Retrait de la MONUSCO: OCHA craint l’impact sur la protection des civils et des populations affectées

La province du Sud-Kivu, située au flanc oriental de la République démocratique du Congo (RDC), est au centre de multiples crises superposées et récurrentes, marquées par des conflits intra et intercommunautaires. L’intensification des affrontements avec la crise du M23 au Nord-Kivu, a exacerbé la situation de protection au Sud-Kivu, en causant des déplacements massifs de populations vers le territoire de Kalehe, et en reconfigurant les alliances entre groupes armés et leur remobilisation.

En décembre dernier, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a renouvelé le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC jusqu’au 31 décembre de l’année courante, tout en consacrant son retrait progressif, responsable et durable, à commencer par son retrait du Sud-Kivu d’ici fin avril prochain (pour les bases de la MONUSCO).

La flambée des violences

Selon une analyse de la situation faite par Protection Cluster RD Congo, relayée par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, le retrait de la MONUSCO aura un impact sur la protection des civils y compris les populations affectées, si des mesures adéquates ne sont pas prises en amont du retrait. Le nombre d’actes de violence et d’attaques délibérées menées contre des civils a augmenté au cours des derniers mois et risque de s’aggraver avec le départ imminent de la MONUSCO.

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Cette analyse porte sur la situation de protection en lien avec les conflits armés et intercommunautaires dans les territoires de Shabunda, Mwenga, Fizi, Kalehe et Uvira, caractérisés par une forte présence des groupes armés.

Les tensions intercommunautaires et identitaires exacerbées par des conflits fonciers et des luttes de pouvoir coutumier, mènent à des affrontements entre communautés, aggravées par des enjeux de contrôle territorial et d’accès aux ressources. Les divergences sur l’utilisation des terres et les transactions foncières par des chefs coutumiers alimentent ces discordes.

Une augmentation de 14% du nombre de déplacés internes par rapport à 2023

L’implication de milices et de groupes armés dans ces luttes accentue un cycle de violence, affectant gravement la coexistence et la sécurité locale. Elle met en lumière la
complexité des problématiques politiques et identitaires de la région.

À la suite des derniers développements de la crise du M23 au Nord Kivu, le Sud Kivu, surtout le territoire de Kalehe – a été affecté par des afflux massifs de populations exacerbant la crise de protection affectant la population.

L’année dernière, le nombre total de déplacés internes (PDIs) atteignait 1.55 millions d’individus dans le Sud Kivu contre 1.36 million un an auparavant, soit une augmentation de 14% des personnes déplacées internes. Outre le déplacement interne, le Sud-Kivu héberge 88.423 réfugiés dont 43% sont dans des camps, ce qui rend la situation humanitaire et de protection encore plus complexe.

En plus des conflits, les catastrophes naturelles, notamment les inondations, les glissements de terrain et tremblements de
terre, sont caractéristiques de la situation humanitaire du Sud-Kivu.

Ces crises de protection ont des conséquences humanitaires sur d’autres secteurs notamment la sécurité alimentaire, AME/Abris, EHA, Santé, Nutrition et Éducation, aggravant la vulnérabilité des populations locales. Le risque d’exacerbation de cette situation de protection, déjà critique avec le retrait prochain de la MONUSCO, est très élevé.

Odon Bakumba

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