Un nouveau Direcab à la Présidence : le duel silencieux entre Kamerhe et Tshisekedi

Vital Kamerhe reste bien en prison. Du moins, pour 15 jours. La détention préventive du Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi a été confirmée en appel mercredi 15 avril par le Tribunal. Pour autant, le même mercredi, le président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) a posé un geste très symbolique.

Depuis sa cellule, Vital Kamerhe signe un document des condoléances à l’endroit du Président de la République. Le Chef de l’Etat pleure en effet son « oncle et père », Monseigneur Gérard Mulumba, emporté par le Coronavirus.  « C’est avec une grande tristesse que je viens d’apprendre, ce jour, le décès de votre oncle, votre papa, l’Excellence Monseigneur Gérard Mulumba » , dit Vital Kamerhe dans un communiqué dont une copie est parvenue à Politico.cd.

Mais ce document comporte une particularité. Dans son entête, signée depuis la prison centrale de Makala, Vital Kamerhe prend bien soin de mentionner : « MESSAGE DE CONDOLÉANCES DU PRÉSIDENT NATIONALDE L’UNION POUR NATION CONGOLAISE, DIRECTEUR DU CABINET DU CHEF DE L’ÉTAT, À SON EXCELLENCE MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, CHEF DE L’ÉTAT, FELIX ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO Excellence Monsieur le Président de la République, (Avec l’expression de mes hommages les plus déférents) ». En clair, même depuis la prison, Vital Kamerhe se considère ainsi toujours comme le Directeur de cabinet du Félix Tshisekedi.

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Refus de démissionner

Pourtant, derrière cette posture, se cache un duel silencieux entre le Chef de l’Etat et son allié. En effet, si, du point de vue du droit, Vital Kamerhe continue bel et bien d’être le Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, sa démission est plus que requis, conformément au code de bonne conduite opposable aux hauts fonctionnaires congolais. Mais le président de l’UNC refuse de jeter l’éponger, motivé par le fait que lui et ses partisans considèrent que les accusations à son encontre, y compris son emprisonnement, comme une campagne politique visant à le neutraliser.

« C’est tout simplement regrettable. Un homme, c’est le respect de la parole. Nous comprenons que le problème, c’est l’Accord de Nairobi. Il faut déjà éliminer quelqu’un comme Vital Kamerhe, il faut le rendre inéligible en créant des dossiers autour de sa personne pour le salir », a accusait le porte-parole l’UNC, Selé Yemba, lui-même Conseiller du président Tshisekedi.  Comme lui, des proches de Vital Kamerhe soupçonnent, sans le dire nommément, le président Tshisekedi d’être à la base de l’emprisonnement de leur leader.

Vital Kamerhe le pense également. Aussi, depuis son emprisonnement le 08 avril dernier, il a rapidement adopté une double posture. D’abord celle du parfait collaborateur, contrastant avec les déclarations de ses cadres. Ainsi, deux jours après son emprisonnement, il a reçu un appel du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, durant lequel les deux hommes ont échangé cordialement, appelant à laisser la justice faire son travail.  Officieusement, Kamerhe fera parvenir un message au camp de Tshisekedi. « Nous n’allons pas vous faciliter la tâche », faisant allusion à son écartement. Derrière, refus total de démissionner. De lui-même, mais également des cadres de son parti. Une position qui place Félix Tshisekedi devant une situation compliquée.

En effet, ayant conclu un accord qui donne à un membre éminent de la coalition CACH la direction de cabinet, y compris plusieurs postes ministériels à l’UNC ; Félix Tshisekedi ne saurait limoger, ni remplacer Vital Kamerhe, au risque de paraître comme celui qui rompt l’accord. Ainsi, depuis l’arrestation de son Direcab, le Chef de l’Etat n’a fait de déclaration, encore moins pris position ; couvant sa guerre silencieuse avec Kamerhe par une posture de prudence.

L’accord de Nairobi dans la balance

 Mais le camp de Tshisekedi s’active. D’autant plus qu’à l’UNC, Vital Kamerhe ne saurait livrer de guerre sans perdre la maîtrise de son parti. Depuis son emprisonnement, l’ancien speaker congolais a vu quelques cadres, déjà distants face à lui, être approchés, dans un plan de scission. La semaine dernière, Vital Kamerhe a signé, depuis sa cellule, un communiqué soumettant toute décision de son parti à son aval personnel ; dans l’idée de mettre fin à toute idée de fronde. Mais il ne saurait contrôler ses cadres, si jamais ces derniers étaient appelés à démissionner du gouvernement en solidarité à sa situation.

