Un petit tour, et puis s’en va… C’est le résumé peut flatteur que l’on se fait dans la capitale congolaise de la visite d’une délégation du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pendant que la crise monte, l’opposition dénonce l’usage des machines à voter au scrutin du 23 décembre et surtout un fichier électoral avec plus de 20% d’électeurs supposés fictifs, les membres de l’ONU ont effectué une véritable promenade de santé.
Les choses étaient déjà mal embarquées dès le début. La délégation des quinze pays du Conseil de Sécurité arrivait dans un pays en pleine crise électorale, co-dirigée par l’ambassadeur auprès de l’ONU en Guinée équatoriale, un pays où le président Obiang a remporté 93,5% des voix en 2016 et son parti adjugé 99 sur les 100 sièges au Parlement en 2017.
Dans la capitale congolaise, outre une rencontre linéaire avec la Commission électorale, où son président Corneille Nangaa ne s’est pas empêché de rappeler la non sollicitation par Kinshasa d’une aide onusienne, elle a rencontré des dirigeants de l’opposition, écoutant leurs habituelles desideratas, sans vraiment réellement apporter une nouveauté. Par après, la délégation ira faire un tour chez le Premier ministre Bruno Tshibala, où là encore, en parfait touriste, elle s’est offerte une parfaite séance photo.
Promenade de santé
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Avant d’acheter sa promenade, la délégation est allée finalement rencontrer le président Kabila. Les images de la rencontre témoignent le caractère sommaire du rendez-vous: des tables tellement espacées, dans une salle qui n’augure rien de concret. En somme, comme elle était venue, cette délégation regagne New York avec une très élogieuse recommandation:
« Le Conseil de sécurité conclut son voyage très opportun et utile en RDC. Le calendrier électoral est bien respecté. Désormais, il est important que les préparatifs soient transparents, renforce la confiance et crée un espace politique pour tous. La confiance dans la démocratie doit être consolidée par le biais d’élections libres, justes et pacifiques du 23 décembre« , lance Olof Skoog, Ambassadeur de Suède auprès des Nations Unies.
Pourtant, le même Conseil de sécurité avait décidé en mars dernier de proroger jusqu’au 31 mars 2019 le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), en lui fixant comme priorités stratégiques « d’assurer la protection des civils et d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 et du processus électoral. »
A Kinshasa, dans les coulisses, ou encore durant la conférence de presse organisée à l’issue de cette visite, on ne note rien de conséquent. La question des massacres de civils à Beni, dans l’Est du pays, ou celle la logistique des élections, pomme de discorde entre New York et Kinshasa, seront soigneusement éludées.