Rapport Mapping : M. Fayulu, A. Muzito, JC Katende, N. Tshiani et plusieurs autres politiques s’opposent aux propos de Paul Kagame

Dans une interview accordée à France 24 et RFI récemment, le président rwandais Paul Kagame a déclaré que « le rapport mapping est très controversé, très politisé et que Denis Mukwege devient un outil de forces invisibles et il reçoit le Prix Nobel. Donc on lui dit quoi dire, il n’y a pas eu de crimes dans l’est de la RDC ». Dès lors ces déclarations provoquent un tollé dans le chef des politiques en République démocratique du Congo, malgré qu’aucune déclaration officielle de Kinshasa n’a été faite à ce sujet.

Ce même mardi 18 mai, le président de l’ECiDé Martin Fayulu a déclaré que : « Les Congolais se font narguer du fait de l’absence d’un leadership légitime, responsable, fort et de caractère à la tête du pays. Nous n’accepterons pas les propos négationnistes de qui que ce soit sur les crimes commis en RDC. Soutien total à Denis Mukwege et au RapportMapping ».

Toujours à travers ce même canal, l’ancien premier ministre de la RDC et coordonnateur de la plateforme Lamuka, Adolphe Muzito, est revenu sur cette déclaration en stipulant que : « Aucun révisionnisme déclaratoire de l’occupant ne pourra effacer les crimes commis à Makobola, Mwenga, Kasika, Kisangani lors de la guerre de 6 jours et ailleurs à l’est de la RDC. Le rapport mapping doit être exhumé et un TPI pour la RDC constitué. Soutenons Dr Denis Mukwege ».

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Par ailleurs, l’un de candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018, Noël Tshiani a, quant à lui, indiqué que : « Les propos de Paul Kagame en niant l’existence des massacres congolais tels que relevés par le Rapport Mapping sont choquants. Ce Monsieur vend le genocide rwandais, mais crache sur les 10 millions de congolais tués du fait de ses aventures en RDC. Dégoûtant ! »

Jean-Claude Katende, président de l’ASAHDO, une organisation de la société civile s’est interrogé à travers un Tweet en ce sens : « Si une autorité congolaise fait la déclaration selon laquelle le génocide rwandais n’est pas réel, je m’imagine ce que sera la réaction de Kigali. Comment Paul Kagame peut remettre en cause le rapport mapping et nos autorités gardent le silence de cimetière ?»

À noter que Tatiana Mukanire, coordonnatrice du mouvement national de survivantes de violences sexuelles en RDC, elle-même violée lors de la prise de Bukavu par le colonel Mutebutsi, a de son côté réagit en stipulant que « j’ai senti du dégoût et une grande douleur », « C’est craché sur la mémoire de toutes les victimes et de leurs familles ».

Quid du rapport Mapping

Il s’agit en effet d’un document qui retrace des cas de massacres des populations civiles, des messages d’incitation à la haine et à la violence, des actes pillages et destruction des biens des populations. Un rapport du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur les violations des droits de l’homme et des droits internationaux commises en République Démocratique du Congo (RDC) entre 1993 et 2003. Il a été rendu public depuis 2010, mais les présumés auteurs de ces crimes ne sont pas, jusqu’à ce jour, inquiétés par la Justice. POLITICO.CD a déja exploité ce rapport à travers une série d’articles. En effet, le rapport Mapping a documenté plus de 600 crimes de guerre et crimes contre l’humanité “indescriptibles”, commis entre 1993 et 2003. Des crimes qui ont impliqué plus de 20 milices et huit armées étrangères, dont le Rwanda et l’Ouganda.

Au mois d’août 2020, le Docteur Denis Mukwege, chirurgien gynécologue et Prix Nobel de la paix, avait dénoncé faire l’objet des menaces de mort en rapport avec ses prises de position sur les crimes commis à répétition dans la partie Est du pays. Et dans une interview accordée 3 avril au journal britannique The Daily Telegraph, le Docteur a rappelé que des menaces de mort continuent de lui être adressées, notamment à cause de son plaidoyer insistant en faveur de la mise en œuvre des recommandations du rapport Mapping de l’ONU. Au sujet de ce même rapport, le Responsable de l’hôpital de Panzi n’a cessé de solliciter l’instauration d’un tribunal pénal spécial pour la RDC, qui devra juger les violations des droits de l’homme et des droits internationaux commis en RDC.

Christian Kamba

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