Félix Tshisekedi a publié la composition de son cabinet le 7 mars 2019. Ce dernier comprend un Directeur de cabinet assisté de 4 adjoints, dont une femme. Il a également 9 conseillers spéciaux, dont deux femmes, et de 17 conseillers principaux, dont trois femmes. Mais ce cabinet est composé fortement de membres du parti de Kamerhe qui n’ont pas hésité à s’emprendre au Président de la République.  Par ailleurs, depuis l’emprisonnement de Kamerhe, c’est Désiré Casimir Eberande qui assume informellement l’intérim du Directeur de cabinet.

Cependant, la situation du pays ne saurait permettre à Félix Tshisekedi d’avoir une main douce indéfiniment vis-à-vis de son Directeur de cabinet. Le président congolais devrait prochainement prendre une décision autour de son remplacement. Déjà, Félix Tshisekedi a fait nommer François Mwamba, un autre cadre de la coalition CACH, à la tête d’une étrange cellule Stratégique, sans doute dans l’idée d’évoluer avec un Directeur de cabinet parallèle.

Toutefois, sur le plan administratif, il lui faut soit confirmé Eberande, ce qui revient à limoger Kamerhe, soit nommer un nouveau Directeur de cabinet, avec la même conséquence. Des discussions sont en cours au sein de la coalition CACH pour trouver une solution quant au remplacement de Vital Kamerhe. Mais elles n’évoluent guère. L’UNC refuse toute idée de remplacement. La guerre silencieuse devrait donc se poursuivre. Mais pour combien de temps.

11 comments
  1. Bonjour.
    Il est certes vrai qu’il y a une situation grave sur les préjudices qui pèsent sur Son Excellence Vital, bien
    que n’étant pas encore confirmés ni lui-meme n’étant pas encore condamné. Son statut de haut fonctionnaire de l’état doit l’amener au silence pour le moment. Ce n’est pas maintenant qu’il doit mener ce genre des discussions. Ni lui, encore moins ses fedeles, informelles soient-elles. Je lui demande la retenue, le silence. Au Président de la République FATSHI d’avoir patience, si bien que cela le met à porte à fond devant sa conscience d’abord, son parti ensuite et la nation enfin mais, cette patience lui donnera raison politiquement et le mettra à l’abri des critiques et à tout tireur à boulet rouge. Paul Ndundu, internationaliste.

  2. Tout ce qui se préoccupe ces politiciens c´est leurs deals, coalitions etc. quand est-ce qu´ils auront comme priorité la vie des congpolais ? C´est vraiment incroyable !!! Congolais, arrêtons de soutenir ces gens là. C´est notre argent qu´ils dépenses en s´achetant des biens privés. Cette situation doit changée !!!!

  3. Le president doit se rappeler ces paroles lord don passage en Namibia et je cite:” si une personne est trouvee en flagrant delit, il doit d’abord quitter ces fonctions puis la justice la prend en charge”

    1. je ne comprend pas quand vous dites que bitakwira a clouer kamerhe, il a bien affirmer etre le signataire du contrat et de l’avenant. c’est exactement ce que kamerhe avait avance, kamerhe etait accuser d’avoir passer un marche de gres a gres a la societe simbo, mais bitakwira affirme que ce marche n’etait pas du gre a gre mais c’etait un avenant d’un anciens contrat, que quelqu’un m’explique en quoi cela enfonce kamerhe

  4. Si on oublie tout ses frères de sang puisque on est au pouvoir n’importe quoi peux arriver. Lorsque on préfère travailler avec les amis qui ont de sentiments et qui peuvent changer le camp que de travailler avec les frères qui ont l’affectation et attachement les choses ses compliquent toujours. même Jésus reconnaissais la valeur des ses frères dans tout ce qu’il faisait

  5. Mes chères compatriotes,je ne ce pas si les excellence,et honorable de la RDC sont là pour servir leurs parties politique,ou la population?s’il y avait accord a Nairobi,est il signer a faveur du peuple congolais,ou à leurs intérêts privés et personnels ?toute tentative de viol=violence.laisse le detourneur de nos fond au prison,pas question de voir sa personnalité ou sa qualité,il n’a pas eu avoir maîtrise r sa fonction.que vive la RDC,que vive la justice actuelle de la RDC.je vs remercie.

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