RDC: Une expertise britannique liste 15 recommandations qui risquent de remettre en cause l’utilisation des machines à voter

A trois mois des élections en République démocratique du Congo, une équipe d’experts britanniques a rendu ce lundi à Kinshasa ses conclusions sur les machines à voter au coeur d’une polémique entre le pouvoir et l’opposition. Partager :FacebookX

Vote-electronique Nangaa

C’était un compte rendu très attendu à Kinshasa. Des experts de la Fondation britannique Westminster  venus inspecter les machines à voter au coeur d’un bras de fer entre la Commission électorale, l’opposition et le pouvoir, ont rendu leurs conclusions ce lundi dans la capitale congolaise.

Pour ces experts qui ont passé deux mois à Kinshasa, il n’est pas possible de certifier ces machines, leur expertise s’est arrêtée aux « fonctionnalités de la machine et aux caractéristiques du matériel et du logiciel telles qu’exposées à notre attention par la CENI »

Cependant, sans dire clairement si ces machines sont viables ou non, ces experts ont toutefois listé les avantages et mais également des « recommandations » comme préalables à l’utilisation de ces machines. Parmi elles:

  1. Désactiver les communications externes (carte SIM et WiFi) jusqu’au moment où celles-ci sont nécessaires ;
  2. Recouvrir tous les ports externes (soit modifier le volet de protection soit boucher le port USB exposé);
  3. Limiter le nombre maximum de bulletins par machine à 660 pour empêcher un excès de vote;
  4. Supprimer la fonction d’impression de code QR;
  5. Veiller à ce que des bulletins de vote insérés de façon incorrecte ne produisent pas de votes manuels invalides ;
  6. Limiter les données sur l’USB au l’échelon provincial;
  7. Réviser le processus de confirmation du vote pour éliminer la fonction permettant d’enregistrer le vote lorsque l’électeur touche la photo du candidat;
  8. Élaborer et diffuser des directives procédurales claires concernant le rôle des machines à voter, en plus de protocoles concernant leur maniement, configuration et administration;
  9. Réexaminer les processus de distribution pour réduire la période de temps pendant laquelle la machine est sous la garde du personnel du bureau de vote;
  10. Inviter les représentants des partis politiques et les observateurs aux centres de distribution ;
  11. Impliquer les témoins des partis politiques et les observateurs dans les contrôles préalables ;
  12. Préparer des plans opérationnels détaillés pour remplacer le matériel et les disques externes ;
  13. Organiser des simulations pour permettre au personnel des bureaux de vote d’acquérir de l’expérience dans utilisation des machines ;
  14. Se préparer aux files d’attente et s’engager à laisser voter les électeurs encore dans la file d’attente à la clôture du scrutin ;
  15. Créer un fichier log distinct pour permettre un audit.

 

Risque de chaos

Alors qu’il reste à peine trois mois jusqu’au à la tenue de ces élections prévues le 23 décembre prochain, l’application de ces recommandations risquent fortement d’être impossible. Par ailleurs, la Commission électorale pourrait également accusé du retour sur le plan logistique.

L’opposition, l’Eglise catholique et les organisations de la société civile dénoncent les machines à voter imposées par la CENI pour les élections prévues à la fin de cette année. Le Comité Laïc de coordination, une structure catholique, affirme que ces machines risquent de plonger « inutilement » le pays dans un cycle de Violences. » « Le CLC attire l’attention des partenaires sur le fait que le manque de confiance des électeurs dans l’institution organisatrice demeure un sujet plus que préoccupant« , dit-il dans un communiqué publié le week-end dernier, et qui « exige une solution urgente« , appelant la CENI à « retirer immédiatement son projet de machine à voter. »

 

Le Groupe d’étude sur le Congo a de son côté publié une analyse sur cette machine à voter qui va dans le sens de décourager la persistance de la CENI à utiliser cet outil qui multiplie des incertitudes et des inquiétudes quant à l’issue heureuse du processus électoral.

La France et les Etats-Unis ont remis en question les projets congolais d’utiliser des machines à voter électroniques non testées et ont poussé les autorités à fournir l’aide dont elles avaient besoin à la mission de maintien de la paix de l’ONU, MONUSCO.