En RDC, la télévision publique RTNC sous censure présidentielle

Plusieurs sources indiquent que la Radio Télévision Nationale Congolaise est désormais soumise à une censure par l’Agence nationale de Renseignements (ANR). Selon nos sources, aucun « élément » ne peut passer dans la télévision publique sans l’aval de la Présidence congolaise, que l’ANR se charge d’obtenir. « Tous les éléments qui ne viennent pas de la Présidence ou des institutions dirigées par les proches du Président de la République doivent recevoir un go préalable de la direction, mais également de la Présidence », explique un cadre de ce média public, joint par POLITICO.CD.

Plusieurs cas illustrent cette situation. Nos sources à la RTNC affirment que des messages d’appel à la mobilisation pour les marches émanant des partis du Front Commun pour le Congo (FCC) et même de ceux de l’opposition ont été rejetés. Un journaliste de POLITICO.CD, se faisant passer pour un cadre de la coalition de l’opposant Moïse Katumbi, a également vu le service commercial de la RTNC rejeter une demande de diffusion d’un spot vidéo de mobilisation de la marche à Kinshasa.

Dans la même logique, des sources concordantes au cabinet du Premier ministre Sylvestre Ilunkamba confirment à POLITICO.CD que deux communiqués de la Primature ont été censurés.Il s’agit du communiqué annonçant le désaccord du Premier ministre autour des ordonnances du président Félix Tshisekedi portant nominations au sein de l’armée et de l’appareil judiciaire, ainsi que de celui dénonçant la convocation de l’ancien ministre de la Justice, Célestin Tunda, à la Cour de cassation.

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Des conseillers du Premier ministre rapportent, par ailleurs, d’autres censures des agents de la Primature au niveau du journal télévisé de la RDC.

Un recul des droits de l’homme et des médias depuis le début de l’année 2020

Joint par POLITICO.CD, un dirigeant de la RTNC a refusé de répondre à ces allégations. Cette mesure intervient dans un contexte où l’ONG Human Rights Watch s’inquiète de la reprise de la répression qui touche les opposants, les manifestants et les médias en RDC depuis le début de 2020, alors qu’en matière de droits de l’homme, de réelles avancées avaient été observées pendant la première année de mandat du président Tshisekedi. « Ces avancées semblent rapidement se dissiper », confie Thomas Fessy, chercheur principal pour la RDC chez Human Rights Watch.

Dans son rapport publié le mercredi 22 juillet 2020, Human Rights Watch relève une « restriction croissante » des droits de l’homme en RDC. Cette organisation de défense des droits de l’homme note que les autorités congolaises ont réprimé des détracteurs pacifiques, des journalistes et des membres de partis politiques, tout en utilisant les mesures de l’état d’urgence sanitaire mises en place en raison de la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour limiter les manifestations politiques.

Des dizaines de personnes ayant critiqué les politiques du gouvernement, y compris sur les réseaux sociaux, ont fait l’objet d’intimidations et de menaces, de passages à tabac, d’arrestations et, dans certains cas, de poursuites judiciaires. « Depuis janvier, Human Rights Watch a documenté au moins 39 cas de menaces et de harcèlement liés à la liberté d’expression et à la liberté de la presse dans la moitié des 26 provinces du pays », note l’organisation qui affirme que des 19 journalistes ayant fait l’objet de harcèlement, 8 ont été arrêtés.

La télévision publique a souvent été épinglée en République démocratique du Congo comme acquise au pouvoir en place. À l’époque du président Joseph Kabila, des opposants, dont l’actuel président Félix Tshisekedi, dénonçaient la censure du média public. Cependant, depuis son arrivée au pouvoir, ce média public n’a pas changé de façon de couvrir l’information. On peut y voir des vidéos du président congolais, aux allures de campagne, tout le long des journées et même avant le début de chaque journal télévisé.

6 comments
  1. Des mensonges pareils devraient couvrir de honte leurs auteurs! Jamais, depuis plus de 50 ans, les Congolais: politiciens, journalistes, activistes, société civile, etc…jamais les Congolais n’avaient jamais joui d1 liberté aussi totale dans tous les domaines! HRW, allez plutôt documenter les crimes racistes institutionnalisés, commis sur les noirs en Amérique et en Europe par la police, au lieu de venir inventer vos mensonges honteux sur le Congo. Tshisekedi est un président qui aime ses compatriotes de tous bords sans aucune discrimination! Allez plutôt trouver les rebelles qui tuent les Congolais avec l’aide de votre ONU dans les provinces du Congo.

  2. La République du Kasai est en marche où le président est un monarque qui ne peut être contredit par ses collaborateurs. Le Congo replonge dans une dictature.

  3. Mais ça fait plus d’un an et demi que beaucoup de gens disent que Tshisekedi est un président protocolaire; il ne prend aucune décision et il laisse tout le monde faire n’importe quoi. Les ordonnances de la Gécamines et les chemins de fer boudées; le présidents du Sénat, la présidente de la chambre basse, le premier ministre, tous prennent un langage irrespectueux à son égard. Et effectivement, rien de sérieux ne fonctionnait dans le pays. Un pays comme le nôtre ne peut pas se payer le luxe de laisser les gens vivre dans une liberté excessive. En effet, il faut, avant tout, que les Congolais prennent conscience de leur responsabilité envers la nation. Droits et Obligations vont de paire. Tout le monde considère Tshisekedi comme le seul responsable magicien du développement du pays. Même les responsables du FCC qui gèrent presque toutes les institutions critiquent le président en parlant du social, du prix du pain… C’est ridicule. Le président nous avait demandé de ne pas l’obliger à devenir dictateur. Mais évidemment les congolais, politiciens ou non, sont des gens irresponsables. Il était grand temps que le président use d’un peu plus de rigueur. Ça n’a rien d’aussi épouvantable que ce que nous avons vu dans ce pays les derniers 50 ans et plus. Avoir un oeil sur la télévision nationale, ça se fait partout dans le monde! Il n’y a aucune exception. Dissuader les manifestants chaotiques, ça se fait partout dans le monde! D’ailleurs Tshisekedi est de loin plus pacifique que ce que nous avons observé aux États-Unis. Le FCC et Lamuka ont marché sans incident. Donc arrêtons de vouloir une chose et son contraire. Nous voulons que le président arrête d’être un pantin, alors ça prend un peu de rigueur, sinon rien ne fonctionnera.

  4. Nous ne souhaitons aucun recul en matière des droits humains, mais marquer d’un ou demi pas chaque jour pour la démocratie et le développement la RDC. Sans fausse alarme, nous savoir quel opposants ont été réprimés en RDC?

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