Ce qui oppose Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi

Une véritable bataille politique a lieu autour de la nouvelle Commission électorale en RDC, opposant étrangement deux alliés au pouvoir : le président Félix Tshisekedi et l’ancien gouverneur Moïse Katumbi.

En juillet 2020, après une levée de boucliers des Catholiques et Protestants, mais également celle de l’opposition, emmenée notamment par la coalition de Moïse Katumbi, le président Félix Tshisekedi décide de ne pas réserver une suite favorable à la correspondance de la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, lui demandant d’investir Ronsard Malonda comme prochain président de la CENI. Pour le chef de l’État, la demande de la Speakerine, cadre de la coalition de Joseph Kabila, n’a pas de soubassement. « Votre lettre n’est accompagnée d’aucun soubassement, notamment les procès-verbaux de désignation et d’entérinement et tous autres documents y relatifs », a écrit Tshisekedi à Mabunda, tout en constatant que le processus de désignation de Malonda « est fortement contesté en fait comme en droit par certains membres de cette composante » par certaines confessions comme l’Église catholique, l’Église du Christ au Congo et l’Église Kimbanguiste. C’est donc ainsi que la désignation de Ronsard Malonda, jugé proche de Joseph Kabila, échoue.

L’année se terminera sans que ce dossier ne soit relancé. Entre-temps, Félix Tshisekedi brise son alliance avec Joseph Kabila, pour coaliser avec Moïse Katumbi. Néanmoins, pendant que les tractations autour de la formation du nouveau gouvernement de « l’Union sacrée » s’éternisaient, une nouvelle banale sur la une des médias. Dans le sud-est du pays, le Cardinal Fridolin Ambongo, en périple pastorale dans le Haut-Katanga, rencontre Moïse Katumbi Chapwe dans le village Kashobwe, le samedi 06 février 2021.

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Officiellement, cette visite tourne autour de l’inauguration de la nouvelle chapelle Notre Dame du Congo, construite par Moise Katumbi, fervent catholique, dans son domaine familial du même village. Par la suite, le Cardinal Ambongo se rend au couvent des filles de Marie Auxiliatrice où un repas a été partagé. Pour boucler sa journée, il ira visiter le centre de santé Notre Dame de Lourde.
Toutefois, du 22 au 25 février à Kinshasa, les évêques catholiques congolais entrent en réunion, qui se termine par un communiqué offensif. Et si le sujet électoral était en veilleuse jusque-là, il fait tout à coup surface.

S’adressant à Jean-Michel Sama Lukonde, le nouveau Premier ministre, les prêtres Catholique exigent au gouvernement en formation de « tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation d’élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023, pas plus tard ». Le 1er mars, dans un message lu cette fois par leur porte-parole, l’abbé Donatien N’shole, ils ont rejetté tout « glissement » des scrutins – notamment de la présidentielle – qui doivent se tenir « dans le respect du délai constitutionnel ».

C’est donc dans ce climat que les discussions autour de la désignation du président de la CENI ont repris. Après plusieurs semaines de discussions houleuses, six confessions sur les huit adoubent Denis Kadima. Mais les Catholiques, soutenus par les Protestants, boudent ce choix, accusant cet expert électoral de 60 ans d’être soutenu par le président Félix Tshisekedi. Ce que les 6 confessions religieuses réfutent, arguant à leur tour que la charte signée entre les religieux appelait au vote en cas de non-consensus. Un vote qui place Catholiques et Protestants en minorité.

Officiellement donc, la coalition de Moïse Katumbi et les Catholiques affirment ne pas être en connexion. Néanmoins, comme les Catholiques, la formation de l’ancien gouverneur du Katanga dénonce le choix de Denis Kadima. Dans un communiqué, Ensemble pour la République de Moïse Katumbi a dénoncé « le forcing, les pratiques de débauchage et de corruption tendant à imposer au peuple congolais, par la voie d’une CENI de pacotille, un nouveau cafouillage électoral en 2023 dans le seul but de d’établir un pouvoir totalitaire et inique ».

Cependant, si la coalition de Katumbi dénonce officiellement, dans les coulisses, elle a négocié, jusqu’au-bout, des postes au sein de cette Commission, contre son soutien à la désignation de Denis Kadima. Et le désaccord affiché publiquement ne vient, non de la désignation de Kadima, mais du partage des autres postes au sein de la coalition. En effet, selon nos informations, dans des négociations menées en coulisses des proches du président Tshisekedi et ceux de Moïse Katumbi, le leader d’Ensemble pour la République a revendiqué, entant que deuxième force de la coalition, le poste du 1er vice-président de la CENI et celui du questeur. Des revendications que les proches de Tshisekedi ont rejetées. Par ailleurs, au sein même des groupes parlementaires formés par la coalition de Katumbi, des contradictions sont nées autour de ces désignation.

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