Confirmation de l’agression Rwandaise : « Des sanctions doivent être prises sans plus tarder tant sur le plan politique, diplomatique, économique que militaire » (D. Mukwege)

Le rapport « confidentiel » des experts de l’ONU sur la confirmation de l’agression rwandaise dans l’Est de la République Démocratique du Congo, est accablant. L’ONU a, finalement, confirmé que les troupes rwandaises combattent aux côtés du M23 dans l’Est. Des photos de soldats rwandais dans un camp du M23, images de drones des colonnes de centaines de soldats, la vérité est têtue, elle finit par éclater.

Le prix Nobel congolais Denis Mukwege dit suivre ce rapport qui révèle « des preuves solides » qu’entre novembre 2021 et Juillet 2022, l’armée rwandaise (RDF) a lancé des attaques contre l’armée congolaise sur le territoire de la RDC et a apporté son soutien logistique et opérationnel aux rebelles du M23.

Pour lui, cette implication de l’armée rwandaise aux côtés du mouvement terroriste M23 est connue depuis des mois par l’armée congolaise qui, confie Mukwege, a déjà récupéré des équipements militaires et arrêté des soldats rwandais sur le territoire congolais. Il plaide pour des sanctions à tous les niveaux.

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« Le gouvernement congolais, les Nations Unies, l’Union Africaine et les partenaires bilatéraux et régionaux de la RDC doivent tirer les conséquences de ces preuves démontrant la énième guerre d’agression du Rwanda : des sanctions doivent être prises sans plus tarder, tant sur le plan politique, diplomatique, économique que militaire conformément aux Résolutions 1807 et 2293 du Conseil de Sécurité des Nations Unies qui sanctionnent, notamment, les personnes et entités qui se livrent à des actes qui compromettent la paix, la stabilité ou la sécurité de la République Démocratique du Congo », dit-il, dans une déclaration parvenue à POLITICO.CD

À en croire Mukwege, après plus d’un quart de siècle de conflits à répétition ayant entrainé des millions de morts, de femmes violées et de déplacés, la communauté des Etats ne peut plus accepter passivement que la population congolaise subisse des agressions à répétition des pays voisins commettant directement ou par procuration des atrocités de masse visant à déstabiliser l’Est de la RDC pour piller les ressources minières et naturelles dans un climat d’impunité généralisé.

« Cette grande criminalité transnationale dont le Rwanda est l’un des principaux acteurs depuis 25 ans avec la complicité de certains compatriotes corrompus doit cesser maintenant », indique-t-il.

Réformer le secteur de la sécurité

En outre, Denis Mukwege propose que le Gouvernement congolais doit urgemment réformer le secteur de la sécurité en RDC. Pour lui, il s’agit d’une « seule solution durable à la sécurisation et à la pacification du pays », car, poursuit-il, « nous ne pouvons compter éternellement sur l’assistance des Nations Unies ni poursuivre une politique d’externalisation de notre sécurité nationale par des Etats tiers. Ainsi, il faut définir rapidement une politique de défense adaptée aux défis du présent et du futur, allouer les moyens nécessaires pour mettre en œuvre la loi de programmation militaire et mobiliser une réelle volonté politique pour réformer nos forces de défense ».

Par ailleurs, estime l’homme qui répare les femmes et fondateur de l’hôpital Panzi, « nous ne pouvons continuer à accepter que certains éléments de notre armée nationale collaborent avec certaines milices qui déstabilisent notre pays ».

« Enfin, le monde ne peut continuer de fermer les yeux sur les atrocités commises en RDC depuis plus d’un quart de siècle. Il faut mettre fin au cycle infernal de la violence et de l’impunité. Il faut adopter et mettre en œuvre une stratégie nationale holistique de justice transitionnelle en RDC. A l’instar de tous les peuples, les congolais ont droit à la justice, à la vérité et à des réparations mais aussi à des garanties de non répétition des atrocités. La justice est un outil primordial pour prévenir la répétition des conflits mais est la pièce manquante du puzzle pour instaurer la paix en RDC. Il s’agit d’une condition préalable à la réconciliation et à la coexistence pacifique en RDC et dans la région des Grands Lacs africains », ajoute-t-il.

Dans la même déclaration, Mukwege souligne que les solutions existent. « Nous exhortons les dirigeants congolais et les partenaires privilégiés de la RDC comme les Nations Unies, les Etats-Unis et l’Union européenne à créer les conditions propices pour le développement d’un commerce propre et transparent des ressources dont regorge la RDC et à faire respecter les droits humains et les principes de base du droit international par tous les États dans la région des Grands Lacs africains », conclut-il.

Serge SINDANI

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