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Les vérités de François Muamba: acte I, de Tshisekedi à Bemba

« Celui qui ne connaît pas son histoire est condamné à la répéter sans cesse », disait le socialiste allemand Karl Herinch Marx. 

Politico.cd, le premier site congolais d’actualité politique a décidé d’initier cette série spéciale dédiée à l’histoire politique de ce grand pays au cœur de l’Afrique. Loin des versions officielles, nous irons à la rencontre des acteurs politiques, voir apolitiques, qui y ont participé.

D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Qui a fait quoi… grâce à une série d’interviews et témoignages exclusifs, PoliticoHistoire va refaire l’histoire politique de la République démocratique du Congo dans le but d’offrir à chacun une lecture appropriée et mise à jour de ce passé commun et, surtout, d’appréhender l’avenir. Car, comme on le dit souvent, l’histoire est un éternel recommencement.

 

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Dans ce premier numéro, François Muamba Tshishimbi explique son parcours politique: ses liens avec Tshisekedi, Mobutu et les Kabila, sa vision pour l’avenir du Congo et ses ambitions. L’opposant congolais, président de l’Alliance pour le Développement et la République (ADR) totalise à lui seul plus de 30 ans d’histoire politique de la République démocratique du Congo. Depuis le Zaïre de Mobutu où il a été plusieurs fois Ministre et Conseiller spécial, François Muamba a été au « maquis », avant de devenir l’un des modèles congolais en matière de négociations politiques à Sun City, et ensuite diriger le premier parti d’opposition politique issu des élections de 2006. Qui est-il ? Quelle est sa part d’ombre et de lumière, Politico.cd a fait le déplacement à sa luxueuse résidence au cœur du centre-ville de Kinshasa pour répondre à toutes ses questions. Entretien Exclusif.

ACTI I. De Tshisekedi à Bemba, en passant par Mobutu et LD Kabila

Francois Muamba
12 septembre 2016. Nous sommes à la résidence d’Etienne Tshisekedi à Limete. Un homme vient de faire son entrée : veste couleur kaki, lunette de lecture, crane rasé… il s’agit bel et bien de François Muamba Tshishimbi. Cette arrivée de l’opposant des longues dates du régime de Joseph Kabila ne surprend guère ses frères de l’opposition réunis autour du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, plateforme née quelques mois plus tôt en Belgique.

Au contraire, certains du côté de la presse sourcillent un peu. Mais pourquoi ? Micros tendus, quelques minutes après, nous en saurons un peu plus. Car, s’il s’avère que l’ancien Secrétaire général du Mouvement de Libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba soit toujours en odeur de sainteté chez Tshisekedi, l’opinion publique ne lui guère pas sa navette entamée en 2011, d’un brutal divorce d’avec Bemba à un rapprochement équivoque avec Kabila, pour finalement attérir ici à Limete, à l’heure où la vague d’anciens kabilistes met cape aussi bien à grande pompe que de manière douteuse vers le Sphinx de Limete.

«Je ne suis jamais parti, j’ai toujours été aux côté d’Etienne Tshisekedi (…) il m’est même arrivé de rendre visite au vieux [Tshisekedi] alors que j’étais au Mécanisme [Coordonateur du Mécanisme de suivi des Accord-cadre d’Addis-Abeba] », se justifie-t-il.

Pour cet homme d’origine non modeste, il s’agit tout d’abord d’opérer « des bons choix ».

Ecoutez François Muamba.

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De Tshisekedi à Mobutu

mobutu
Nous sommes en 1987, le monde entier découvre le « phénomène Tshisekedi », un des rares hommes à se lever contre l’un des plus grands dictateurs que de tous les temps : Joseph Désiré Mobutu. Lorsque le leader de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) est arrêté le 17 janvier pour avoir tenté d’exprimer publiquement ses opinions politiques, contraires à la pensée unique mobutiste de l’époque, M. Muamba sera chargé de créer et diriger la représentation en France de l’UDPS, qui se transformera plus tard en Comité de soutien à Tshisekedi et aux victimes du 17 janvier. Terme donné à tous ceux qui passeront sous la vague des services de sécurité mobutistes en cette macabre date.

Curieusement, c’est à la même époque que la collaboration entre les deux hommes s’estompera. Tshisekedi est libéré quatre mois plus tard, mais décide de quitter la politique, pour «s’occuper de ses vaches dans son village». Pendant ce temps, François Muamba se rapproche du Maréchal Mobutu.

