La majorité est déterminée à faire en sorte que Shadary remporte les élections, par tous les moyens (Herman Cohen)

L’écartement de l’opposant Moïse Katumbi au dépôt de candidatures, l’invalidation de candidatures de certains opposants seront les premières stratégies de la majorité pour s’assurer que le candidat du Front Commun pour le Congo remporte la prochaine élection présidentielle.

Après une longue période de suspense, le président Joseph Kabila a décidé de ne pas briguer un troisième mandat, acceptant de quitter le pouvoir après les élections prévues le 23 décembre 2018. Dans le même temps, le président Kabila a présenté son successeur, Emmanuel Ramazani Shadary, qui sera donc le candidat de la majorité présidentielle.

 

Pour Herman Cohen, ancien diplomate américain en Afrique, la designation d’Emmanuel Ramazani Shadary par Joseph Kabila était une surprise. « Son nom ne figurait pas sur la liste de personnes favorites comme héritier de Kabila. Cependant, du point de vue de Joseph Kabila, Shadary est le choix logique. Très fidèle à Kabila depuis le début, Shadary a des liens familiaux étroits avec le président. On pense qu’il est un cousin de la mère de Kabila, Mama Sifa » écrit Herman Cohen.

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Cohen rappelle que lors de son règne au ministère de l’intérieur, Ramazani Shadary, il n’a pas hésité à recourir à la force meurtrière chaque fois qu’une opposition organisée à Kabila est apparue au Congo, y compris contre des manifestants non armés. « En effet, Shadary est actuellement sous le coup de sanctions de l’Union européenne pour des violations des droits de l’homme à cause de ces abus. Le fait que Shadary conservera la confiance de l’armée est important, car le soutien militaire a été la base du maintien du pouvoir de Kabila pendant près de deux décennies » écrit Cohen sur son blog.

« Comme Shadary n’est pas une personnalité politique connue pour son attrait populaire (sauf dans sa province natale du Maniema), un candidat de l’opposition devrait pouvoir le battre lors des élections du 23 décembre » pense Cohen faisant notamment allusuion à un récent sondage qui a révélé que Kabila suivait Moise Katumbi, Felix Tshisekedi et Jean-Pierre Bemba pour le vote. « Il a également constaté que 62% des Congolais ne font pas confiance à la CENI pour organiser des élections libres et régulières. Shadary ne sera pas en mesure de surmonter le déclin politique de son mentor lors du vote, mais la commission électorale pourrait déjà travailler pour surmonter cet obstacle et assurer sa victoire ».

L’opposition a apparemment décidé de s’entendre sur un seul candidat pour faire face à Shadary lors des élections constate l’ancien sous-secrétaire d’Etat. Les principaux candidats sont Jean-Pierre Bemba, Félix Tshisekedi, Moïse Katumbi, Vital Kamerhe, Freddy Matangulu et Noel Tshiani. « Katumbi ne peut pas être candidat car le gouvernement a refusé de lui permettre de rentrer en exil en RDC pour déposer ses papiers de candidature. Selon certaines indications, le régime de Kabila essaie de trouver un moyen de déclarer Bemba inéligible, principalement parce qu’il n’a pas résidé en RDC pendant un an avant les élections » ajoute Herman Cohen.

«En résumé, la détermination du gouvernement à faire en sorte que Ramazani Shadary remporte les élections, par tous les moyens disponibles, est déjà évidente. Nous pouvons nous attendre à des actions plus malhonnêtes dans les semaines et les mois à venir. Le public congolais, la société civile et la communauté internationale doivent être vigilants et dénoncer vigoureusement et sanctionner tout signe de manipulation par la commission électorale ou l’administration Kabila » conlut Herman Cohen.

Fiston Mahamba

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