RDC: Félix Tshisekedi, le faux pantin

Douche froide. L’expression pourrait bien symboliser le week-end d’Emmanuel Shadary Ramazani. L’ancien candidat tout-puissant de la coalition du Front Commun pour le Congo (FCC) a connu un samedi qu’il n’oubliera pas de si tôt. A l’aéroport international de N’djili, un lieu que l’ancien futur président avait habitude de passer avec les honneurs, les choses ont mal tournée pour lui. La Direction Générale de Migration (DGM), la même que celle qui lui précipitait allégeance du temps de son passage au Ministère de l’Intérieur, l’a immobilisé, lui interdisant de s’envoler vers le Burundi. Si l’incident est banal, il tombe mal. Au point de pousser son parti, le Parti du peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), à sortir un démenti qui est lui-même un faux.

Origine d’une crise

Le fait est qu’il y a quelques heures à peine, dans une vidéo, Emmanuel Shadary s’aventurait dans un exercice qu’il affectionne, bombant le torse, menaçant à démi-mot le pouvoir de Félix Tshisekedi sur un dossier qui, au final, est au cœur du bras de fer qui monte entre Kabila et Tshisekedi. Shadary, coup sur coup, promet non sans rire de « paralyser » le pays si « quelque chose arrivait » à Albert Yuma. Le puissant dirigeant de la Gécamines, épinglé par la justice dans une affaire de prêt autour de 200 millions de dollars. Yuma est en fait l’épicentre même de la situation.

En effet, dans ce dossier de Yuma, Félix Tshisekedi n’a pas hésité à monter au créneau. Dans un communiqué, le président congolais a lui-même soutenu la justice congolaise dans sa traque contre l’un des hommes les plus puissants de la cour de Kabila. Par ailleurs, des sources rapportent à POLITICO.CD qu’en décembre dernier, l’homme serait allé jusqu’à menacer Félix Tshisekedi de destitution, mettant le président en rogne.

Comme pour répondre, depuis Londre, face à une diaspora traditionnellement anti-Kabila, le Chef de l’Etat congolais a haussé le ton pour dénoncer justement des entraves « à son action ». Félix Tshisekedi a alors juré de « dissoudre l’Assemblée nationale » si ses partenaires du FCC continuaient dans leurs entraves. Une réponses à peine voilée de son « altercation » avec Yuma.

Par la suite, la maison prend feu. A Kinshasa, maniant la langue française comme jamais, Jeanine Mabunda, menace, dans ses termes à peine voilés, Félix Tshisekedi de destitution. Le lendemain, en Conseil des ministres, Félix Tshisekedi réitère sa menace, suivi de ses bras droits qui s’apprennent tantôt à Mabunda, tantôt à Kabila. Mais des simples querrelles ne pourraient justifier la situation. Le fait est que depuis septembre dernier, lors de sa tournée en Belgique, Félix Tshiskedi dénonçait déjà « l’attitude » de ses alliés.

Vers une rupture?

« Nous sortons d’un système qui est resté longtemps au pouvoir et certains collaborateurs ont encore quelques réflexes du passé, ont tendance à croire qu’ils sont encore au pouvoir, il y a eu des actes maladroits mais, essayant de m’élever au-dessus de tout cela je crois qu’il faut privilégier la paix, la stabilité… Eviter toute crise intempestive qui aurait un impact sur l’économie et l’évolution du pays », avait appelé Félix Tshisekedi dans les colonnes du journal Belge Le Soir.

En filigrane, d’abord l’attitude des Kabilistes comme Emmanuel Shadary, qui n’a pas manqué d’occasion d’affirmer que lui et ses amis du FCC étaient toujours au pouvoir. En novembre, Henri Mova, ancien secrétaire général du PPRD entre mai 2015 et février 2018, s’est fait remarqué dans une sortie à polémique.  « Comme vous le pouvez voir ! Est-ce qu’il (Emmanuel Shadary, ndlr) avait échoué ? Est-ce que quelqu’un qui a échoué peut-il se tenir avec autant d’assurance devant les gens ? Est-ce qu’il peut avoir encore la force diriger autant des personnes comme aujourd’hui? Comprenez qu’il s’agit des stratégies. Comme le Général Che Guevara lui-même, notre Général Major, c’est toujours de la stratégie ».

Le fait est que depuis son élection, Félix Tshisekedi est décrit comme un « pantin » tant par l’opposition, emmenée par Martin Fayulu, que par des cadres même de Kabila. Ces déclarations ont peu-être fini par jouer une influence chez le président congolais qui semble visiblement décidé à prendre les choses en main.

Si sa sortie à Londres est perçue comme une déclaration pour « chauffer la salle », Félix Thisekedi a également rendez-vous avec les populations ce dimanche au grand stade de Kinshasa. Le président congolais risque d’y enfoncer le clou, pouvant plonger sa coalition dans une crise profonde.

6 comments
  1. Commenter :
    le chien qui aboie trop, ne mords pas. s’il n’est pas un pantin qu’il déclare la dissolution de l’Alliance FCC-CASH demain au stade.

  2. FCC,vous avez la nostalgie du pouvoir! Courage Felix,prend le courage du Grand Baobab(Papa Etienne qui vous a dit Le Peuple d’abord),qui a dit non au Grand Leopard je dis Mobutu Sese Seko,un lion met au monde un lion pas d’intimidation,vous portez le drapeau de la rd congo.

  3. Ceux qui comprennent ont déja compris. Le nouveau langage de Felix fait trembler le FCC. La déclaration de Londres est venue quelques heures seulement avant la date du 24 janvier; ce qui démontre que le fils de Limété n’attendait que le moment, lui qui a subit tous les coups et les humiliations de ces ennemis du peuple. 2020 est réellement une année d’actions. Shadari en est le tout premier exemple. J’ai regardé sur Youtube une video dans laquelle le pasteur Guilly informe que le ministre de portefeuille a notifié Kyungu de sa nommination!! Quelle peur! Oui, la peur a changé de camp. Autre surprise, les propos de Lambert Mende et Samy Badibanga sur la dissolution de l’assemblée nationale. Ce changement de langage témoigne que le bateau FCC est sécoué. Sauve qui peut. Bientot les départs vont s’enregistrer.

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