«Nous étions perdus, mais il fallait en même temps continuer la lutte sous une autre forme. Tshisekedi nous a demandé de faire notre part», explique l’ancien Ministre.

Ecoutez les explications de ce dernier sur cette période

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De Mobutu à Bemba

bembaDeux ans après, François Muamba commence la rédaction de son livre « Le Zaïre peut-il sortir de l’impasse ? ». Avant même la sortie de ce dernier, le 14 janvier 1990, lors de la traditionnelle présentation des vœux du nouvel an des corps constitués au Président de la République, Mobutu sonne « la démocratisation», affirmant que les temps ont « changé » et qu’il se préparait à lancer une vaste campagne de consultations populaires afin d’entamer de nombreux « chambardements » dans le pays.

A Paris, « les services » du Maréchal prendront contact avec François Muamba et 14 autres de ses compagnons. Ils finiront par arriver à Kinshasa en février de la même année.

Cependant, les choses ne tournent pas comme il aurait espéré. Des «rencontres nocturnes » et en « coulisses » entre des conseillers de Mobutu et plusieurs de ses compagnons ne rassurent François Muamba. Il décide alors de regagner Paris.

« Jamais ne confirait des mémorendums à l’attention d’un Président de la République par le canal d’un de ses conseillers », déclare-il amèrement.

Il sort quand même son livre quelque mois après, qui connaîtra un succès fulgurant, à la base même sa rencontre avec le Président Mobutu. Débuta alors une longue collaboration qui ne s’achèvera qu’à la chute du régime en 1997. François Muamba est nommé ministre de l’économie, de l’industrie et Artisanat dans le gouvernement dit de « combat » de Mobutu. Il sera ensuite ministre – conseiller à la présidence, chargé des relations internationales jusqu’à la chute du régime en mai 1997.

ld-kabila

Contraint de retourner en France avec l’arrivée de Mzee LD Kabila en 1997, François Muamba s’essaye aux affaires, en ouvrant un cabinet privé à Paris, spécialisé dans la vente et d’acquisition d’entreprises.

Fin-juin 1999, il est contacté pour rejoindre le régime l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération (AFDL) de Kabila, contre toute attente, il refuse de rallier le régime.

« Je me suis rendu à Kigali (…) j’y ai rencontré un émissaire du général James Kabarebe qui m’a parlé commerce et trafic.. je me suis rendu compte que cette affaire était rwandaise, et je ne pouvais pas me le permettre (…) je ne vendrais jamais mon âme et celle du Congo au diable», explique François Muamba.

A l’issue de ce périple, il rejoindra Jean-Pierre Bemba à Gbadolite, au Nord du pays alors totalement contrôlé par le Mouvement de Libération du Congo (MLC).

Ecoutez les explications de M. Muamba.

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Retrouvez demain l’Acte II : De Bemba à Tshisekedi en passant par Kabila.

6 comments
  1. Un homme très malin sachant fleurer le bon fillon. Avec Bemba, ils ont pillé l´équateur et ses habitants. Un courageux mais sans aucune vision du congo.

  2. Des gens sans reelles vonvictions pol et qui naviguent au gré des courants. Tantôt a gaiche, tantôt a droite. Elle est où votre ligne pmotique ? C’est du business politique et non de la Politique au sens noble du terme. Chacun pour sa peau est sa devise. Opportunisme calculé et avéré.

  3. Les genres de politiques rdcongolais sans principes, sans convictions; des opportunistes dans le mauvais sens, des sans-position; le modèle de la médiocrité de l’homme politique; à cause de ces genres que la descente aux enfers peut être expliquée,…

  4. What nonsense? F.Mwamba fut notre S.G au MLC mais quelle déception? Il a été accueilli avec liesse et popularité à Matadi et à Boma lors de sa tournée pour redynamiser et réarmer politiquement les militants et sympathisants du Parti (MLC) au Bas -Congo d’abord. Je me souviens même que les policiers commis à sa garde ont été enlevés et rapatriés à Kin par leur hiérarchie de la PNC. Puis, En 2009, après le décès du Président Fédéral Me Roger NYMI « Comportement », JP Bemba avait proposé son remplacement par l’Honorable Léonard FUKA UNZOLA mais hélas! C’était la descente aux enfers du MLC /Kongo Central jusqu’à nos jours puisque devenu un serpent à deux têtes. Bref, il est intelligent, malin mais pas un bon Meneur d’Hommes politiques.

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