôt que procéder aux réformes est prioritaire par rapport à la désignation des membres du Bureau de la CENI. Mais il reste un point que peu évoquent.

Pendant que tout le monde parle du délai, très peu se préoccupent du budget pour l’organisation des élections. Mais à ce sujet, l’on se souviendra que l’opposant radical Adolphe Muzito, membre du présidium de la coalition Lamuka, avait révélé dans sa 27è tribune publiée en février 2021 et intitulée « Tshisekedi prépare le glissement », que le budget adopté et promulgué mentionne un financement en faveur de la CENI à hauteur de 137 millions de dollars américains. Cependant, note-t-il, le Gouvernement n’a décaissé que 7 millions de dollars américains. Va-t-on ou pas vers un glissement?

GONTCHO (@GontchoC) et Carmel NDEO (@ndeocarmel)

1 comments
  1. Moi je coneillerais aux prelats catholiques de remboúrser l’argent des SOROS,MO IBRAHIM ,LA FRANCE, BELGIQUE et les multinationaux sans oublier les smartphones qu’ils avaient reçu de la France pour tricher avec,chose qui n’as pas marché, que ces prêtres qui font la hônte des congolais et de l’église catholique au congo restituent lea choses d’autruis, pcq j’ai comme l’impression qu’ils subissent des pressions extraordinaires,nous peuple congolais nous ne sommes pas concernées dans tout leurs démarches diaboliques pour étouffé le chef de l’état, nous ne voulons pas des élections maintenant, nous ne sommes pas prêt et preparer pour accompagné la tricherie bien orchestré par ces hommosexuels et pédophiles supposé prelats catholiques, nous voulons le recensement et puis l’identification de la population, savoir qui est congolais et qui ne l’est pas,même si ce processus nous prend 10 ans on s’en fou, nous peuple souverain avons demandé les élections dépuis 2016 pcq’on wn avaient marre de kabila et son système predateur de gouverner le pays on voulais un changement ,alors que nous l’avons obtenu ,nous n’avons pas besoin d’une marionete soutenu par les albinos de l’autre côté de la mediterranée pour venir encore nous saigneé à blanc comme ils l’ont tjrs fait…

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