RDC: Afriland First Bank et Dan Gertler, face à la méthode William Bourdon

Une énième enquête sur les scandales financiers en terre congolaise ne laisse jamais perplexe. Le pays étant déjà habitué à des graves révélations autour des détournements présumés des deniers publics. Mais celle-ci coince à la gorge des Congolais. Au moment où le nouveau président Félix Tshisekedi a regardé son directeur de cabinet Vital Kamerhe tomber dans les filets d’une justice qui se réveille enfin, nous voilà devant une situation où le même Chef de l’Etat laisserait l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, l’ami très attaqué de Joseph Kabila, facilement se faufiler entre les sanctions américaines qui pèsent contre lui. Une thèse qui ne passe pas en République démocratique du Congo.

Ainsi, Global Witness et le PPLAAF, une plateforme d’alerte dirigée par un certain William Bourdon, ont envahi internet et les médias internationaux à forte résonnance africaine, dans une série des publications à charge. Tant pis si, dans ce rapport détaillé, tout est au conditionnel. « Notre enquête avec la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) suggère que Gertler aurait réussi à se soustraire aux sanctions américaines et continuerait à opérer librement dans le secteur minier de la RDC. Les liens étroits qui l’unissent à certains individus puissants et influents, en RDC, lui ont peut-être permis de continuer à faire des affaires, tout comme son apparente utilisation d’un réseau international de blanchiment d’argent », écrit noir sur blanc l’organisation Global Witness.

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Dan Gertler ne pourrait trouver des défenseurs en RDC, un pays gangrené par la corruption et où ce proche de l’ancien président Joseph Kabila a fait fortune. Mais derrière ces nouvelles accusations, des questions se posent, alors qu’une vive contre-campagne est organisée tant par la banque congolaise Afriland First Bank CD, que par des proches de Dan Gertler. Dans une des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, un homme est épinglé. Il s’agit donc de William Bourdon.

Mais qui est William Bourdon ? Il est connu depuis des années sur la scène internationale et souvent de manière sulfureuse. D’abord dans le monde arabe comme un proche de l’ancien dictateur Mouhamar Kadhafi. En 2005, il a défendu, Motassim Bilal « Hannibal » Kadhafi, le fils du colonel Mouammar Kadhafi, condamné le 23 mai 2005 par la 10e chambre du Tribunal correctionnel de Paris à quatre mois d’emprisonnement avec sursis pour violences conjugales. Mais l’homme a surtout tissé sa toile en Afrique, il s’est fait spécialiste des poursuites des présumés biens mal acquis.

Un livre lui est même spécialement dédié : « LE CRÉPUSCULE D’UN SHERPA ; LES AFFAIRES AFRICAINES DE WILLIAM BOURDON », écrit par Gaston Kelman. Ainsi, il est révélé qu’en 2013, l’association Sherpa pond un rapport incendiaire sur la Mauritanie. Il se trouve – pur hasard ! On peut s’interroger – que la même année, son président, l’avocat parisien William Bourdon a été choisi par Mohamed Ould Bouamatou, un richissime homme d’affaires mauritanien aux méthodes très controversé, soupçonné de trafics en tout genre, pour le défendre dans une affaire qui l’oppose au fisc de son pays. En 2017, un nouveau rapport est publié par Sherpa : « La corruption en Mauritanie, un gigantesque système d’évaporation. » Seulement, à la même période, tous les indicateurs sont favorables à ce pays autant dans sa gestion économique que sociale et pour sa lutte contre le terrorisme. Comment expliquer cette contradiction entre la vision de Sherpa et celle de tous les autres observateurs ?

Outre la Mauritanie, il se fait remarquer dans une autre affaire en 2017 ! Le mercenaire anglais Simon Mann, impliqué dans une tentative de coup d’Etat en 2004 contre le président équato-guinéen Teodoro Obiang, a révélé, en plein procès à Paris, que le financier américain Georges Soros et l’avocat William Bourdon ont chercher à renverser le régime à travers  un coup d’Etat.

C’est dans cette ambiance que l’homme atterrit finalement en RDC. En 2018, il se signale, à la tête de son organisation le PPLAAF, avec les Banana Port Papers, une enquête à charge contre les négociations entre le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) et l’exploitant portuaire Dubaï Port World (DPW) concernant la construction à Banana du plus grand port en eau profonde de RDC. « L’ensemble des négociations serait entaché de faits de corruption autour d’un projet qui doit s’élever à plus d’un milliard de dollars américains », explique-t-il, comme souvent, au conditionnel.  Deux ans après, il est enregistré dans un audio diffusé sur les réseaux sociaux, où on l’entend cherchant à dissimuler de l’argent provenant… des émiratis !

https://twitter.com/LitsaniChoukran/status/1278661220271349761

Et dans ce rapport explosif contre Dan Gertler, William Bourdon est rattrapé par des révélations accablantes autour de ses méthodes d’enquête. Dans un communiqué envoyé à POLITICO.CD ce samedi 04 juillet 2020, la banque congolaise Afriland First Bank CD informe l’opinion publique en générale et sa clientèle en particulier, qu’une plainte a été déposée le 1er juillet 2020 auprès de Monsieur le Procureur de la République près le Tribunal judiciaire de Paris à l’encontre des Associations Global WITNESS et PPLAAF pour des faits de:  Vol,  Abus de confiance, Chantage, Corruption privée, Dénonciation calomnieuse, Recel, Violation du secret bancaire,  Faux et usage de faux, Circonstances aggravantes de la bande organisée.

En effet, Afriland First Bank CD dit être  victime depuis le mois de mars 2020 de harcèlement de la part de ces deux organisations qui l’ont « menacé très explicitement de publier des faits parfaitement diffamatoires et ont tenté d’obtenir d’elle des informations confidentielles et protégées par le secret bancaire »

« La banque a pu constater et obtenir un certain nombre de documents laissant à penser que des fichiers lui appartenant avaient été volés par d’anciens salariés. Au regard des affirmations écrites péremptoires et mensongères de ces deux associations à destination de Afriland First Bank CD et d’autres personnes visées par leurs manœuvres, la Banque a pu constater la manipulation desdits fichiers dans la mesure où les affirmations de Global Witness et PPLAAF se trouvent contredites par des éléments de preuves irréfutables, communiqués au Procureur de la République près le Tribunal judiciaire de Paris », fait remarquer ce communiqué.

Afriland First Bank CD note en effet cette « contradiction » observée dans ce rapport, où ces deux ONG affirment ne pas pouvoir prouver de façon irréfutable leurs accusations, qui ne sont pas du reste, une infraction criminelle. « Par sa plainte, Afriland First Bank CD entend par conséquent qu’une enquête judiciaire soit menée, avec toutes les garanties de transparence et d’équilibre dans la recherche de la preuve, et que de telles pratiques, si elles s’en trouvent confirmées, puissent être sévèrement réprimées », explique la banque.

1 comments
  1. Qui ne connait le comportement de DanGelter? la souffrance de notre peuple fait son bonheur. Cette personne est innocent? il ne faut pas encourager le mal. Nos mines sont bradés avec la complicité de Kabila. Un jour tout ceci va s’arreter.

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