RDC: Des voix s’élèvent aux Etats-Unis pour l’élection d’un président de la CENI « indépendant et crédible »

« La réforme électorale et la lutte contre la corruption sont le fondement de la transformation démocratique dans une RDC post-Kabila. Je suis heureux de voir que l’élan commence sur les deux fronts. Choisir un président de la CENI indépendant et crédible est le prochain test crucial pour la réforme du pays« , affirme le président de la Commission des Affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis, Jamais E. Risch. Avant lui, c’est l’Ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa, Mike Hammer qui s’était entretenu avec le Cardinal Fridolin Ambongo autour de la question. Les catholiques et les protestants se sont opposés à la désignation de Ronsard Malonda, actuel Secrétaire exécutif national de la CENI, pour succéder à Corneille Nangaa. Cet avocat est soutenu par les autres confessions religieuses, mais également par le camp de l’ancien président Joseph Kabila.

« Excellente discussion avec @TataCardinal Ambongo sur la nécessité de sensibilisation autour de la #COVID19, la situation inquiétante à l’est du pays et de l’importance de renforcer la démocratie, particulièrement avec un président indépendant et sans reproche de la CENI« , avait tweeté Mike Hammer à l’issue de cette rencontre avec le cardinal Ambongo.

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Les Etats-Unis ont farouchement soutenu le processus démocratique qui a abouti à la toute première alternance à la tête de la République démocratique du Congo, ainsi qu’au départ de Joseph Kabila, qui a dirigé le pays pendant 18 ans. La société civile, ainsi que l’opposition ont farouchement fustigé les résultats de ces élections chaotiques, qui ont étrangement abouti à l’élection d’une majorité absolue pour le camp de Kabila aux législatives. L’ancien président contrôle par ailleurs les deux chambres du Parlement congolais actuellement.

Les catholiques et les protestants s’opposent à la continuité

Les États-Unis ont sanctionné cinq responsables de la CENI en février 2019 pour corruption, enrichissement personnel et sape du processus démocratique. Dans un communiqué diffusé, vendredi 22 février 2019, le secrétariat d’Etat a annoncé leur interdiction du territoire américain. Au premier rang de ces personnalités sanctionnées figure Corneille Nangaa, président de la Commission électorale congolaise, ainsi que son vice-président, Norbert Basengezi et l’un de ses conseillers.

Sanctionné également par Washington, Aubin Minaku, à l’époque président de l’Assemblée nationale de RDC et enfin Benoît Lwamba Bindu, le président de la Cour constitutionnelle. Tous, ainsi que leurs familles, sont désormais interdites d’entrer sur le territoire américain. « Ces individus, écrit le département d’Etat américain, vendredi, se sont enrichis personnellement par la corruption ou en supervisant des violences contre des personnes exerçant leur liberté d’expression et leur droit à se rassembler pacifiquement ».

Selon nos informations, sous la houlette de la coalition de Joseph Kabila, des propositions sont en cours pour désigner de nouveaux acteurs de la CENI, issus de la même équipe qui a organisé les dernières élections en RDC. L’avocat Ronsard Malonda Ngimbi, actuel Secrétaire Exécutif National de la CENI, est cité parmi les favoris du FCC pour succéder à Corneille Nangaa. À titre de rappel, l’actuel président de la CENI était « Secrétaire exécutif », avant de succéder à l’abbé Apollinaire Malumalu à la tête de la commission.

Le président Félix Tshisekedi, ancien opposant, ne s’est pas encore exprimé autour de la question de la désignation du futur président de la CENI, dont la procédure a étrangement été initiée par la Présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda, membre éminente de la coalition de Joseph Kabila. Au cours d’une interview exclusive accordée à Politico.cd le dimanche 14 juin 2020, l’abbé Donatien Nshole, Secrétaire général de la CENCO a également fustigé une manigance du camp de Kabila autour de cette désignation du nouveau président de la CENI.

L’opposition et la société civile aussi

La principale force de l’Opposition, la coalition Lamuka avec ses principaux chefs : Jean-Pierre Bemba, Moïse Katumbi, Adolphe Muzito et Martin Fayulu sont sortis de leur confinement. Dans une déclaration parvenue à Politico.cd le vendredi 12 juin, la coalition Lamuka dit avoir appris avec “consternation” les manœuvres orchestrées lors des réunions tenues les 8 et 9 juin par les chefs des confessions religieuses pour la désignation du nouveau président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI).

Cette plateforme politique a invité les confessions religieuses à ne pas céder à la corruption mais à demeurer fermes dans le choix du président de cette institution d’appui à la démocratie. « Nous saluons la position de fermeté de certains hommes de Dieu et les encourageons à privilégier d’abord la réforme de la CENI et d’autres réformes institutionnelles. Nous restons convaincus que les hommes de Dieu prêcheront par l’exemple et n’accepteront pas, de ce fait, que l’argent de la bonté et de la corruption, susceptible de ternir leur image et de compromettre l’avenir de la nation, particulièrement le bien-être de la population”, rapporte cette déclaration.

Pour Lamuka, ceux qui ont pris part active à l’organisation des précédents scrutins ne doivent pas faire partie de la prochaine équipe de la CENI. “Nous sommes mobilisés pour que le choix des représentants du peuple, à tous les niveaux, sorte effectivement des urnes et reflète la volonté du peuple…Les personnes ayant pris une part active à l’organisation des élections passées doivent d’office être écartées, car ayant contribué aux fraudes massives que nous déplorons”, indique Lamuka dans sa déclaration.

De son côté, la société civile conteste également le vote des structures religieuses, soutenant les églises catholiques et protestantes. « En ce moment précis, le bureau sortant de la Commission Électorale Nationale Indépendante est en train d’organiser des réunions avec certaines organisations de la société civile prétendument relevant de la thématique élection pour procéder à son remplacement« , révèle Christophe Ngoy, coordonnateur général de la société civile de la RDC.

Intervenant sur TOP CONGO FM, ce défenseur des droits de l’homme affirme que cela se passe « au moment où au niveau du Parlement, le bureau qui va programmer l’audition du rapport de la CENI est en train de passer à la vitesse supérieure. » Il estime que « ce travail devrait se faire comme d’habitude au niveau du ministère de l’Intérieur qui convoque toutes les structures en présence et qui supervise. Ce n’est qu’après qu’il enverrait les conclusions auprès du bureau de l’Assemblée nationale qui, à son tour, vas les traiter et faire le rapport au Chef de l’État afin de publier éventuellement l’ordonnance.«

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