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Atundu à Mende : « La langue Tetela n’a subi aucune agression et n’est pas en danger de mort, bien plus, elle garde toute sa vitalité et sa place »

André Alain Atundu a répliqué aux allégations du Député national Lambert Mende suite à l’utilisation du Lingala comme langue d’enseignement au sein des établissements d’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (EPST) dans la province du Sankuru.

Pour Atundu, ancien collaborateur de Mende dans le regroupement politique Convention des Congolais Unis (CCU et alliés), cette déclaration du Député Mende qui avait estimé que l’utilisation du Lingala au Sankuru est une « agression Culture », est tout simplement une tirade tribale. Il stipule pour sa part que la langue tetela ou l’otetela n’a subi aucune agression et n’est nullement en danger de mort.

« A la fin d’une lecture tendue de cette tirade tribale, ma religion est faite et ma conviction bien établie; la langue Tetela n’a subi aucune agression et n’est pas en danger de mort. Bien plus, elle garde toute sa vitalité et sa place particulière parmi les quelques 200 dialectes recensées au Congo, aux côtés des 4 langues nationales, à savoir le Kikongo, le Kiswahili, le Lingala, le Tshiluba et le français, notre langue officielle », peut-on lire dans cet élément de réponse.

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Il soutient que, «il est excessif et insoutenable d’affirmer de façon apodictique que la distribution de quelques manuels en lingala constitue une agression culturelle contre l’Otetela et les Batetela». Pour lui, « cet appel gaullien à la mobilisation de tous les Batetela sans distinction politique ni discrimination sonne faux, forcé et n’a pas raison d’être. En somme, une déclaration de guerre sans objet», a-t-il soutenu.

Pour appuyer sa réflexion, Alain Atundu se penche sur l’usage de chansons folkloriques Tetela comme hymne mortuaires sans tenir compte de tribu des défunts ou de leurs origines ethniques.

« En effet, lorsque dans tous les matanga à Kinshasa, débarquent les groupes folkloriques Tetela entonnant vivement la chanson «oie, oie» comme un hymne mortuaire, repris en chœur par toute l’assistance, aucune tribu des défunts ne considère cette intrusion comme une agression contre leurs cultures ou leurs dialectes », a indiqué Alain Atundu.

Et d’ajouter : « Depuis la colonisation belge jusqu’au jour de la déclaration de ce notable sankurois, l’apprentissage et l’usage de la langue française au Sankuru n’a pas tué l’Otetela, tout comme la prédominance du lingala en musique n’a tué aucune de nos dialectes au point que, oh ironie du sort, un des monuments et un des immortels de la rumba congolaise se trouve être un Tetela en la personne de Jules-Presley WEMBADIO dit Papa Wemba qui, dans une chanson célèbre a vulgarisé et immortalisé l’adage «OTETELA KEEMA FUMBE » (l’Otetela ne peut être réduit en esclavage), faisant danser toutes les tribus et les locuteurs de toutes les dialectes sans que ce fait ne soit perçu comme un asservissement de leurs langues et de leurs peuples à la langue et à la tribu Tetela; ni une agression culturelle du Tetela contre leurs langues», a-t-il fait savoir.

Alain Atundu rappelle que le tetela n’est pas la seule langue parlée au Sankuru . « Et puis, est-ce le Tetela est la seule langue parlée au Sankuru ? Qui a intérêt à attiser les dissensions tribales sur base de l’utilisation d’une langue ?», s’est il interrogé.

Il rappelle que la Banque Mondiale a envoyé à la RDC des manuels édités dans les 4 langues nationales à savoir kikongo, kiswahili, lingala et tshiluba, distribués aux 4 coins de la République, selon les zones linguistiques.

« Mais, d’après une source du ministère de l’EPST, s’agissant du cas particulier du Sankuru, une évaluation contextuelle d’expert a déterminé les autorités de l’EPST à envoyer les livres en lingala plutôt qu’en tshiluba, étant donné la proximité et l’attraction existentielle avec Tshuapa et l’Equateur en général », renseigne-t-il.

D’après André Alain Atundu, aussi notable de cette province, Il s’agit d’une décision administrative, que l’on peut contester s’il y a lieu, mais pas d’une décision d’euthanasie contre la langue tetela. « La perte de leur influence ou leur prédominance n’a pas déclenché une guerre linguistique. Non, je ne crois pas à la disparition de tetela à cause de quelques manuels en lingala, alors que plus d’un siècle d’enseignement du français n’a pas anéanti I’Otetela ni les autres langues, comme, l’Akutsu parlées au Sankuru», souligne Atundu.

Et de poursuivre: « Cependant, cette diatribe aux accents homériques, ce jihad sans cause ni objet doit retenir notre attention à cause du risque de dérapage ou même de menace compte tenu de l’intensité des références guerrières pleines d’allusion comminatoire.
Si les responsables du Sankuru n’expliquent à l’opinion la vraie mesure ou la portée réelle de cette situation, alors il ne serait pas étonnant qu’un beau matin des extrémistes de tous bords ne déclenchent une chasse aux lingalophone ».

André Alain Atundu stipule que l’Otetela est une langue vernaculaire comme les dialectes qui foisonnent dans le pays et qui cohabitent harmonieusement.

« Aucun notable digne de ce nom, aucun patriote qui a la passion du Congo en partage, ne peut accepter ni tolérer une interprétation aussi tendancieuse d’une bénigne disposition administrative. Même les références constitutionnelles n’étayent pas cette prétention d’autodéfense linguistique parce qu’il y est dit que les 4 langues nationales doivent coexister avec les dialectes. Vaine rationalisation d’une attitude irrationnelle.
Après l’Est, il serait irresponsable, voire criminel de créer une autre zone de guerre au Sankuru ».

Atundu craint que le déclenchement de cette de guerre linguistique soit une manœuvre de diversion pour récupérer un prétendu leadership du Sankuru et des Otetela injustement perdu à l’occasion d’une élection démocratique.

Il appelle les ressortissants du Sankuru, particulièrement les notables, à l’utilisation des années restantes du mandat du Président Tshisekedi pour créer la cohésion nationale pour le plus grand bien de la démocratie, de la gouvernance et des populations congolaises.

Dans une conférence de presse tenue 15 février, Lambert Mende a alerté l’opinion sur le fait que la banque mondiale sponsorise l’imposition de l’apprentissage du Lingala dans la province ”tetelaphone du Sankuru » sans consulter ni associer les populations bénéficiaires dans la conception et la mise en ceuvre de ce programme qui, à l’en croire, menace la survie socioculturelle des populations de cette partie de la RDC.

Carmel NDEO

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