Martyrs de la Pentecôte: un des fils des victimes monte au créneau

Kimba (1)

Trois ministres dont Jérôme Anany (ministre de la défense), Alexandre Mahamba (ministre des affaires foncières et coutumières), Evariste Kimba (1er ministre jusqu’à 1965) et un sénateur Emmanuel Bamba furent exécutés par pendaison le 1er juin 1966 au stade Kamanyola (actuel stade des martyrs) de Kinshasa. Ces personnalités étaient accusés d’atteinte à la sûreté de l’État et surtout à la vie du maréchal Mobutu Sese Seko.

Ils avaient été pendus dans l’emplacement de l’actuel Stade des Martyrs de la Pentecôte en 1966. Le temple du football congolais porte désormais ce nom en leur mémoire. Les suppliciés  étaient quatre personnalités politiques de premier plan. Les demandes faites par le Pape Paul VI, le président américain Lindon Johnson, le roi Baudouin de Belgique, la reine Elisabeth d’Angleterre et Amnesty International sollicitant la grâce présidentielle en faveur des condamnés, au moins de commuer la peine de mort en emprisonnement à vie, n’eurent aucun effet sur Mobutu.

Âgé à l’époque de moins de deux ans, Mahamba Kassiwa Antoine [benjamin de la famille de l’ancien ministre Alexandre Mahamba], avocat au barreau de Kinshasa Gombe et de Goma compte saisir la justice congolaise en vue de réhabiliter la mémoire de ces hommes politiques, qualifiant leur exécution de violation grave contre les droits humains. Comment compte-il s’y prendre ? Jusqu’où compte-t-il aller pour obtenir réparation ? Il a répondu aux questions de Politico.cd

Vous comptez saisir la justice Congolaise afin de réhabiliter la mémoire des martyrs de la pentecôte, sur quels éléments allez-vous vous baser?
Nous comptons saisir la justice pour obtenir la révision du procès des Martyrs de la Pentecôte en nous basant sur les différents éléments versés dans la commission des assassinats et violation de droit de l’homme de la conférence nationale souveraine ainsi que les conclusions et recommandations de cette commission. Pour vôtre gouverne cette commission était allée plus loin en qualifiant ces assassinats de génocide. Donc nous allons nous baser sur les éléments de la commission des assassinats et violation de droit de l’homme de la conférence nationale souveraine.

Sur quelle base juridique vous appuyez-vous?
C’est l’ordonnance loi N° 82-017 relative à la procédure devant la cour suprême de justice du 31 mars 1982 à sa section IV art 70, 71, 72…75

Selon les informations sur ce dossier, il semble que les archives y relatives lors de la Conférence Nationale Souveraine ne sont pas accessibles à toute personne, que ferez-vous pour y avoir accès ?
Nous avons pu obtenir, en son temps, le rapport de la commission des assassinats et violations de droit de l’homme et si nous avons besoins d’éléments supplémentaires, Monseigneur Laurent Mosengo (qui avait autant contribué à la tenue de la conférence nationale souveraine) nous les fournira car c’est une personnalité très honnête et juste.

En cas de non obtention de gain de cause quelle sera la démarche que vous allez entreprendre?
Nous avons déjà gain de cause, on ne peut pas envisager cette hypothèse

C’est quoi le résultat final auquel vous comptez aboutir ?
La réhabilitation de la mémoire des illustres disparus, exhumation des restes des corps de Martyrs pour des funérailles dignes, indemnisations des familles et les restes de recommandations faites par la commission des assassinats et violation de droit de l’homme de la conférence nationale souveraine comme par exemple la condamnation des auteurs et complices de ce crime ignoble.

Foreign Office à Londres, 24 juillet 1963 de g à d : Thomas Kanza (chargé d’Affaires à Londres), Cyrille Adoula (Premier ministre), Lord Home (ministre anglais des A.E), Auguste Mabika-Kalanda (ministre des A.E) et Alexandre Mahamba (ministre des Mines).

Le feu Étienne Tshisekedi était à l’époque ministre de l’intérieur et d’autres personnalités qui peuvent être responsables de cette condamnation sont déjà décédées . Aurez-vous voulu que cette démarche aboutisse pendant qu’ils étaient encore vivants ?
Oui j’aurai bien voulu que cette démarche aboutisse pendant qu’il était encore en vie. Comme vous venez de le dire, à l’époque il était ministre de l’intérieur et avait la justice dans ses attributions et il avait fait des déclarations le jour de l’arrestation des Martyrs et comme il avait en charge les renseignements et la police nationale certes qu’il avait beaucoup à dire. Qu’à cela ne tienne l’essentiel est que la vérité éclate au grand jour. J’ai encore beaucoup à dire mais attendons le jour J pour en parler.

Êtes-vous soutenu dans cette démarche par la descendance des autres martyrs de la pentecôte ou par les juridictions pénales internationales ?
Oui nous sommes en communication et le moment venu ils se joindront à moi. Nous saisirons les juridictions internationales compétentes que si la démarche nationale echoue, ce qui est impossible à mes yeux.

Propos recueillis par Fiston Mahamba