En RDC, l’UDPS est sous le feu des critiques

Une foule surexcitée, un orateur au milieu qui harangue. Nous sommes au fameux « Parlement débout », devant le siège de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) à Limete, au centre de Kinshasa. C’est un lieu de mobilisation plus ou moins informel, où des partisans du mythique parti d’opposition, devenu parti présidentiel depuis l’élections de Félix Tshisekedi, tiennent leurs meetings. Ils passent en revue la situation du parti et discutent de tout. Des pratiques qui remontent des années 1990, à l’apogée du parti fondé par Etienne Tshisekedi, qui luttait alors contre la dictature de Mobutu.

Si ces discussions sont restées longtemps tolérées, elles posent néanmoins un problème aujourd’hui, alors que l’UDPS est désormais au pouvoir. Il faut dire que ces militants ne vont pas dans le dos de la cuillère.  Il y a plusieurs semaines, dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir ces « militants » de l’UDPS affirmer qu’il n’y aura pas d’élections en 2023 comme le prévoit la loi. Mais les propos les plus graves ont été diffusés dans une vidéo en début du week-end.  « Le premier jour de la reprise des activités à l’Assemblée nationale, c’est le 15 septembre. Tous nous serons là-bas », lance un homme habillé en costume noir, entouré par la foule habituelle. L’homme tient par la suite toute une série d’insultes et propos dénigrants à l’endroit de Jeanine Mabunda, la présidente de l’Assemblée nationale.

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D’autres estiment que Félix Tshisekedi devrait demeurer au pouvoir « jusqu’au retour de Jésus ». D’autres encore, tiennent des émissions vidéo diffusées sur internet et qui n’hésitent pas à appeler le président Félix Tshisekedi à nommer que « des lubas », notamment au sein de la Maison Civile, insultant au passage Mme Mabunda, dans des termes graves.   Des propos qui ont provoqué un tollé général au pays. Le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) en République démocratique du Congo est monté au créneau pour dénoncer ces messages. « Le BCNUDH condamne la diffusion de messages haineux à travers les réseaux sociaux par des acteurs politiques ainsi que par de simples citoyens sans affiliation politique ou communautaire connue. Les conditions d’exercice du droit à la liberté d’expression se fondent sur la poursuite de la paix et respect de la dignité humaine ».

Le BCNUDH invite ainsi les autorités à prendre des mesures appropriées pour prévenir et sanctionner les auteurs. « Les partis politiques et la société civile doivent se dissocier clairement de ces discours inflammatoires nuisibles à la paix, la démocratie et aux droits de l’homme ».

« Nous condamnons avec force les propos nauséabonds tenus lors d’un rassemblement de l’UDPS à l’endroit de Mme Jeanine Mabunda et exigeons des actions disciplinaires et pénales contre leurs auteurs. Les + responsables + de ce parti doivent les condamner sans ambiguïté », dénonce de son côté le mouvement citoyen Lutte pour le Changement (LUCHA).

Mais la LUCHA va plus loin, d’autant plus qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé au sein de l’UDPS. « Finalement, l’UDPS a-t-il un autre projet de société que la violence, la rumeur, l’insulte facile, la haine tribale et la démagogie ? A-t-il encore un règlement, et des leaders capables d’y faire régner l’ordre et la discipline? Il est plus que temps que la Loi sévisse ! » s’est-elle exclamée.

Il y a plusieurs semaines, à Kasumbalesa, des militants se revendiquant de l’UDPS, ont pris le contrôle d’un poste-frontalier parallèle pendant plusieurs jours, avant d’être délogés par l’Armée. A Lubumbashi, plusieurs militants de l’UDPS ont été filmés, en train de hisser le drapeau de leur parti sur des édifices publics, en lieu et place du drapeau du pays.

Le parti s’en dédouane. Selon des dirigeants de l’UDPS, il ne s’agit aucunement de prises de parole officielle et donc,  n’engageant guère le parti. « Je ne crois pas que ce Mr parle au nom du parti. Je ne vois aucune autorité de l’UDPS soutenir ce genre de bavures. Il s’agit des militants incontrôlés dont les propos diffamatoires sont malheureusement propagés par les adversaires de l’UDPS. Bon dimanche! », affirme Flory Mapamboli, qui dirige la « Force Grise », un courant de jeunes de l’UDPS.

Comme lui, Ted Beleshayi, Secretaire Exécutif National (SG) de la Ligue des jeunes de l’UDPS, demande à ce qu’on lui donne l’adresse et le nom de l’individu pour qu’il soit sanctionné. « Si vous me donnez le nom complet, l’adresse, l’organe où il milite ça m’aiderait si non je condamne fermement ces propos désobligeants et injurieux contre une autorité de notre pays ». « Il y a bien une volonté de détruire la marque UDPS, sous la supervision de la haute hiérarchie un travail de fond est en train d’être fait pour répondre à cette adversité », ajoute-t-il.

Mais autour du Chef de l’Etat congolais, cette situation est réprimée. « Comme cela a été fait de manière tout à fait EXEMPLAIRE dans les affaires Kingabwa et Kasumbalesa, j’appelle à une réaction sans équivoque face aux injures publiques et gratuites proférées contre une personnalité politique. Restons dans le combat politique, sans dérapage inutile », a dit Nicolas Kazadi, Ambassadeur itinérant de Félix Tshisekedi, dans un tweet.

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