C’est à travers un tweet que Martin Fayulu a réagi tard dans la nuit à la prestation de serment historique de Félix Tshisekedi comme cinquième président de la RDC et surtout le premier à bénéficier d’un transfert pacifique du pouvoir. « Je suis en communion parfaite avec le Peuple congolais qui m’a élu Président de la République. Je demande aux uns et aux autres de respecter sa volonté, expression de sa souveraineté. Car, c’est lui seul qui confère la légitimité« , a-t-il dit
Mais l’opposant congolais est isolé. L’Union Africaine, l’Union Européenne, la France, les Etats-Unis, la SADC et plusieurs pays africains y compris l’Angola, l’Afrique du sud et le Kenya ont apporté leur soutien à Félix Tshisekedi depuis la confirmation de sa victoire par la Cour Constitutionnelle. A Kinshasa, beaucoup espèrent également tourné la page d’une crise qui a trop duré.
S’il s’obstine, Martin Fayulu est surtout guidé par la situation politique de ses alliés, principalement celle de Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. Les deux opposants semblent être disposés à se battre par tous les moyens. Donc au mur, Martin Fayulu et ses alliés envisagent-ils une option armée? En tout cas, les déclarations et les sorties des proches de Katumbi et ceux de Fayulu, qui ne s’avouent toujours pas vaincus, malgré la prestation de serment de Félix Tshisekedi qui intervient jeudi, restent mystérieuses, faisant appel à une étrange « majorité silencieuse ».
Premières remontées des images après le black out !
À Kikwit, le sang a coulé ! Le peuple est en colère.
Tripatouilleurs et usurpateurs détrompez-vous ! Le silence du moment n’est pas le signe de l’acceptation & du renoncement encore moins celui de la soumission ! pic.twitter.com/zLaFVS8nW3— Olivier Kamitatu Etsu (@OlivierKamitatu) January 21, 2019
« Le silence du moment n’est pas le signe de l’acceptation & du renoncement encore moins celui de la soumission« , a mis en garde Olivier Kamitatu, bras droit de l’opposant Moïse Katumbi et Directeur de communication de la campagne de Martin Fayulu dans un tweet du 21 janvier. « Il ne nous reste plus que la résistance sur pied de l’Art 64 de la Constitution » a renchéri de son côté Antipas Mbusa Nyamwisi, ex-chef rebelle, également allié de l’ex-gouverneur du Katanga.
En vidant toutes les institutions de leur substance Kabila et ses complices ont tué l’ordre politique née du dialogue de Sun City .Il ne nous reste plus que la résistance sur pied de l’Art 64 de la Constitution.@MartinFayulu @moise_katumbi @bembajp @adolphe_muzito @CongoCheri
— Mbusa Nyamwisi (@AntipasMbusaN) January 22, 2019
Mbusa a toujours soutenu une option militaire face à Kabila. Dans une interview au média en ligne CongoLibere.com, il va un peu plus loin. « Nous allons la mobiliser« , promet-t-il. « En outre, dans l’armée, beaucoup d’officiers pensent, à juste titre, que la situation actuelle n’est pas tenable. Or, Joseph Kabila, contrairement à ce qu’il croit, ne tient pas l’armée. Seule une poignée d’officiers dont l’autorité est aujourd’hui entamée lui sont véritablement fidèles. Joseph Kabila aurait tort de se montrer aussi serein. Je sais parle en connaissance de cause« , dit-il.
Par ailleurs, il promet d’une « exposition » du pays. « Le Nord-Kivu, dont un tiers des électeurs ont été écartés du scrutin (Beni ville et territoire, Butembo), a voté de façon écrasante pour Martin Fayulu. Là-bas, les gens n’acceptent pas la version officielle. Pas plus qu’ailleurs au Congo. L’explosion viendra inévitablement. Et elle sera à la hauteur de la déception« , promet-t-il.