Au FCC, Néhémie Mwilanya sur un siège éjectable après la débâcle à l’Assemblée nationale

341 ! C’est le nombre de sièges que possédait la coalition de Joseph Kabila à l’Assemblée nationale, à l’issue des législatives chaotiques de 2018. Le Front Commun pour le Congo (FCC) qui avait perdu spectaculairement la Présidentielle, s’était étrangement taillé la part du lion, y compris dans les deux chambres du Parlement congolais ; avec notamment 98 sièges sur les 109 que compte le Sénat. La boucle étant bloquée, Néhémie Mwilanya, Coordonnateur de la coalition depuis sa fondation, pouvait souffler. D’autant plus qu’il n’a pas perdu cette Présidentielle impossible à gagner, et où Shadary, le dauphin, s’y serait noyé tout seul.

Mais l’impossible n’est pas congolais. En tout cas pas Tshisekediste. La nuit du 10 décembre 2020, Félix Tshisekedi, qui avait annoncé son divorce d’avec Joseph Kabila, a réussi à défenestrer le Bureau de l’Assemblée nationale, avec la tête de sa présidente Jeanine Mabunda, exposée comme un trophée de chasse. L’acte est encore plus insolent que pour y arriver, la nouvelle coalition de circonstance, l’Union Sacrée, a obtenu 281 vote contre l’élue du PPRD, parti de Joseph Kabila.

« Pour le peuple congolais tout entier, c’est un jour de libération. Parce qu’avec la chute de la présidente de l’Assemblée nationale, c’est la majorité FCC qui vient d’être renversée, et de belle manière. Avec 281 voix, il y a un écart de 83 voix, c’est un écart énorme. Pour nous, c’est un sentiment de fierté pour tout le travail abattu », a réagi Christian Mwando, député de la coalition de Moïse Katumbi, qui a joint ses forces au Président Félix Tshisekedi.

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Le FCC secoué par la défaite

Le lendemain, si beaucoup voyaient l’échafaud arriver, au FCC, c’est la gueule de bois. L’onde de choc a secoué tout le sanctuaire Kabiliste. « Je lance un appel à tous les cadres et militants du FCC : perdre une bataille n’est pas une fatalité mais une opportunité pour repartir autrement », appelle le député Félix Kabange, haut cadre de la coalition. Comme lui, beaucoup autour de Kabila estiment alors qu’il serait temps que la coalition se ressaisisse. « Il y a eu des mauvais résultats depuis les élections. Mais nous avons fait comme si rien n’était. Surtout de la part des principaux animateurs de notre coalition. Il n’ont pas suivi les signaux qui étaient pourtant clairs », estime un cadre qui a requis l’anonymat à POLITICO.CD. « Comment expliquez-vous que des animateurs qui ont perdu les élections aient conservé leurs postes jusqu’aujourd’hui et continuent de nous diriger ? », interroge-t-il.

D’autres parlent ouvertement sur les réseaux sociaux. Le coupable est pointé du doigt : Néhémie Mwilanya. « Depuis Goma, j’ai suivi la déchéance du bureau de l’AN. Il nous faut, nous FCC, en tirer les enseignements et les conséquences, en commençant par la démission du Coordonnateur », a tweeté Yves Kisombe, ancien vice-ministre et cadre du PPRD. Comme lui, d’autres de moindre calibres ont fait la même chose.

Mwilanya, qui a été filmé en longues discussions avec Jean-Marc Kabund, le président intérimaire de l’UDPS, parti du Président Tshisekedi, ne s’est pas encore exprimé publiquement face à ces appels à la démission. Son entourage non plus, n’a pas souhaité réagir. Mais une chose est sûre, qu’elle qu’en soit la réalité au FCC, les derniers événements n’ont pas été bons pour les Kabilistes. En tournée à Kolwezi, dans le sud-est du pays, Joseph Kabila devrait en profiter pour opérer rapidement des changements. D’autant plus qu’en face, la fameuse Union Sacrée continue de se former.

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