Alain Goetz, l’exportateur d’or de la RDC via les groupes armés sous sanctions de l’UE

L’union Européenne a annoncé ce jeudi 08 décembre, avoir sanctionné Alain Goetz, un homme d’affaires, bénéficiaire effectif et l’ancien directeur de la société African Gold Refinery Ltd., enregistrée en Ouganda.

D’après un document parvenu à POLITICO.DC, l’Union Européenne indique que Goetz tire profit du conflit armé, de l’instabilité ou de l’insécurité en RDC en se livrant à l’exploitation et au commerce illicites de ressources naturelles.

Qui est Alain GOETZ ?

Goetz est un homme d’affaires belge qui exploite la raffinerie africaine d’or (AGR) en Ouganda, ainsi que des entreprises aux Émirats arabes unis qui reçoivent de l’or illicite de mines dans des régions de RDC contrôlées par des groupes armés, y compris les Mai-Mai Yakutumba et Raia Mutomboki qui sont impliqués dans des activités déstabilisatrices au Sud-Kivu, en RDC.

Le réseau aurifère de Goetz dispose de vastes capacités de raffinage et de transport et s’approvisionne en or en RDC, au Kenya, au Soudan du Sud et en Tanzanie.

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En 2014, Goetz a incorporé AGR et a maintenu la propriété ou le contrôle d’AGR depuis lors grâce à sa participation majoritaire d’une société de portefeuille offshore aux Seychelles, AGR International Ltd., qui détient la quasi-totalité des actions d’AGR, faisant de Goetz le bénéficiaire effectif global et/ou l’actionnaire d’AGR. Depuis la création d’AGR, Goetz a occupé de multiples postes de direction au sein de la société, y compris celui de directeur général et d’administrateur, et a été impliqué dans les activités de négociation d’or d’AGR. En 2018, Goetz a reconnu qu’AGR raffinait environ 150 kilogrammes d’or de la RDC par semaine, soit environ 8,5 tonnes par an, d’une valeur de 496 millions de dollars. Cela représente la quasi-totalité des exportations totales d’or de l’Ouganda en 2018, qui étaient d’environ 10 tonnes et évaluées à 515 millions de dollars.

Goetz a été désigné pour être un dirigeant d’AGR, pour avoir agi ou prétendu agir pour ou au nom, directement ou indirectement, d’AGR, et pour avoir été responsable ou complice ou s’être engagé, directement ou indirectement, à soutenir des personnes, y compris des groupes armés, impliquées dans des activités qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC ou qui sapent les processus ou les institutions démocratiques en RDC, par le biais du commerce illicite des ressources naturelles de la RDC.

RAFFINERIE AFRICAINE D’OR (AGR)

Depuis 2016, AGR s’approvisionne en or illicite auprès de mines dans des régions de RDC contrôlées par des groupes armés, y compris les Mai-Mai Yakutumba et Raia Mutomboki qui sont impliquées dans des activités de déstabilisation au Sud-Kivu, en RDC. AGR a une capacité de raffinage de 219 tonnes par an et est considérée comme l’une des plus grandes raffineries d’or en Afrique, après les raffineries en Afrique du Sud et au Ghana. AGR et Goetz ont reconnu qu’une part des raffineries d’or AGR provient directement des mines de la RDC et a repris une partie importante du marché du trafic d’or en provenance de la RDC.

AGR a été désigné responsable ou complice, ou s’être engagé, directement ou indirectement, en soutien à des personnes, y compris des groupes armés, impliqués dans des activités qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC ou qui sapent les processus ou les institutions démocratiques en RDC, par le biais du commerce illicite des ressources naturelles de la RDC.

Déjà sanctionné par les USA

En date du 17 mars 2022, les USA annonçaient avoir sanctionné l’homme d’affaires belge Alain Goetz, la raffinerie africaine d’or en Ouganda et un réseau d’entreprises impliquées dans le mouvement illicite d’or évalué à des centaines de millions de dollars par an en provenance de la RDC.

Les USA estimaient que plus de 90 % de l’or de la RDC est introduit clandestinement vers les États régionaux, y compris l’Ouganda et le Rwanda, où il est ensuite souvent raffiné et exporté vers les marchés internationaux, en particulier les Émirats arabes unis.

« Dans l’Est de la RDC, où il y a environ 130 groupes armés actifs, le commerce de l’or est un moteur majeur du conflit. Un réseau de groupes armés, de passeurs et d’entreprises génère des revenus illicites de l’industrie aurifère par le biais du travail forcé, de la contrebande ou de l’extorsion de paiements aux mineurs. Ces acteurs utilisent les recettes de l’or pour financer les conflits armés et s’enrichir tout en privant la RDC de recettes fiscales et en ignorant l’environnement et les communautés locales », indiquait le sous-secrétaire au Trésor pour le terrorisme et le renseignement financier Brian E. Nelson.

Pour l’administration Américaine, l’or de conflit constitue la plus grande source de revenus pour les groupes armés de l’est de la RDC où ils contrôlent les mines et exploitent les mineurs.

Carmel NDEO

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